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PARTIE 1 : LA TRILOGIE |
Dossier
de Fabien Rousseau |
Chaque sortie de la saga dans les différents formats représente toujours une occasion d'analyser ce mythe des temps modernes en le décortiquant pour mieux comprendre ses mécanismes et ses influences. Ces aventures interplanétaires ayant bercé l'enfance et abreuvé l'imagination, continuent d'enthousiasmer de nouvelles générations qui découvrent un spectacle s'ouvrant sur la fanfare de la Fox, l'introduction façon conte de fées et le prélude défilant pour s'estomper dans le vide interstellaire. Référence incontournable dans le domaine de la science-fiction, l'épopée s'est parfaitement intégrée à la culture populaire notamment avec la Force qui rappelle le droit chemin s'opposant au Côté Obscur qui ne cesse de vouloir séduire. Tel est le pouvoir de la magie Star Wars ! |
LE REGARD VERS LES ETOILES |
Né le 14 mai 1944 à Modesto en Californie, George Walton Lucas Jr. grandit en dévorant des comics tout en ambitionnant de devenir pilote de courses automobiles professionnel. Son rêve prend fin en 1962 lorsqu'il est victime d'un grave accident de voiture auquel il survit miraculeusement. Il décide de ne plus reprendre le volant et de se consacrer aux études en anthropologie et sociologie. Grâce au soutien du directeur photo Haskell Wexler rencontré sur un circuit automobile, il intègre l'Université de Californie du Sud, section cinéma et obtient un diplôme d'arts en 1966. Le jeune étudiant se passionne pour la photographie et fait ses premiers pas en tant que monteur. Il réalise ensuite neuf court-métrages dont le dystopique THX 1138 4EB (Electronic Labyrinth) en 1967 qui remporte un prix au National Student Film Festival de New York en 1968 au cours duquel il a un premier contact avec un certain Steven Spielberg. Lauréat d'un concours, il se retrouve stagiaire sur le tournage de La Vallée du bonheur (1968), une comédie musicale mise en scène par Francis Ford Coppola avec qui il se lie d'amitié et s'associe pour fonder la société American Zoetrope. En 1971, Lucas persuade la Warner Bros de produire THX 1138, un film d'anticipation expérimental qui est remonté par le studio. Le long métrage gagne la faveur des critiques mais pas celle du public. Après cette mauvaise expérience, il créé Lucasfilm, sa société de production à San Rafael qui finance American Graffiti (1973), une chronique nostalgique sur la jeunesse américaine des années 50. L'œuvre connaît un beau succès commercial et marque la première collaboration avec le producteur Gary Kurtz. Lucas coopère de nouveau avec Coppola pour travailler sur le script transposant Au cœur des ténèbres, le roman de Joseph Conrad durant le conflit au Vietnam. Il se voit proposer la réalisation du film mais refuse, préférant se consacrer à un autre projet ancré dans l'imaginaire et surtout plus lumineux par rapport au contexte morose de l'époque. |
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Afin de trouver le financement nécessaire pour faire aboutir son projet, Lucas le soumet d'abord aux studios Universal et United Artists qui affichent clairement leur scepticisme. Il engage l'illustrateur Ralph McQuarrie (concepteur graphique chez Boeing) qui l'aide à concrétiser ses visions sur le papier et montre ses peintures à Alan Ladd Jr., président et directeur créatif de la 20th Century Fox qui est séduit par le concept innovateur. Alan Ladd Jr. qui produira également deux autres œuvres majeures de la science-fiction réalisées par Ridley Scott : Alien et Blade Runner. Un accord est signé avec Lucas qui renonce à son salaire mais touchera 40% sur les recettes en plus d'être détenteur des droits sur les produits dérivés et sur les suites. Quant au budget du film, il est d'abord estimé à 3 millions de dollars en 1973. |
Concernant la distribution, quelques noms sont évoqués : Nick Nolte, Christopher Walken ou Burt Reynolds pour Han Solo, Jodie Foster ou Sissy Spacek pour Leia Organa et Toshiro Mifune pour Ben Kenobi. Lucas est accompagné par Harrison Ford (apparu dans American Graffiti) qui donne la réplique aux postulants sans avoir toutefois l'espoir d'obtenir un rôle. Les auditions durent plusieurs mois avec le passage de nombreux candidats. Kurt Russell et Terri Nunn semblent être en bonne voie pour incarner Han et Leia mais Lucas décide finalement d'engager Mark Hamill pour Luke Starkiller, Harrison Ford pour Han Solo et Carrie Fisher pour Leia Organa. Pour les effets spéciaux, Lucas pense les confier à Douglas Trumbull (responsable sur 2001 : l'odyssée de l'espace et plus tard, Star Trek le film) qui n'est pas disponible mais celui-ci l'oriente vers son assistant John Dykstra. En 1975, Lucas fonde Industrial Light & Magic dirigé par Dykstra qui rassemble des techniciens, maquettistes et dessinateurs comme Ken Ralston, Richard Edlund, Dennis Muren, Joe Johnston, Phil Tippett, Steve Gawley et Lorne Peterson dans un entrepôt à Van Nuys en Californie. |
UN TRAVAIL DE LONGUE HALEINE |
En plus d'être lecteur de bandes dessinées, George Lucas a été nourri aux serials des années 30 comme Flash Gordon (Guy l'éclair) avec l'athlétique Buster Crabbe qui jouait aussi Buck Rogers à la même époque. Le réalisateur souhaite adapter les exploits du héros imaginé par Alex Raymond mais il apprend que les droits ont été récupérés par le cinéaste Alain Resnais. En 1980, le producteur Dino de Laurentiis produira un nanar interplanétaire signé Mike Hodges et rythmé par la musique du groupe Queen. Lucas décide donc de créer son propre monde : une épopée interstellaire s'inspirant entre autres des légendaires chevaliers de la table ronde en quête du Graal et de la mythologie grecque baignant dans un univers anachronique où se côtoient technologie futuriste, mysticisme et valeurs chevaleresques. Il se met à étudier l'ouvrage référentiel de Joseph Campbell, Les héros sont éternels (1949) décrivant les différentes étapes de l'évolution du héros classique. Il puise également son inspiration dans le triptyque Le Seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien puis dans la série littéraire John Carter sur Mars d'Edgar Rice Burroughs, le créateur de Tarzan. |
Début 1973, Lucas rédige Journal of the Whills, un court synopsis qui relate l'histoire de Mace Windy, un éminent maître Jedi Bendu de la planète Opuchi, racontée par son padawan C.J. Thorpe. La première ébauche de 14 pages intitulée The Star Wars voit le jour en mai 1973 et pose les jalons de l'histoire : l'action prend place au 33ème siècle où le général Luke Skywalker, un vétéran Jedi escorte une princesse qui doit atteindre la planète Opuchi. En chemin, le général prend deux bureaucrates impériaux en otages et accepte l'aide de jeunes garçons débrouillards. Le groupe se rend dans le port de Gordon sur Aquilae et trouve un passeur mais dans la cité flottante d'Alderaan, l'Empereur envoie ses troupes qui font dévier leur expédition vers Yavin où des humanoïdes velus vivent dans les arbres. Les fugitifs et les autochtones décident de s'allier pour faire barrage à l'invasion impériale. L'intrigue reprend en partie celle de La Forteresse cachée d'Akira Kurosawa alors que la scène de la Cantina revisite la séquence du saloon de La Prisonnière du désert de John Ford. |
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En 1974, l'auteur peaufine son script qui se situe maintenant dans un lointain passé en développant le contexte politique et l'arrière-plan mythologique avec l'apparition de Kane Starkiller (à moitié cyborg) et de ses fils Annikin et Deak qui vivent sur la planète Utapau. Kane demande au général Skywalker de prendre Annikin sous son aile. Ce dernier accompagne la princesse Leia et ses frères jumeaux originaires d'Aquilae, un monde convoité par l'Empire pour sa technologie du clonage. Le groupe est accompagné par les droïdes C-3PO (ressemblant à la Maria/Futura du Metropolis de Fritz Lang) et R2-D2 pour rencontrer le passeur Han Solo, un Urellien s'apparentant à une créature verte sans nez et dotée de branchies. L'empereur Cos Dashit a pour serviteurs, le général Vader (sans casque) et le prince Valorum, un Sith portant un masque respiratoire. Les habitants de Yavin sont appelés les Wookies et leur chef Chewbacca, personnage inspiré par Indiana, la chienne de Lucas. La bataille de l'Etoile noire est également intégrée. Des modifications sont apportées la même année et portent principalement sur le changement de nom des protagonistes et des planètes : la famille Starkiller (Kane, Annikin et Deak) devient la famille Valor (Akira, Justin et Bink), Leia en Zara, les Jawas et Boma pour les Wookies et Chewbacca, l'Empire se change en Nouveau royaume galactique et les chevaliers Dai Nogas ont les légions de Lettow pour adversaires. |
Aucun changement n'est pourtant retenu pour la mouture suivante de 1975, Adventures of Starkiller - Episode I: The Star Wars qui propose un scénario plus élaboré avec le parcours initiatique du jeune fermier Luke Starkiller. Lucas envisage même de faire de Luke, un personnage féminin vu la présence très réduite de Leia dont le rôle incombe à Deak Starkiller, le frère aîné de Luke. Prisonnier de Vader, Deak est incité par un hologramme de Luke, à retrouver le cristal de Kiber réputé pour amplifier la Force. Un artefact qui sera bien utile lors de l'ultime confrontation avec la forteresse spatiale. Dans cette occurrence, Han Solo a l'apparence de Kane Starkiller et il est armé d’un sabre-laser. Kane Starkiller, le général Vader et le prince Valorum fusionnent pour devenir Darth Vader (père en néerlandais) qui tire ses pouvoirs du Bogan (Côté obscur) et dont l'accoutrement est influencé par une peinture de Ralph McQuarrie. La guerre des Clones est également mentionnée pour la première fois. Dans l'une des dernières versions de 1976, le général Skywalker est recyclé pour créer le sage Obi-Wan Kenobi qui connaît un destin moins funeste tandis que Han Solo est désormais un humanoïde de la planète Corellia. Fort d'un matériau qu'il pense pouvoir étendre, Lucas ambitionne de mettre en chantier trois trilogies. |
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Si Lucas était parvenu à rendre hommage au héros culte de sa jeunesse, la mythique saga n'aurait sans doute jamais vu le jour. L'odyssée Star Wars représente le symbole de l'éternel combat entre le bien et le mal avec une dimension à la fois épique et spirituelle mais non dénué d'une certaine imagerie manichéenne. Les Rebelles semblables aux pilotes et soldats de la seconde guerre mondiale, se battent contre l'Empire galactique qui dans sa hiérarchie, est comparable aux légions de la Rome Antique ou au régime nazi. Dans la trilogie, les chevaliers Jedi sont relégués en arrière-plan au profit des figures de la Rébellion mais ils restent des personnages fascinants et mystérieux. Leur philosophie prône des valeurs de justice, de loyauté et de sagesse privilégiant la réflexion à l'action. Ils arborent un style et une tenue rappelant les samouraïs à l'instar de leur nom qui se rapproche d'ailleurs du terme Jidai-Geki désignant tout ce qui est relatif à la culture du Japon féodal. Pour se protéger ou se défendre, ces êtres vertueux manient aussi bien le sabre-laser que des pouvoirs psychiques comme la télékinésie, la télépathie, la lévitation et le pouvoir de suggestion, sans oublier leur don prémonitoire. Ils doivent préserver la paix et sont constamment confrontés aux guerriers Sith (ou Jedi noirs), serviteurs du Côté obscur de la Force se nourrissant de sentiments négatifs comme la peur, la tristesse, la haine ou la colère pour étendre leur suprématie dans la galaxie. Star Wars demeure avant tout une anthologie de nombreuses légendes antiques et médiévales avec parfois quelques emprunts bibliques. La trilogie se pose en conte de fées moderne avec son lot de chevaliers, de sorciers, de magiciens et de princesse en péril. Ainsi, les grandes icônes de la légende Arthurienne peuvent être associés à l'univers de Lucas : Luke et Arthur, Han et Lancelot, Leia et Guenièvre, Obi-Wan et Merlin, Darth Vader et Mordred, Excalibur et le sabre-laser ou la Force avec le Graal. |
UN INITIATEUR DU "BLOCKBUSTER" |
En plus de l'équipe ILM, George Lucas recrute des professionnels qui ont déjà une solide expérience dans le milieu. John Barry occupe le poste de chef décorateur, John Tear celui de superviseur des effets spéciaux (en créant notamment R2-D2 et les sabres-laser) tandis que John Mollo conçoit l'ensemble des costumes. Deux techniciens ayant travaillé sur 2001 sont également à l'ouvrage : Colin Cantwell pour les maquettes des X-Wings et des chasseurs Tie ainsi que Stuart Freeborn, sculpteur sur le masque de Chewbacca. Pour la partie conceptuelle, les dessinateurs dont Joe Johnston s'inspirent des peintures de Ralph McQuarrie afin d'illustrer les nombreux storyboards. Seul le premier modèle du Faucon millénaire pose problème à Lucas qui trouve d'énormes ressemblances avec l'Aigle de la série Cosmos 1999 et suggère à Johnston de le redessiner en se basant sur la forme d'un hamburger. La maquette originale sera recyclée en vaisseau diplomatique de la princesse Leia. |
Le tournage se déroule de mars à juillet 1976. Les reliefs rocheux et désertiques de la Tunisie sont choisis pour les prises de vue des différents sites de Tatooine, principalement dans la ville d'Ajim pour Mos Eisley ainsi que le village de Matmata pour la ferme des Lars. Les conditions climatiques sont désastreuses où tempêtes de sable et pluies torrentielles ravagent les plateaux et le matériel. La chaleur écrasante vient ensuite s'ajouter aux premiers problèmes techniques qui apparaissent. Le tournage prend un retard conséquent en plus d'être éprouvant et Lucas se présente sur le plateau des studios d'Elstree en Angleterre où sont construits le hangar du Faucon de Mos Eisley, les intérieurs de Tatooine, de l'Etoile noire et des vaisseaux. Les studios Shepperton accueillent les décors de Yavin 4 comme le hangar des X-Wings, la salle de contrôle et la cérémonie finale. Les plans extérieurs de la base rebelle dont le temple Massassi sont filmés à Tikal au Guatemala et à Cardington en Angleterre. Les scènes de Tatooine sont complétées par quelques prises de vue dans La Vallée de la Mort en Californie. Le nom trop guerrier de Luke Starkiller s'efface bientôt au profit d'un patronyme plus poétique, Luke Skywalker. |
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Les tensions subsistent entre George Lucas et ses assistants mais la situation s'aggrave lorsque le réalisateur visionne le premier montage désastreux et la séquence de la Cantina qu'il juge catastrophique. De plus, il constate que sa société ILM a fourni très peu de plans avec effets spéciaux même si John Dykstra a conçu un système révolutionnaire de caméra informatisé (motion control) qu'il a baptisé Dykstraflex. Le film étant prévu pour Noël 1976, les dirigeants de la Fox commencent à s'impatienter mais Lucas a encore le soutien d'Alan Ladd Jr. qui croit en lui. Bien que la santé du réalisateur montre de graves signes de faiblesse, ses équipes et lui redoublent d'efforts pendant les six mois suivants afin de mener à terme toute la postproduction. Le producteur Gary Kurtz apporte même sa contribution en tant que réalisateur de seconde équipe. Lucas obtient une rallonge pour le budget qui passe de 8 à 11 millions et la sortie se voit repousser jusqu'à l'été 1977. Il souhaite une voix plus grave et imposante que celle de David Prowse qui endosse l'armure de Dark Vador et envisage de recruter Orson Welles pour le doublage avant de se tourner vers un acteur moins connu, James Earl Jones qui incarnera plus tard le vilain Thulsa Doom dans Conan le Barbare. |
Le maquilleur Rick Baker est engagé pour enrichir la faune locale de la Cantina. Ben Burtt est recruté pour développer les différents bruitages du film tandis que Larry Lucas programme la simulation informatique de l'Etoile noire. Lucas décide aussi de rendre hommage au serial Flash Gordon auquel il emprunte le concept du résumé en début d'épisode et la technique de la transition par volet. Son ami Brian DePalma lui propose de réécrire le texte défilant trop long selon lui et diminue de moitié les paragraphes.
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Pour l'illustration musicale, Lucas pense d'abord puiser dans le répertoire classique alors que la tendance est aux sonorités électroniques ou expérimentales dans le cinéma de science-fiction. Mais son ami Steven Spielberg lui recommande de rencontrer le compositeur John Williams qui vient de remporter un Oscar pour la musique des Dents de la mer. Les deux artistes échangent leurs points de vue sur la démarche à adopter. Lucas lui indique qu'il souhaite une structure proche de l'Anneau de Nibelung, l'opéra en quatre parties de Richard Wagner en attribuant un thème à chaque personnage ou élément et qui rappelle le principe du leitmotiv. L'enregistrement se déroule dans le studio Denham en Angleterre où le compositeur dirige l'orchestre philarmonique de Londres. Il élabore une riche thématique constituée de fanfares et de symphonies variées notamment des partitions épiques et rythmées pour les séquences de combat tout en évoquant les influences de musiciens tels que Gustav Holst et Erich Wolfgang Korngold. |
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Le 25 mai 1977, le film est projeté dans une trentaine de salles dont la plupart sont pleines la première semaine. Davantage de cinémas diffusent le long métrage qui multiplie les entrées de mois en mois. Le succès est inespéré pour Lucas qui s'était retiré à Hawaï, pensant que son entreprise serait un véritable échec. Il est en compagnie de son ami Steven Spielberg lorsqu'il apprend le triomphe au box-office et pense déjà à la suite. Les deux comparses aspirent également à lancer un autre héros de serial qui partirait sur les traces d'un trésor mythique. La même année, la console Atari 2600 allait révolutionner le domaine du jeu vidéo. |
LA TRILOGIE FONDATRICE |
Le premier volet de la trilogie est récompensé par sept Oscars (bande son, musique, décors, costumes, effets sonores et visuels) et nominé dans les catégories film, réalisateur, scénario et second rôle masculin pour Sir Alec Guinness. Sur le petit et grand écran, le long métrage lance la mode du space opera dans laquelle s'engouffre une déferlante plus ou moins opportuniste d'ersatz inaugurés par le film Starcrash et les séries Galactica, Buck Rogers ou San Ku Kaï. |
Grâce à l'argent récolté par les recettes et les produits dérivés, George Lucas décide de s'affranchir de la Fox - qui conserve son rôle de distributeur - pour financer le second volet dont le budget est estimé à 18 millions. Il ne souhaite pas assurer la réalisation et la propose d'abord à John Badham puis Alan Parker avant de se tourner vers son ancien professeur d'université devenu cinéaste, Irvin Kershner. Scénariste pour Howard Hawks et romancière, Leigh Brackett (épouse d'Edmond Hamilton, le père de Captain Future alias Capitaine Flam) est embauchée et livre un premier jet en février 1978. Dans cette version, Han et Leia (cachant son identité sous le pseudonyme Ethania Eredith) arrivent dans la Cité des nuages sur Hoth où ils sont accueillis par le baron Lando Kandar qui s'avère être un clone de la famille Ashandi. Celui-ci est accompagné par Bahiri, un grand guerrier aux cheveux blancs, chef du clan White Bird. Sur une planète marécageuse nommée Bog, le sage Yoda est d'abord baptisé Buffy puis Minch et ressemble à une grenouille bleue. Luke est contacté par son vrai père qui lui apprend l'existence de sa sœur Nellith. Dans cette mouture, Luke, Leia et Vador n'ont aucun lien de parenté. Une scène montre Vador quittant son château perché (entouré de lave sur un concept art) sur une montagne enneigée où vivent des gargouilles en guise d'animaux de compagnie. Il atterrit dans la Cité impériale de Ton Muund pour s'entretenir avec l'Empereur. L'histoire se termine sur Besspin Kaalieda où Han part à la recherche de son beau-père Ovan Marekal, un influent politicien. La scénariste décède malheureusement un mois plus tard et Lucas s'adjoint alors les services de Lawrence Kasdan pour remanier le script. En parallèle, ce dernier développe un scénario basé sur une histoire de Philip Kaufman où un baroudeur chasse des reliques à travers le monde. |
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Le tournage s'étale entre mars et octobre 1979. L'équipe est confrontée au climat rude du village de Finse et du glacier Hardangerjokulen en Norvège, choisis pour les extérieurs de Hoth. Le retard s'amplifie lorsqu'un incendie se déclare dans les studios Elstree en Angleterre qui accueillent le site de la Base Echo (incluant le hangar du Faucon), les marais de Dagobah, les couloirs de la Cité des nuages et le poste de pilotage des vaisseaux. Chez ILM qui s'est installé à San Rafael, John Dykstra est remplacé par Richard Edlund qui a la lourde tâche de superviser l'ensemble des effets spéciaux comprenant les mouvements du quadripode impérial en stop motion (animation image par image). Pour Yoda, un singe dressé portant masque et costume est envisagé mais devant les difficultés, l'équipe opte pour une marionnette dont la conception revient au technicien Stuart Freeborn. Ce dernier s'inspire de son propre visage et de celui d'Albert Einstein pour donner corps au personnage de Yoda qui est animée et doublée par Frank Oz, formé à l'école de Jim Henson, le créateur des Muppets. Le budget atteint presque les 30 millions et Lucas se retrouve dans l'obligation de demander une rallonge à la banque qui lui accorde grâce au soutien de la Fox. Le film sort le 21 mai 1980 et bat une nouvelle fois tous les records d'entrées. Il remporte également deux Oscars pour le son et les effets visuels. En avril 1981, l'épisode 4 ressort en intégrant le numéro et le titre au début du résumé défilant qui était uniquement précédé par un logo Star Wars lors de sa sortie initiale. |
Pour le troisième et ultime volet, George Lucas s'associe de nouveau avec Lawrence Kasdan pour l'écriture du script qui débute durant l'été 1980 et porte le titre Revenge of the Jedi. Dans l'une des ébauches, Vador emmène Luke au cœur de la capitale impériale de Had Abaddon où père et fils croisent le sabre-laser dans la salle du trône de l'Empereur qui est situé dans un environnement volcanique. Obi-Wan et Yoda se matérialisent alors pour protéger Luke des assauts de Palpatine. Vador meurt en se précipitant avec son maître dans le magma. Deux Etoiles noires en construction sont en orbite autour de Kashyyyk, la terre des Wookies. Lors de l'explosion de l'une d'elles, le Faucon est détruit avec Lando aux commandes. Après la victoire des rebelles, Leia doit accepter ses nouvelles responsabilités de régente et Luke part à la recherche de sa vraie sœur qui n'est pas Leia. D'autres suggestions ne sont pas retenues comme l'idée de Kasdan qui souhaite voir Luke devenir le nouveau Vador ou celle d'Harrison Ford qui veut que son personnage se sacrifie dans la bataille finale pour sauver ses amis. Pour la réalisation, Lucas négocie avec son ami Steven Spielberg puis David Lynch qui préfère adapter le roman Dune. Il embauche alors un réalisateur mineur, Richard Marquand. Celui-ci propose les noms de Laurence Olivier et John Gielgud pour incarner Vador sans son casque qui devra avoir un visage horriblement déformé mais Lucas préfère engager un inconnu, Sebastian Shaw. Le rôle de l'Empereur est d'abord attribué à Alan Webb qui tombe malade, laissant la place vacante à Ian McDiarmid. Le titre Return of the Jedi est définitivement validé pour mieux correspondre à la philosophie d'un Jedi qui ne cherche pas à se venger. |
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En janvier 1982, les prises de vue débutent dans les studios Elstree en Angleterre où sont construits les intérieurs du palais et de la barge de Jabba, les décors de l'Etoile de la mort et du bunker impérial, le cockpit des vaisseaux, l'environnement de Dagobah et le village des Ewoks. La barge de Jabba est montée à Yuma en Arizona puis déplacée dans les dunes de Buttercup Valley en Californie pour la séquence du Sarlaac. Afin d'éviter l'intrusion des fans sur le plateau, l'équipe fait croire au tournage d'un petit film d'horreur appelé Blue Harvest: Horror beyond imagination. Les plans de la forêt d'Endor sont filmés dans trois parcs nationaux de la Californie. Conçue par Stuart Freeborn d'après un concept de Phil Tippett, la marionnette de l'immonde Jabba au physique de grosse limace, nécessite cinq techniciens cachés à l'intérieur pour contrôler tous ses mouvements. Un autre procédé discrètement utilisé dans les précédents opus est optimisé pour éviter d'avoir recours à des maquettes pour les plans larges : les peintures sur verre (matte painting) réalisées par Ralph McQuarrie, Harrison Ellenshaw et d'autres artistes qui servent également pour les décors de fond. Le tournage s'achève en mai 1982 sans le moindre dépassement de budget évalué à 32 millions. Le 25 mai 1983, l'épisode 6 connaît encore un triomphe dans les salles et lance le format sonore THX, sous licence Lucasfilm. Les effets visuels sont de nouveau récompensés par un Oscar. |
LA GUERRE DES ETOILES / UN NOUVEL ESPOIR (1977) |
Rescapés de l'attaque d'un destroyer impérial dans l'orbite de Tatooine, les droïdes Z-6PO (Anthony Daniels) et R2-D2 (Kenny Baker) se retrouvent dans la ferme des Lars que le jeune fermier Luke Skywalker (Mark Hamill) espère quitter pour aller combattre l'Empire. L'aventure se précipite quand il rencontre Ben Kenobi (Sir Alec Guinness), un ancien Jedi devenu un ermite appelé à l'aide pour secourir la vaillante et audacieuse princesse Leia Organa (Carrie Fisher). Luke, Ben et les droïdes se rendent à Mos Eisley pour engager Han Solo (Harrison Ford) et son fidèle compagnon (Chewbacca), pilotes du Faucon Millenium. En route pour Alderaan, Ben initie Luke à la Force puis le vaisseau est attiré dans l'enceinte de l'Etoile noire, une forteresse volante dirigée par le Grand Moff Tarkin (Peter Cushing) et son bras droit, Dark Vador (David Prowse), le seigneur noir des Sith. Le groupe réussit à délivrer Leia, retenue prisonnière pour l'escorter jusqu'à la base rebelle de Yavin où se livre la confrontation finale avec la flotte des X-Wings dont fait partie Luke qui parvient à faire sauter l'Etoile noire, donnant ainsi leur première victoire aux rebelles. |
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L'épisode 4 constitue une excellente entrée en la matière pour faire connaissance avec une galerie de personnages charismatiques qui emportent immédiatement l'adhésion du spectateur. Outre les scènes d'action menées avec un certain dynamisme, les petites querelles entre le fermier, le pistolero et la princesse amènent quelques savoureuses répliques. Le trio de jeunes acteurs héroïques est soutenu par de solides comédiens tels que Sir Alec Guiness incarnant un guide spirituel doublé d'un père de substitution et Peter Cushing, figure légendaire de la Hammer dans le rôle du supérieur de l'âme damnée de l'Empire, Dark Vador qui apparaît en retrait pour ses débuts. La séquence la plus mémorable reste toutefois la bataille spatiale de l'Etoile noire notamment la poursuite dans les tranchées qui fait preuve d'une impressionnante virtuosité technique. L'intensité des images est renforcée par le génie de John Williams qui démontre que la musique demeure une composante fondamentale dans la narration dont l'illustration parfaite se manifeste dans le thème de la Force. A noter que la version française de cet épisode se permet quelques traductions fantaisistes comme le copilote Chiktabba (ou Chico), le Millenium Condor ou le seigneur Tarkan. |
Grâce à son univers enchanteur et ses fantaisies visuelles, George Lucas parvient à raviver la part d'émerveillement qui sommeille en chaque spectateur. Sa fresque interstellaire a donné ses lettres de noblesse au registre du space opera tout en apportant un souffle novateur au cinéma de science-fiction. |
L'EMPIRE CONTRE-ATTAQUE (1980) |
Trois ans après la destruction de l'Etoile Noire, les rebelles se sont réfugiés sur la planète de glace Hoth mais la puissante armada de Dark Vador les retrouve et les contraint à se séparer après l'affrontement avec les blindés impériaux. Luke se rend sur Dagobah pour y suivre l'enseignement du maître Jedi Yoda (Frank Oz) tandis que Han, Leia, Chewbacca et les droïdes Z-6PO et R2-D2 vont tenter d'échapper aux poursuivants impériaux et traverser l'espace jusqu'à la cité flottante de Bespin administrée par Lando Calrissian (Billy Dee Williams), un ancien ami de Han qui trahit ses invités mais se ravise devant la cruauté de Vador. Ce dernier tend un piège à Luke qui perd une main durant le duel mais réussit à s'échapper avec Leia, Chewbacca, Lando et les droïdes. Figé dans la carbonite, Han est emmené par l'énigmatique chasseur de primes Boba Fett (Jeremy Bulloch) pour être livré à Jabba le Hutt. |
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L'épisode 5 présente un scénario plus sombre, plus riche en péripéties et développe le contexte mystique. Les personnages ont acquis une certaine maturité et les liens fraternels se sont renforcés notamment chez Luke et Han même si ils se sont épris de la même femme. Après s'être arraché des griffes du Wampa dont l'aspect se rapproche du Yéti, Luke apparaît de nouveau comme le sauveur de la Rébellion lors de la bataille dans les neiges où il utilise la ruse pour stopper les imposants quadripodes impériaux. Cette scène-clé revêt une dimension homérique et constitue un bel hommage à l'œuvre de Ray Harryhausen et ses monstres mythiques. Le jeune Jedi doit suivre sa voie grâce au surprenant Yoda, symbolisant le bouddhisme et lui enseignant que seul l'esprit compte. L'une des épreuves mettra Luke face à ses plus profondes craintes incarnées dans son propre reflet. Quant à Dark Vador, il prend de l'ampleur en devenant l'adversaire principal car une partition musicale lui est maintenant dédiée : la majestueuse marche impériale. Ce nouveau statut ne fait qu'amplifier la dramaturgie du coup de théâtre final semblable à une tragédie grecque et la terrible révélation que le pire ennemi de Luke est son propre père. L'autre fil narratif se dévoile dans la romance entre Han et Leia qui se dessine subtilement lors de la périlleuse traversée des astéroïdes avant de trouver une sorte de confirmation dans un dialogue de la salle de cryogénisation. Outre Yoda, deux autres protagonistes entrent en scène : Lando Calrissian, le contrebandier devenu administrateur de la Cité des nuages qui évoque la Cité des hommes oiseaux de Flash Gordon et Boba Fett portant un casque en forme de heaume. Ce dernier étant apparu en version cartoon dans le téléfilm Au temps de la Guerre des Etoiles. |
Ce second volet s'inscrit parmi les suites les plus réussies grâce à la vision du metteur en scène, au montage savant des séquences et à une histoire bien plus aboutie qui le place définitivement comme le meilleur épisode de la saga. |
LE RETOUR DU JEDI (1983) |
Luke, Leia, Chewbacca et Lando se rendent sur Tatooine pour tirer Han des griffes de l'infâme Jabba. La négociation échoue et ils sont faits prisonniers mais Luke parvient à reprendre l'avantage et délivrer ses amis. Après cet exploit, le groupe est envoyé en mission sur Endor où ils doivent désactiver le champ de force de l'Etoile de la mort en orbite autour de la planète. Dans la forêt, Han, Leia et les rebelles découvrent les Ewoks qui décident de les aider. La bataille s'engage entre la flotte menée par l'Amiral Ackbar (Tim Rose) dont fait partie le Faucon piloté par Lando et les vaisseaux impériaux. Luke accompagne Vador de son plein gré dans la salle du trône de l'Empereur (Ian McDarmid). Il réussit à vaincre Vador lors du duel mais refuse de se soumettre à l'Empereur qui le fait souffrir. Le rayon désactivé, le Faucon entre pour détruire le réacteur pendant que Luke est étonné de voir son père se retourner contre son maître. Anakin Skywalker meurt dans les bras de son fils. Luke rejoint ensuite ses amis pour fêter avec les rebelles et les Ewoks cette victoire décisive sur l'Empire. |
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L'épisode 6 conclut l'épopée en résolvant toutes les questions en suspens. Luke a maintenant l'assurance d'un Jedi et maîtrise la Force. Le blanc des débuts a laissé place à un costume noir. Sa confrontation avec le Rancor, tel David contre Goliath, est l'illustration de la supériorité de l'esprit sur la brutalité incarnée. Il apprend à Leia qu'elle est sa sœur jumelle et doit passer l'épreuve du feu pour mériter le titre de chevalier. Mais au lieu de chercher l'affrontement, Luke perçoit une faille en Vador et tente de le ramener vers la lumière en dépit de l'influence néfaste de l'Empereur assimilé à une entité maléfique identifiée par de lancinants chœurs empreints de solennité. Vador trouve pourtant la rédemption grâce à la compassion de son fils qu'il sauve d'une mort certaine. Le dernier dialogue entre Luke et son père Anakin reste le moment le plus émouvant. Le titre du film prend tout son sens pour les Skywalker puisque Luke est le précurseur d’une nouvelle lignée de Jedi. Un autre personnage connaît aussi une évolution : Han, le cynique contrebandier est devenu le courageux meneur qui apporte souvent la touche d'humour bienvenue même dans les situations critiques. Sa relation sentimentale avec Leia se concrétise enfin quand il découvre le lien familial avec Luke. |
Ce troisième volet ne manque pas de rythme en alignant d'impressionnants morceaux de bravoure notamment dans les séquences montées en parallèle. Le scénario peine toutefois à proposer du neuf en recyclant certains éléments de l'épisode 4 comme par exemple, l'Etoile noire et tombe dans l'infantilisme dès que les Ewoks apparaissent à l'écran et créent une incohérence dans le rapport des forces. Cet ultime chapitre demeure un divertissement de qualité mais se révèle le plus faible de la trilogie. |
LA TRILOGIE MODIFIEE (1997/2004/2011) |
George Lucas n'a jamais caché son sentiment d'avoir laissé ses films inachevés et souhaite organiser une ressortie sur grand écran pour le vingtième anniversaire. Malheureusement, il constate que les négatifs originaux sont fortement abîmés et embauche une trentaine de personnes pour nettoyer l'ensemble des pellicules. Auréolé de son succès pour la série Les Aventures du jeune Indiana Jones (1992-1994), le producteur Rick McCallum s'implique en suivant les différentes aspects du processus qui nécessite un budget de 10 millions et trois années pour la restauration de l'image, le remixage des effets sonores et de la bande son. Chez ILM, les ajouts numériques sont supervisés par le vétéran Dennis Muren et John Knoll. Sortie en 1997, l'Edition Spéciale présente des changements mineurs qui sont sans intérêt pour l'histoire. De nombreux détails visuels sont glissés dans les décors et les arrière-plans de Mos Eisley ou de la Cité des nuages. Certains effets spéciaux sont améliorés et quelques dialogues sont modifiés. L'édition propose peu de scènes inédites ou réintégrées et ce sera le cas pour les éditions suivantes de 2004 en dvd et de 2011 en blu-ray. |
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Le premier changement intervient dans l'épisode 4 avec la séquence de négociation entre Han et Jabba qui était joué par l'acteur Declan Mulholland en 1976. Ce dernier devait être ensuite remplacé par une créature animée en stop motion mais la scène a été abandonnée pour des raisons budgétaires. Un Jabba virtuel assez médiocre est inséré en 1997 puis il est modernisé en reprenant le modèle aperçu dans l'épisode 1 pour l'édition dvd. Boba Fett est également incrusté avec un technicien d'ILM portant le costume. Dans l'épisode 5, Vador s'entretient avec l'hologramme de l'Empereur. A l'origine, l'acteur Clive Revill prêtait sa voix au personnage physiquement incarné par Elaine Baker (épouse du maquilleur Rick Baker) qui portait un masque avec des yeux de chimpanzé en surimpression. Pour l'édition dvd, Ian McDarmid a rejoué la scène avec quelques variations dans le dialogue. Dans l'épisode 6, le numéro musical chez Jabba est complètement refait puis la célébration finale sur Endor prend de l'ampleur avec les plans de la Cité des nuages, Tatooine et de la capitale impériale de Coruscant. La chanson des Ewoks est remplacée par un thème de John Williams. Pour faire un raccord avec la prélogie, le palais de Naboo est intégré de même que Hayden Christensen qui prend la place de Sebastian Shaw aux côtés des fantômes d'Obi-Wan et de Yoda dans l'édition dvd. |
LIEUX DE TOURNAGE |
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