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JODOROWSKY'S DUNE (2013) |
Pour
son premier long métrage, le documentariste Frank Pavich invite
le spectateur dans un voyage à travers le temps et l'espace.
En 1974, le cinéaste franco-chilien Alejandro Jodorowsky obtient
un beau succès critique avec des œuvres psychédéliques
comme El Topo ou La Montagne sacrée et reçoit le soutien
du producteur Michel Seydoux pour son prochain film. Le réalisateur
ambitionne alors d'adapter Dune, le roman culte de Frank Herbert
paru en 1965 et débutant un vaste cycle littéraire. |
Il
est certain que le documentaire n'apprendra pas de grandes nouveautés
aux amateurs de science-fiction qui connaissent le sujet en long
et en large. Son principal intérêt réside donc
dans les talents de narrateur de Jodorowsky qui fait preuve d'un
enthousiasme débordant parfois teinté d'exubérance
mais sur un ton toujours jovial et nostalgique dans la dernière
partie. Après avoir avoué qu'il n'a jamais lu le livre,
il commence en présentant son projet démesuré qui
devait être une fable mystico-interstellaire de près
de douze heures censée révolutionner le septième
art grâce à une impressionnante verve créatrice.
Avec le recul nécessaire, il raconte sa quête d'une équipe
artistique idéale (ses "guerriers" selon lui) où sont
recrutés les dessinateurs Jean "Moebius" Giraud,
Chris Foss et Hans Rudi Giger ainsi que le technicien Dan O'Bannon
et pour l'illustration musicale, les groupes expérimentaux
Pink Floyd et Magma. Sa démarche esthétique étant
d'attribuer un style visuel et sonore différent pour chaque
monde. Il revient aussi sur l'entretien râté avec Douglas
Trumbull, spécialiste reconnu des effets spéciaux.
Il évoque ensuite son parcours laborieux pour rassembler un
casting aussi éclectique qu'étrange : son fils Brontis,
David Carradine, Mick Jagger, Udo Kier, Orson Wells, Salvador Dali
et Amanda Lear. Curieusement, les noms d'Alain Delon, Charlotte Rampling,
Géraldine Chaplin, Gloria Swanson et Hervé Villechaize
ne seront pas cités pour les autres rôles. |
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Afin
de tempérer et de donner un certain rythme, le récit
de Jodorowsky est entrecoupé d'interventions parfois anecdotiques
des producteurs Michel Seydoux et Jean-Paul Gibon, des réalisateurs
Richard Stanley et Nicolas Winding Refn ainsi que de la veuve de
Dan O'Bannon. Si des protagonistes importants comme Foss et Giger
expriment leur point de vue, on regrettera l'absence de Moebius décédé en
2012. Toutefois, le documentaire lui rend hommage en proposant un
montage animé de séquences storyboardées - dont
le plan séquence d'ouverture zoomant sur une galaxie - dans
le pavé graphique de Moebius qui contient près de mille
pages avec trois mille dessins préparatoires (notamment des
personnages et des costumes) incluant aussi des peintures de Foss
et Giger à la beauté picturale indéniable. En
dépit d'une aventure qui dura deux ans avec un investissement
dépassant les deux millions de dollars, l'industrie hollywoodienne
se montra trop frileuse à financer cette adaptation pas vraiment
conforme aux règles de l'époque et le projet fut avorté. |
Au
terme de deux années de travail, Frank Pavich réussit
un documentaire passionnant de bout en bout, captivant par sa construction
et même émouvant dans une conclusion qui remémore
l'influence des visions de Jodorowsky et la contribution des artisans
du projet sur le cinéma de science-fiction classique. |
Fabien Rousseau |
CONCEPTS ART |
La
préaffiche de Michel Landi et les dessins de Moebius |
Chris
Foss : les vaisseaux de la Guilde transportant l'Epice et le palais
de l'Empereur |
H.R.
Giger : le monde organique des Harkonnen |
LIEN |
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