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STAR WARS : LA POSTLOGIE
Dossier de Fabien Rousseau
Les forces en présence :
La Résistance : Daisy Ridley (Rey), John Boyega (Finn), Oscar Isaac (Poe Dameron), Carrie Fisher (Générale Leia Organa), Harrison Ford (Han Solo), Mark Hamill (Luke Skywalker), Joonas Suotamo (Chewbacca), Anthony Daniels (C-3PO), Kelly Marie Tran (Rose Tico), Laura Dern (Vice-amirale Amilyn Holdo), Lupita Nyong'o (Maz Kanata), Billy Dee Williams (Lando Calrissian), Naomie Acki (Jannah), Keri Russell (Zorii Bliss).
Le Premier Ordre : Adam Driver (Kylo Ren/Ben Skywalker), Domnhall Gleason (Général Armitage Hux), Gwendoline Christie (Capitaine Phasma), Andy Serkis (Suprême Leader Snoke), Benicio del Toro (DJ), Ian McDiarmid (Sheev Palpatine), Richard E. Grant (Général Enric Pryde).
Les planètes :
- Episode 7 : Jakku (terre désertique de Rey), Takodana (château de Maz Kanata), D'Qar (base de la Résistance), Hosnian Prime (sénat de la Nouvelle République), Starkiller (base du Premier Ordre), Ahch-To (domaine de Luke Skywalker).
- Episode 8 : Ahch-To, D'Qar, Cantonica (casino de Canto Bight), Crait (refuge de la Résistance).
- Episode 9 : Ajan Kloss (base de la Résistance), Pasaana (monde désertique), Kijimi (colonie montagneuse), Kef Bir (épave de la seconde Etoile noire), Exegol (antre de Palpatine).
EPISODE VII : LE REVEIL DE LA FORCE (2015)
Trente deux ans ont passé depuis la chute de l'Empereur Palpatine. Sur la planète désertique Jakku, Rey est une pilleuse d'épaves qui vient au secours du droïde BB-8 appartenant au résistant Poe Dameron et renfermant une piste sur Luke Skywalker en exil. La jeune femme croise aussi le chemin de Finn, un stormtrooper repenti qui l'accompagne dans sa quête pour rejoindre la base de la Résistance menée par la général Leia Organa. Traqués par le Premier Ordre et notamment Kylo Ren qui convoite le petit droïde, les deux fugitifs trouvent des alliés inattendus en la personne de Han Solo et de Chewbacca qui ont repris leurs activités de contrebandier.
Désormais détentrice de la licence depuis 2012, la firme aux grandes oreilles lance la suite de la trilogie classique avec un épisode qui affirme sa volonté de ne prendre aucun risque en voulant plaire aux connaisseurs comme aux néophytes et surfant sur la vague de la séquelle-reboot. Le spectateur devrait être comblé par ce divertissement assez rythmé et aux effets spéciaux réussis où un faiseur de talent s'applique dans une mise en scène respectueuse du matériau mais néanmoins sans éclat. Quelques éléments fonctionnant comme l'alchimie parfaite entre Rey et Finn ou les retrouvailles parfois émouvantes avec de vieilles connaissances qui ont évolué au format papier dans les récits passionnants d'un univers étendu désormais Légendes dont les scénaristes auraient dû visiblement s'inspirer vu son potentiel.
Car le fan le plus objectif ayant attendu pendant trois décennies, éprouvera une immense déception en constatant avoir visionné une soupe réchauffée de l'épisode 4 agrémentée de référentiel asséné sans subtilité. En outre, le script cède souvent à la facilité pour faire avancer la narration où même les tentatives de variantes scénaristiques peinent à masquer la pauvreté de l'intrigue qui n'est pas aidée par son trio de vilains caricaturaux, le gâchis des personnages secondaires et une catastrophique bataille finale. Ceci à tel point de relever le niveau de la prélogie qui en dépit d'être noyée dans un océan de numérique, avait le mérite de proposer un nouvel univers visuellement riche. Un septième opus qui se révèle sans saveur à l'instar de sa partition musicale composée par le légendaire John Williams dont l'inspiration semble se ternir ou montre une tendance à l'autocitation.
On espère donc que les chapitres suivants de la "postlogie" rectifieront ce mauvais départ tirant un peu trop sur la fibre nostalgique et effaceront ce sentiment persistant de déjà-vu car pour le moment, il n'y a rien de très innovateur dans cette galaxie très lointaine.
EPISODE VIII : LES DERNIERS JEDI (2017)
Après la destruction de la base Starkiller, le Premier Ordre contre attaque et veut en finir avec la Résistance qui est contrainte de fuir dans l'espace. Pendant ce temps sur la planète Ahch-To, Rey doit convaincre Luke Skywalker de se joindre à la cause de la Générale Leia.
Réalisateur principalement connu pour Looper, Rian Johnson signe ce huitième opus après Le Réveil de la Force initié par J.J. Abrams. Chose inédite dans la saga (à l'exception de Rogue One), cet épisode fait directement suite aux évènements du précédent et se présente comme le film le plus long avec ses deux heures trente.
Dès la séquence d'ouverture, le ton est donné avec une bataille spatiale qui pose déjà le problème du rapport des forces en présence soit la puissante armada incapable d'écraser la mini flotte. La tension est rapidement désamorcée par une première note d'humour que n'aurait pas renié Casque noir dans La folle histoire de l'espace (Spaceballs) de Mel Brooks auquel le réalisateur adresse un petit clin d'œil. L'humour qui est une composante de l'univers lucasien, s'intégrait avec plus de subtilité auparavant car les répliques et situations qui suivront, seront du même acabit en flirtant avec le ridicule. Quant à l'histoire, elle opte pour le minimaliste et use de grosses ficelles (le plan secret étant la pire idée) pour étirer un arc qui débouche sur la course poursuite la moins palpitante du space opera entrecoupée d'une séquence casino qui ne s'apparente guère plus qu'à un vulgaire remplissage. De l'autre côté, l'héroïne tourne en rond sur l'île d'un vieux maître voulant se couper de tout mais ayant laissé des indices pour retrouver sa piste (cf. épisode 7). L'écriture est donc laborieuse pour les personnages qui paraissent souvent incohérents voire imbéciles et pour certains réellement anecdotiques. Les protagonistes secondaires ne sont d'aucune utilité et leur disparition provoque soit la consternation ou l'hilarité. Entre les héros et les vilains, le comportement le plus irrationnel devient un véritable concours. Malgré ce handicap, les acteurs livrent un jeu plutôt correct et s'impliquent un minimum.
En bon faiseur, Rian Johnson tente un tour d'illusionniste avec un message générationnel et un détournement des codes mais son film transpire le recyclage. Digne d'un roman pour juniors, son scénario d'une absolue indigence est construit autour des scènes marquantes des épisodes 5 et 6 en plus de démonter certains éléments mis en place dans le précédent chapitre déjà plombé par la redite. Un aspect nouveauté qui se fait aussi discret qu'inexistant dans l'illustration musicale prodiguée par l'immense John Williams singeant ses propres partitions (quid du thème de l'Empereur ?) et dans l'esthétisme où tous les vaisseaux sont juste des ersatz servant de rappel constant à la trilogie. Cette démarche jette un sérieux doute sur la cohérence narrative et l'ambition artistique de cette postlogie qui tend vers un mélange d'infantilisation et de niaiserie bien que La Guerre des Etoiles (titre désormais oublié) soit toujours un conte. De beaux visuels et des moments iconiques réussissent parfois à imprimer la rétine mais cela représente une maigre consolation car l'ensemble peine à avancer et accuse même une baisse de régime en cours de route.
Les Derniers Jedi prend la forme d'une sucrerie avec un enrobage attrayant mais dont la saveur reste étrangement fade. Après le visionnage de ce divertissement lambda, la question sera de déterminer si quelque innovation peut être apportée dans l'ultime volet qui sera dirigé par J.J. Abrams et sortira en 2019 car il semble bien que la magie du mythe se soit estompée.
EPISODE IX : L'ASCENSION DE SKYWALKER (2019)
Un an après la bataille de Crait, la Résistance s'est considérablement affaiblie. Désormais suprême leader du Premier Ordre, Kylo Ren se rend sur Exegol où il découvre le repaire de l'Empereur Palpatine. Pendant ce temps, Rey, Finn, Poe et Chewbacca partent à bord du Faucon sur les traces d'un artefact Sith qui pourrait les conduire à Palpatine. Leurs péripéties les mèneront sur les planètes Pasaana, Kijimi et Kef Bir.
Au terme de quatre années laborieuses, la postlogie se termine enfin dans un grand soupir et la lueur d'émerveillement s'est définitivement éteinte. Le verdict est donc sans appel : la nouvelle trilogie apparaît comme un incroyable ratage car elle n'a rien apporté à la mythologie lucasienne. Elle est symptomatique du syndrome hollywoodien actuel qui consiste à recycler les icônes de la culture pop sans une once d'audace ou de créativité. Néanmoins, les spin-offs Rogue One et Solo s'affichaient comme des tentatives louables de mettre le pied dans l'univers étendu à défaut d'être des réussites totales.
Ce neuvième épisode de la saga Skywalker s'inscrit dans une démarche pleinement opportuniste. Le réalisateur J.J. Abrams prend le parti de la consensualité, assumant le rôle du fanboy livrant son fanfilm à 300 millions de dollars. Et dans ce domaine, certains fanfilms se montrent beaucoup plus créatifs avec moins d'argent. Son film accumule les rebondissements sans s'embarrasser de la moindre explication ou d'un minimum de cohérence narrative au sein de l'ennéalogie, faisant le choix au passage d'écarter les idées (le casque est reconstruit) du précédent opus. Les personnages sont précipités dans un torrent de facilités scénaristiques qui amènent à des situations grotesques. La Force devenant elle-même un argument malléable pour combler l'indigence du scénario. Autre exemple d'un concept non abouti, celui des chevaliers de Ren aperçus dans Le Réveil de la Force et mis en valeur dans la promotion, se révéle ici complètement anecdotique. Quant aux scènes de batailles spatiales et de ballets au sabre laser, elles sont noyées dans un surdécoupage outrancier et peinent à convaincre tellement la redondance imprègne l'écran notamment le récurrent duel entre Rey et Kylo Ren.
De plus, le fanservice aussi inhérent qu'incontournable à la saga est asséné à coups de tractopelle. Le long métrage s'apparente à un fourre-tout où sont convoqués les anciens (dont les caméos inutiles de Lando), les séquences marquantes de l'époque classique et les partitions connues de John Williams intégrées maladroitement. Mais le pire reste sans nul doute d'avoir fait revenir Sheev Palpatine dans l'intrigue, ce qui rappellera aux fans l'arc de l'Empereur ressuscité dans le comic book L'Empire des ténèbres/Dark Empire*. A propos de l'univers Légendes, les déçus pourront toujours se tourner vers La croisade noire du Jedi fou**, une trilogie littéraire qui a été longtemps considérée comme la vraie suite du Retour du Jedi.
Bref, la conclusion proposée par Abrams s'avère un produit plombé par la surenchère de guimauve nostalgique. Il serait temps pour Lucasfilm de sortir de sa zone de confort et d'explorer d'autres horizons un peu comme dans la série The Mandalorian qui en dépit de faiblesses, offre un bol d'air rafraîchissant dans cette épopée galactique.
* Scénarisé par Tom Veitch et dessiné par Cam Kennedy, le comic-book L'Empire des ténèbres/Dark Empire regroupe La résurrection de l'Empereur, Le destin de la galaxie et La fin de l'Empire. Cinq ans après la bataille d'Endor, le clone de l'Empereur Palpatine lance une offensive dévastatrice sur différents mondes. Pendant que Luke se rapproche dangereusement du seigneur Sith, Han et Leia sont pourchassés par les troupes impériales et les chasseurs de primes.
** Ecrit par Timothy Zahn, le triptyque La croisade noire du Jedi fou/Thrawn Trilogy est composé de L'héritier de l'Empire, La bataille des Jedi et L'ultime commandement. Quatre ans après la bataille d'Endor, Luke, Han et Leia sont confrontés au grand amiral Thrawn qui est parvenu à rassembler les derniers survivants de l'Empire et passer un accord avec un Jedi dément qui détient un secret déterminant pour les impériaux. La trilogie est sortie en romans avant d'être d'adaptée en bandes-dessinées.