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STAR TREK DISCOVERY (saison 1) |
Douze ans après la fin de la série Enterprise, la chaîne CBS qui avait lancé le show original reprend la main sur la saga créée par Gene Roddenberry. Cette nouvelle déclinaison est supervisée sous l'égide de familiers de l'univers comme Bryan Fuller, scénariste de Deep Space Nine ou Voyager et Alex Kurtzman, producteur/scénariste du dyptique de J.J. Abrams. Le tournage s'est déroulé dans les studios Pinewood de Toronto tandis que les effets spéciaux ont été fournis par les sociétés Pixomondo et Spin VFX. |
La série débute en 2256 soit dix ans avant les premières aventures de l'Enterprise et ne s'inscrit donc pas dans la chronologie Kelvin (précédemment Abramsverse) installée dans la récente trilogie. Une précision qui peut aider le spectateur à se retrouver au milieu des six séries et des treize longs métrages qui composent la saga depuis 1966 à l'instar de Star Wars qui est désormais divisé entre univers officiel et Légendes. |
Dans le pilote en deux parties, le premier officier Michael Burnham (Sonequa Martin-Green) seconde le capitaine Philippa Georgiou (Michelle Yeoh) et rivalise souvent avec le lieutenant Kelpien Saru (Doug Jones) à bord du Shenzou. Une mutinerie provoquera l'ouverture des hostilités avec les castes klingonnes. A partir du troisième épisode, Burnham est désormais une paria aux yeux de Starfleet mais trouve une voie rédemptrice en la personne de Gabriel Lorca (Jason Isaacs), capitaine du Discovery, le vaisseau le plus perfectionné de Starfleet. Elle intègre l'équipage où elle retrouve Saru devenu son supérieur et fait connaissance avec le duo extravagant composé du lieutenant Paul Stamets (Anthony Rapp) et de la cadette Silvia Tilly (Mary Wiseman). |
Discovery s'inscrit dans la mouvance esthétique des derniers films et se place en miroir du monde actuel par la représentation culturelle. D'abord, le générique surprend par son style graphique s'éloignant du classicisme des précédentes séries avec un thème de Jeff Russo convoquant les notes scintillantes d'Alexander Courage et moins épique qu'à l'accoutumé. En outre, les fans reconnaîtront les sonorités familières à la passerelle du capitaine Kirk et le jargon technique si particulier. Les épisodes se déroulent la plupart du temps en milieu fermé mais les moments de tensions sont suffisamment bien gérés pour accrocher le spectateur. L'escale sur Pahvo offre néanmoins un bol d'air bienvenu. L'immersion est réussie grâce au rythme haletant de la réalisation qui est rehaussé par une direction artistique de qualité et des effets visuels véritablement bluffants où le spectaculaire culmine lors des séquences spatiales. A ce titre, le Discovery se dévoile dans des plans majestueux, confirmant l'hommage à la version modifiée de l'Enterprise créé à l'époque par Ralph McQuarrie et Ken Adam pour le projet Planet of the Titans. |
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Au niveau de l'équipage, l'interprétation des acteurs est totalement dévouée au récit. Burnham se montre d'abord impétueuse avant que son éducation vulcaine ne reprenne le dessus. Ses relations avec les autres membres sont dépeintes avec subtilité où elle interagit avec le capitaine Gabriel Lorca, figure ambivalente et différente de ses prédécesseurs, Saru, l'extra-terrestre complexe, le tandem scientifique apportant une touche de légèreté ou le lieutenant Ash Tyler au passé énigmatique. Des personnages emblématiques apparaissent comme Sarek joué par James Frain, le père de Spock qui est présenté sous un jour moins rigide ainsi que Harry Mudd, élément aussi manipulateur que perturbateur ayant les traits de Rainn Wilson. |
En dépit de ces points positifs, cette première saison n'est pas exempte de facilités scénaristiques qui donnent l'impression que les auteurs se détournent maladroitement de la continuité. Les fans peuvent s'interroger sur le degré de pertinence concernant la parenté de Burnham avec Spock ou la supériorité technologique klingonne contredisant la série originale. Autre bémol, les klingons s'avèrent des antagonistes peu nuancés et frôlant la caricature du vilain même si leurs séquences de dialogues font preuve d'une certaine audace narrative. Le concept du moteur sporique ("emprunté" au jeu vidéo Tardigrades) semble intéressant mais son application est traduite d'une manière plutôt étrange à l'écran. La philosophie trekkienne est souvent mise à mal par un contexte sombre et belliqueux auquel s'ajoute une imagerie glauque liée au cas Tyler (source d'incohérences par ailleurs) qui rappelle le trauma Picard/Locutus. La deuxième partie de saison explore le versant négatif des protagonistes donnant lieu à quelques révélations pas vraiment surprenantes. L'univers miroir étant davantage exploité dans les romans et comics. L'épisode final reste le plus bâclé en proposant un retournement de situation peu crédible suivi d'une démarche opportuniste adressée aux fans. |
Discovery divisera sans doute les trekkies par son approche radicale mais la série révèle un potentiel non négligeable. En tout cas, l'amateur de science-fiction télévisuelle devrait avoir l'envie d'en connaître davantage sur le destin de l'équipage et d'explorer des pistes encore inconnues. |
Fabien Rousseau |