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NEW YORK 1997 (1981)
Futur antérieur.
En 1988, le crime aux Etats-Unis a augmenté de 400%. 1997, l’île de Manhattan est devenue une prison à ciel ouvert où tous les accès sont coupés du reste du monde. Les unités spéciales de la police campent aux alentours tandis les hélicoptères font des rondes en permanence. L’avion présidentiel est bientôt détourné et s’écrase en plein centre de Manhattan. Snake Plissken, ancien héros de guerre recyclé en bandit de grand chemin, a pour mission de ramener le chef d’état sous les 24 heures en échange de la liberté.
"Appelez-moi Snake !"
John Carpenter écrivit une première ébauche de scénario en 1974 mais dut attendre 6 ans avant que les producteurs ne s’y intéressent. Ils lui offrirent 6 millions et voulaient Charles Bronson pour le rôle principal. Mais Carpenter ne l’entendit pas de cette oreille et réussit à imposer le jeune Kurt Russell, acteur provenant de comédies familiales bien souvent produites par Disney et qu’il avait dirigé dans le téléfilm Le roman d’Elvis en 1979. La société New World s’occupa des effets spéciaux et notamment un certain James Cameron (futur auteur de Terminator) qui œuvra en tant que directeur photo ainsi que sur les peintures sur verre.
Sixième réalisation de John Carpenter, New York 1997 est un véritable fleuron de la série B sur le plan de la mise en scène. Tout d’abord par son souci d’exploiter au maximum des espaces limités en plongeant l’environnement dans une obscurité permanente (il n’y a en effet qu’une seule scène en pleine journée). Le cinéaste utilise avec une rare subtilité les zones d’ombres, créant une atmosphère glauque appuyée par un suspense qui croît avec le compte à rebours rappelant l’ultimatum fatal. D’autre part, le rythme faiblit très rarement, permettant au récit d’enchaîner les morceaux de bravoure. Quant aux effets visuels, ils sont réduits au strict minimum mais servent avant tout l’intérêt de l’histoire.
Dans cet univers futuriste et apocalyptique, l’auteur dépeint un tableau pessimiste de l’avenir en portant un regard désenchanté sur la société américaine : ainsi la décadence de la population carcérale où sévissent les gangs s’oppose au régime sécuritaire placé sous tutelle militarisée. Une lutte des extrêmes où l’humour noir trouve bien souvent sa place. La musique composée comme toujours par Carpenter en personne est à l’image du film : empreinte d’austérité ambiante. De plus, Carpenter n’a jamais caché son admiration pour les westerns (Assaut était une transposition urbaine de Rio Bravo) et le démontre une nouvelle fois en y injectant certains de ses éléments.
L’un d’eux se manifeste par l’entrée en scène d’une figure emblématique : celle de Snake Plissken, un archétype d’antihéros dans la mouvance de Mad Max (1979). Un mercenaire borgne (le bandeau sur l’œil renforce son côté vétéran de guerre tout en faisant penser à un pirate) à tendance sociopathe et plutôt taciturne qui refuse toute autorité et toute attache, personnifiant un certain nihilisme. Avec son flegme légendaire et sa barbe de trois jours, ce hors-la-loi pourrait être un lointain descendant de l’homme sans nom, le pistolero des westerns caustiques de Sergio Leone, qui évolue comme lui en terre hostile.
Le renégat à la réplique cinglante est d’ailleurs interprété avec beaucoup de brio par Kurt Russell qui est devenu l’acteur fétiche de Carpenter puisqu’on l’a revu dans La chose puis dans Les aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin. Un autre clin d’œil à Leone, c’est la présence au générique de Lee Van Cleef qui campe Bob Hauk, le stoïque chef des forces de police. D’autres excellents comédiens viennent compléter la distribution comme Harry Dean Stanton (Brain), Ernest Borgnine (Cabbie le taxi) ou encore Donald Pleasence (que Carpenter réemploiera dans Halloween et Prince des ténèbres) en président couard. Mais le personnage le plus pittoresque (son arrivée dans une cadillac garnie de lustres reflète toute sa mégalomanie) reste sans doute le Duc de New York (il est le n°1 dit-on) incarné par Isaac Hayes, compositeur entre autres du fameux thème de Shaft.
Récit d’anticipation ou film fantastique sur un monde parallèle, il est certain que le titre du long métrage ne sert plus de date de référence depuis la fin du siècle mais nous rappelle toujours des lendemains qui déchantent. New York 1997 est assurément une œuvre culte que tout cinéphile qui se respecte, se doit de posséder. Incontournable pourrait-on dire comme pour qualifier un classique.
"Plus les choses changent, plus elles restent les mêmes."
En 1996, John Carpenter réalisa une séquelle moins inspirée et intitulée Los Angeles 2013 où Snake Plissken rempilait sous la contrainte afin de contrecarrer les plans de Cuervo Jones, un simili-Che Guevara. Cette seconde aventure nettement plus spectaculaire, reprenait la trame du modèle en y ajoutant plus d’effets spéciaux et se voulait aussi une satire corrosive sur le microcosme d’Hollywood.
Fabien Rousseau
BONUS
Scène coupée : le casse de la banque (Commentaires audios de Kurt Russell & John Carpenter)
GALERIE DES POSTERS
Crédits illustrations
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