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Dossier
de Fabien Rousseau |
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A
la fin des années 70, le monde du cinéma découvrait
un étrange personnage typiquement australien. Un héros
sortant des conventions qui révélera les dons de
George Miller, metteur en scène amateur et surtout le talent
de Mel Gibson. Le format Blu-ray donne l'occasion
de (re)découvrir l'impitoyable chemin de croix de
Max "le fou" : sa déchéance, son errance
et sa renaissance. |
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LES DEBUTS DE GEORGE MILLER | |
Né le
3 mars 1945 à Brisbane dans le Queensland (Australie),
George Miller suit des études en médecine à l'Université de
New South Wales de Sidney où il décroche un doctorat.
Après un an d'internat dans un hôpital, il
décide de s'inscrire aux cours du département
cinéma de l'université de Melbourne où il
rencontre en 1971, un étudiant du nom de Byron Kennedy
avec lequel il produit, écrit et réalise un
court métrage au titre évocateur : Violence In
The Cinema, Part One (1972). L'année suivante, Miller
fonde avec son ami, la Kennedy Miller Productions. Tout en continuant à pratiquer
la médecine pour financer ses projets, il a l'idée
d'écrire un sujet sur la vitesse, cause première
de la mortalité en Australie (thème malheureusement
toujours d’actualité). Le personnage de Mad Max prend forme en 1975. Pour incarner son héros,
Miller se tourne vers un jeune inconnu du nom de Mel Gibson,
diplômé de l'Institut National d'Arts
Dramatiques de l'université de Sidney et qui n'a
qu'un film à son actif. |
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MAD MAX (1979) | |
Réalisé par
George Miller avec Mel Gibson (Max Rockatansky), Joanne Samuel
(Jessie Rockatansky), Steve Bisley (Jim Goose), Hugh Keays-Byrne
(le chirurgien). |
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Le tournage se déroule dans les paysages
australiens en 1978. Le scénario est signé George Miller
et James McCausland. En France, le long métrage fait l'objet d'une
interdiction en raison de sa violence pendant une année
puis il est distribué avec six minutes de moins. Le film obtient le
prix spécial du jury au festival d'Avoriaz en 1980
et le grand prix du festival de Paris du film fantastique en 1981. Il acquiert
une renommée internationale et accède au statut de
film culte au même titre que le véhicule, une Ford Falcon XB GT Coupé V8 Interceptor. Par la suite, le personnage et son univers sont plagiés dans
de nombreuses productions italiennes de seconde zone. |
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Max
Rockatansky est le meilleur intercepteur de la sécurité routière.
Lorsque "l'aigle de la route", un chauffard surexcité sème
le désordre sur les routes, Max est appelé à la
rescousse pour le stopper. Après cet exploit, lui et son
ami Jim Goose surnommé le "gorille", interviennent
sur une agression commise par l'un des motards appartenant à la
bande du "chirurgien". Mais ce dernier est relâché,
faute de témoins. Goose est alors victime d'un sabotage
et gravement brûlé. Max songeant à démissionner,
prend quelques jours de congés avec sa petite famille. Les
motards reviennent à la charge et massacrent sa femme et
son fils. Dés lors, Max ne vivra plus que pour sa vengeance. |
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L'un
des premiers plans montre un panneau de signalisation indiquant
le nombre de tués sur la route. Le propos est clair : Miller
veut dénoncer le culte de la vitesse et le comportement
sauvage voire violent de certains conducteurs au volant. Qu'elle
soit à deux ou à quatre roues, la mort rôde
en permanence sur l'asphalte. D'ailleurs, le ton est
donné dés le départ : le montage est rapide,
le bruit des moteurs est assourdissant et les carambolages se succèdent à une
cadence infernale. Mad Max se montre aussi subtil sur le plan de
la mise en scène où le cinéaste privilégie
la suggestion (aucun mort ou blessé n'est clairement
exposé face à la caméra) en laissant travailler
l'imagination du spectateur, ce qui a pour effet de renforcer
l'impact de son message. |
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Dans
ce monde où le chaos commence sa triste besogne sur le bitume,
l'humanité court à sa perte tant la sauvagerie
ambiante est persistante. La justice perd ses droits donnant du
fil à retordre à une police débordée
par l'hystérie collective. Quant à notre jeune
flic de la brigade motorisée, c'est au moment où il
veut prendre du recul qu'il est entraîné malgré lui
dans l'engrenage de la violence. Dans un rugissement de moteur,
il perd tout ce qu'il a de plus chère. Le désespoir
cède à la haine, les notions de bien et de mal s'envolent.
Il se déshumanise et rejoint ceux qu'il traque dans
leur folie meurtrière. D'une étonnante sobriété,
Mel Gibson se révèle très convaincant même
si il a très peu de dialogues. Comme le jeune acteur intériorise
beaucoup, il lui suffit d'un simple regard pour faire passer
l'émotion. Le film se termine sur une ligne droite d'autoroute
symbolisant la dérive de Max qui telle la destinée
du monde est empreinte de fatalité. Mad Max est une œuvre
résolument pessimiste presque visionnaire sur la société de
demain. |
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MAD MAX 2 : LE DEFI (1981) | |
Réalisé par
George Miller avec Mel Gibson (Max), Bruce Spence (le pilote
de l'hélicoptère), Vernon Wells (Wez), Emil
Minty (l'enfant sauvage), Mike Preston (Pappagallo),
Kjelle Nilsson (Humungus). Titre original : Mad Max: The Road Warrior. |
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Après
le tournage éprouvant du premier volet, George Miller ne
souhaite pas donner de suite. Au regard du succès commercial
du précèdent, la Warner Bros (distributeur
international du film) le pousse à réaliser cette
séquelle. Cette fois-ci, il bénéficie d'un
budget plus confortable et tourne aux Etats-Unis en 1981. Le
scénario est écrit par George Miller, Terry Hayes
et Brian Hannant. Une fois de plus, Mad Max 2 remporte le Grand
Prix du 10ème Festival d'Avoriaz en 1982. |
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Le
monde est définitivement retourné à la barbarie.
Le pétrole est devenu l'enjeu de tous les conflits.
Au volant de l'Interceptor, Max devenu un renégat,
erre avec son chien à la recherche de carburant. Il parvient à éviter
de justesse une embuscade et croise le chemin d'un pilote
d' hélicoptère qui le conduit vers une ancienne
raffinerie exploitée par un groupe de sédentaires.
En sauvant un fuyard traqué par une bande de déjantés
commandée par le seigneur Humungus, Max pénètre
dans la raffinerie où les réfugiés veulent
fuir de la région avec la citerne de carburant. Max leur
propose alors d'aller chercher un tracteur routier pour tirer
celle-ci. Une course-poursuite s'engage entre le camion-citerne
et les véhicules suréquipés des "chiens
de guerre" d'Humungus. |
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Le
prologue en noir et blanc, illustré par la musique de Brian
May résonnant comme un requiem, montre la décadence
progressive du monde : la guerre entre les grandes puissances qui
a épuisé les réserves de pétrole, le
règne de l'anarchie, la montée de la violence
("l'homme commença à se nourrir de l'homme" commente
le narrateur). L'or noir devient vital alors que l'argent
a perdu toute sa valeur. S'ensuit un bref résumé qui
rappelle le destin tragique de Max, le "guerrier de la
route". Une descente vertigineuse de la caméra vers
le bitume propulse le spectateur au cœur de l'action. |
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Ce
second épisode chronologiquement situé trois ans
après le premier, présente toutes les caractéristiques
du western apocalyptique. D'abord, Max qui est devenu une sorte de desperado
futuriste vagabondant sur les terres désolées sans
réel but et dont le comportement taciturne évoque
parfois celui de l'homme sans nom (Clint Eastwood dans la
trilogie de Sergio Leone), agissant d'abord par intérêt
puis par choix. D'autres éléments viennent s'ajouter comme le fort assiégé (la raffinerie), les indiens
iroquois ou mohawks (les motards au style punk) et la diligence
(le camion-citerne). En outre, la course-poursuite
finale entre le camion-citerne et les bolides
ressemblant à des dragsters constitue une véritable séquence d'anthologie. Quant à l'épilogue, il
laisse présager un avenir toujours aussi sombre pour Max
: après avoir découvert la ruse contenue dans la
citerne, il décide de continuer seul son chemin bien que
cette épreuve lui ai fait retrouver un peu de dignité et
sa foi en l'humanité. Plus rapide et plus barbare,
ce nouvel opus s'inscrit dans la démarche du premier
avec un rythme soutenu par les partitions tonitruantes de Brian
May. |
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MAD MAX : AU-DELA DU DOME DU TONNERRE (1985) | |
Réalisé par
George Miller avec Mel Gibson (Max), Tina Turner (Entity), Bruce
Spence (Jedediah). Titre original : Mad Max: Beyond the Thunderdome. |
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A
partir de 1983, Miller et Kennedy travaillent sur une suite provisoirement
intitulée Mad Max 3. Malheureusement, au cours du repérages
des lieux, Byron Kennedy décède dans un accident
d'hélicoptère. Attristé, George Miller
décide de se lancer tout de même dans l'entreprise
et finalise le scénario avec l'aide de Terry Hayes.
Il demande à son ami George Olgivie, un homme de théâtre
de l'assister à la mise en scène. Le film est
d'ailleurs dédié à la mémoire
de Byron Kennedy. |
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Près
de vingt ans se sont écoulées depuis que la Terre
a été ravagée par une guerre nucléaire.
Dans le désert, Max conduit un chariot tiré par des
dromadaires. Suite à l'irruption d’un engin
volant, les animaux paniquent et s'enfuient avec la caravane
laissant Max sur le sable. Ce dernier suit leurs traces et arrive
jusqu'à Bartertown, la cité du troc, qui puise
une énergie appelée méthane dans les excréments
de porc. Là, Entité, la maîtresse des lieux,
partage le pouvoir avec Maître, un nain perché sur
un colosse musclé du nom de Bombe, qui règne sur
les porcheries souterraines de la ville. Pour récupérer
son bien, Max conclut un marché avec Entité : il
affrontera Bombe dans un duel à mort. Au terme du combat
dans l'arène du dôme du tonnerre, Max sort
victorieux mais refuse d'achever son adversaire. Il est alors
exilé dans le désert et recueilli par une tribu d'enfants. |
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Hollywood
récupère le personnage et ce n'est pas pour
redorer son blason mais pour le rendre accessible à un large
public. La série commence sérieusement à s'essouffler
avec ce troisième chapitre. Le scénario manque cruellement
d'inspiration et recycle les éléments qui ont
fait le succès de la saga. La violence est atténuée,
allégeant le propos. Les barbares sont tournés en
ridicule tandis que le second degré prend le pas (une note
de dérision avec la séquence du dépôt
des armes). En milieu de récit, le film accuse une sévère
baisse de régime dans son rythme. Même Mel Gibson
donne l'air d'être lassé par son rôle. Quant à la
musique aux antipodes de celle de Brian May, Maurice Jarre lui
donne un ton plus épique, moins pessimiste : les thèmes
de la destinée du héros et de la traversée
du désert ayant quelques résonances de ses précédentes œuvres
telles que Lawrence d'Arabie. |
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Dans
cette ère post-apocalyptique, le désert a recouvert
la plupart des routes et l'eau a été contaminée
par la radioactivité. Au fil du parcours, Max s’humanise
et perd sa noirceur en devenant le sauveur légendaire (le
capitaine Walker, un pilote de ligne) d'un groupe d’enfants.
Tel un prophète de la Bible, il délivre les esclaves
retenus par une cruelle reine (ayant les traits de la chanteuse
Tina Turner qui interprète également le générique
de fin, le fameux "We Don't Need Another Hero")
et les aide à rejoindre la terre promise. Cette dernière
prend la forme d'une métropole en ruines qui devra
aboutir à la renaissance de la civilisation. |
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Malgré ses
décors baroques, un combat spectaculaire sous un dôme
et la poursuite finale sur un véhicule-train comportant
son lot de morceaux de bravoure, cette nouvelle aventure n'arrive
pas à la cheville des autres et clôt d'une manière
très maladroite un triptyque pourtant bien amorcé. |
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FOCUS : MEL GIBSON | |
Né le
3 janvier 1956 à Peekskill dans l'état de New
York, fils de Anne et Hutton Gibson, le petit Mel Columcille Gerard
est le cinquième d'une famille de onze enfants. En 1968, suite à un
avancement, son père ouvrier dans une compagnie ferroviaire
décide d'émigrer en Australie, afin d'éviter à ses
fils aînés d'aller se battre au Vietnam. Après
des études secondaires, le jeune Mel hésite entre le
métier de cuisinier ou de journaliste. Sa grande sœur
le pousse alors vers la comédie et il entre en 1974 à l'Institut
National d’Arts Dramatiques de Sidney. Quelques années
plus tard, il en sort diplômé et se passionne pour le
théâtre en jouant le répertoire classique. En
1977, il fait sa première apparition dans Summer City. Pour
Tim et Gallipoli, il remporte par deux fois, le prix d'interprétation
de l'Australian Film Institute. Dans les années 80,
le succès de la trilogie de Mad Max et de la série
de L'arme fatale lui permet d'acquérir une notoriété internationale.
Il alterne ensuite entre les rôles dramatiques et des prestations
moins sérieuses. La décennie suivante, il fonde sa
société de production baptisée Icon Productions
qui produit Hamlet où sa composition est récompensée
par le prix William Shakespeare du théâtre Folger à Washington
D.C. Parallèlement à ses activités d'acteur
et de producteur, il s'investit dans une brillante carrière
de réalisateur avec L'homme sans visage et Braveheart
qui obtient cinq Oscars dont celui du meilleur film et du meilleur
réalisateur. Il a suscité la polémique avec
sa vision personnelle du Nouveau Testament et son Christ torturé. |
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Filmographie
: |
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1977
Summer City (C.Fraser) 1979 Mad Max (G.Miller) 1979 Tim (M.Pate) 1980 La réaction en chaîne (I.Barry) 1981 Attack Force Z (T.Burstall) 1981 Gallipoli (P.Weir) 1981 Mad Max 2 (G.Miller) 1982 L'année de tous les dangers (P.Weir) 1984 Le Bounty (R.Donaldson) 1984 La rivière (M.Rydell) 1984 Mrs Soffel (G.Armstrong) 1985 Mad Max : au-delà du dôme du tonnerre (G.Miller) 1987 L'arme fatale (R.Donner) 1988 Tequila Sunrise (R.Towne) 1989 L'arme fatale 2 (R.Donner) 1990 Air America (R.Spottiswoode) 1990 Comme un oiseau sur la branche (J.Badham) 1991 Hamlet (F.Zeffirelli) 1992 Forever Young (S.Miner) 1992 L'arme fatale 3 (R.Donner) 1994 Maverick (R.Donner) 1996 La rançon (R.Howard) 1997 Complots (R.Donner) 1998 L'arme fatale 4 (R.Donner) 1999 Payback (B.Helgeland) 1999 The Patriot, le chemin de la liberté (R.Emmerich) 2000 The Million Dollar Hotel (W.Wenders) 2000 Ce que veulent les femmes (N.Meyers) 2001 Nous étions soldats (R.Wallace) |
2002 Signes (M.Night Shyamalan) 2003 The Singing Detective (K.Gordon) 2010 Hors de contrôle (M.Campbell) 2011 Le complexe du castor (J.Foster) 2012 Get the Gringo (A.Grunberg) 2013 Machete Kills (R.Rodriguez) 2014 Expendables 3 (P.Hughes) 2016 Blood Father (J-F.Richet) 2017 Very Bad Dads 2 (S.Anders) 2018 Traîné sur le bitume (S.C.Zahler) 2019 The Professor and the Madman (F.Safinia) 2020 Force of Nature (J.Polish) 2020 Fatman (E.&I.Nelms) 2020 Boss Level (J.Carnahan) 2021 Dangerous (D.Hackl) 2021 Waldo, détective privé (T.Kirkby) 2022 Père Stu: un héros pas comme les autres (R.Ross) 2022 Panama (M.Neveldine) 2022 Agent Game (G.S.Johnson) 2022 Hot Seat (J.C.Bressac) 2022 Bandit (A.Ungar) 2022 On the Line (R.Boulanger) Réalisations : 1993 L'homme sans visage 1995 Braveheart 2004 La passion du Christ 2006 Apocalypto 2016 Tu ne tueras point |
GALERIE HQ |
Crédits illustrations |
John Hamagami | Tom Beauvais | Bill Garland | Michel Landi | Noriyoshi Ohrai | Rudy Obrero | Richard Amsel |