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1982 : ANNEE PHARE POUR LE CINEMA SF |
Chronique de Fabien Rousseau |
L'année 1982 aura été fertile pour le cinéma de science-fiction en explorant un large florilège de thématiques : futur post-apocalyptique, cyberpunk, space opéra, extra-terrestres, intelligence artificielle ou monde virtuel. Cette chronique revient 40 ans en arrière pour se focaliser sur des longs métrages qui affichent une ambition tant narrative que visuelle. Certains ont rencontré le succès dans les salles tandis que d'autres ont subi un sérieux revers au box-office mais accéderont au statut de culte avec les décennies et grâce à l'essor des vidéoclubs. |
BLADE RUNNER (SORTIE LE 15 SEPTEMBRE) |
Los Angeles 2029, le chasseur Rick Deckard (Harrison Ford) est engagé pour éliminer des fugitifs Réplicants menés par Roy Batty (Rutger Hauer). Son enquête commence à l'industrie Tyrell où il rencontre la troublante Rachel (Sean Young). Auréolé du triomphe de Alien, Ridley Scott adapte librement la nouvelle de Philip K. Dick (Les robots rêvent-ils de moutons électriques ?) et livre sa vision personnelle à travers une réflexion subtile sur l'intelligence artificielle. La narration parfois contemplative mais toujours passionnante est soulignée par la musique atmosphérique de Vangelis. Le cinéaste intègre les codes du polar classique (le détective privé, la femme fatale) dans l'environnement nocturne d'une cité tentaculaire éclairée par les néons et le passage des Spinners. Une iconographie cyberpunk qui influencera des fleurons du cinéma d'animation comme Akira (1988) et Ghost in the Shell (1995). En dépit de l'échec commercial, Ridley Scott éditera le premier montage imposé par les producteurs pour corriger les défauts et sortira sa Director's Cut en 1992. Blade Runner connaîtra une extension avec Blade Runner 2049 (2017), une suite signée Denis Villeneuve et la série animée Blade Runner: Black Lotus (2022). |
E.T., L'EXTRA-TERRESTRE / E.T. THE EXTRA-TERRESTRIAL (SORTIE LE 01 DECEMBRE) |
Des extra-terrestres viennent sur Terre pour une mission botanique mais l'un d'eux s'égare jusque la ville de Los Angeles. Poursuivi par les agents gouvernementaux, il est recueilli par le jeune Elliott (Henry Thomas) avec lequel il se lie d'amitié et qui va tenter de l'aider à contacter les siens. Steven Spielberg offre un fabuleux conte de Noël avec l'histoire émouvante d'une amitié universelle. L'osmose entre le jeune acteur et la créature conçue par Carlo Rambaldi fonctionne à merveille notamment avec les symphonies de John Williams. Certaines scènes restent mémorables comme celle du vélo sur fond de lune, un plan immortalisé par le logo de la société de production Amblin. E.T. demeurera en tête du box-office jusqu'à la sortie de Jurassic Park (1993) du même réalisateur. Ce dernier regrettera sa décision d'avoir remplacé les armes par des talkies-walkies dans l'édition spéciale de 2002 et conseillera la version d'origine qui n'a rien perdu de son aura magique. Etonnamment, E.T. n'aura aucune suite mais une publicité pour Xfinity mettra en scène les retrouvailles entre Elliott devenu père de famille et son ami des étoiles. |
MAD MAX 2 : LE DEFI / MAD MAX 2: THE ROAD WARRIOR (SORTIE LE 11 AOUT) |
Ayant perdu sa famille, l'ex-patrouilleur Max Rockatansky (Mel Gibson) erre sur les terres désolées au volant de son Interceptor. Les circonstances vont le conduire vers un groupe de survivants harcelé par le gang motorisé du cruel Humungus qui cherche à s'emparer de leur précieuse réserve d'essence. George Miller met en scène un second opus plus rythmé et plus violent où les temps morts sont rares comme en témoigne cette course-poursuite endiablée entre le camion-citerne et les motards en furie. Le réalisateur impose également une imagerie du post-apo (costumes, véhicules, contexte) qui sera plagiée dans une série de productions bis (souvent fauchées) italiennes et servira de référence à l'animation japonaise notamment Ken le survivant/Hokuto No Ken. George Miller consolidera sa saga avec Mad Max : Au-delà du dôme du tonnerre (1985) puis Mad Max: Fury Road (2015) sans oublier le spin-off Furiosa prévu pour 2024. |
LES MAITRES DU TEMPS (SORTIE LE 24 MARS) |
Piel, un petit garçon et son père atterrissent en catastrophe sur Perdide, une planète sauvage. Avant de mourir, le père réussit à envoyer un message de détresse à son ami Jaffar. Ce dernier et son équipage prennent la direction de Perdide pour venir à la rescousse du jeune Piel perdu au milieu d'une terre inconnue. Pionnier de l'animation française, René Laloux s'inspire du roman L'Orphelin de Perdide de Stefan Wul et obtient l'aide précieuse de Jean "Moebius" Giraud qui collabore au scénario et fournit les dessins. Moins adulte que Métal hurlant sorti un an plus tôt, le long métrage déroule un récit d'aventure futuriste comportant son lot de créatures étranges, d'embûches inattendues et relevée par une certaine dose de poésie. Les Maîtres du temps n'est pas la seule œuvre de René Laloux puisqu'il a signé La Planète sauvage (1973) et Gandahar (1987) qui méritent aussi un visionnage. |
STAR TREK II : LA COLERE DE KHAN / STAR TREK II: THE WRATH OF KHAN (SORTIE LE 20 OCTOBRE) |
A bord de l'Enterprise, l'amiral Kirk (William Shatner), le capitaine vulcain Spock (Leonard Nimoy) et l'équipage font route vers un laboratoire spatial abritant le projet Genesis qui est également convoité par le renégat Khan (Ricardo Montalban), libéré de son exil. Celui-ci fomente sa vengeance contre Kirk, son ennemi juré. Nicholas Meyer réalise un deuxième volet moins métaphysique et plus spectaculaire que son modèle tout en développant les relations entre les personnages. L'intrigue ramène un adversaire important de la série originale pour s'orienter davantage vers le suspense et l'action. La séquence dans la nébuleuse renvoit d'ailleurs au genre du film sous-marin. De plus, la recette traditionnelle du space opéra s'accommode très bien avec l'univers créé par Gene Roddenberry même si le scénario réserve un final tragique qui peut surprendre. Aidé par les compositions de James Horner, ce chapitre débute la trilogie consacrée à Spock et depuis, la saga a cumulé 13 longs métrages (et 12 séries) où l'équipe classique de Kirk a passé le flambeau à la nouvelle génération de Picard avant un retour aux sources par le biais d'un reboot. |
THE THING (SORTIE LE 03 NOVEMBRE) |
Dans une station de recherche en Antarctique, un groupe de 12 hommes est confronté à une créature métamorphe venue d'ailleurs. Bientôt, un climat paranoïaque s'installe entre les différents protagonistes. Seconde adaptation de La Chose, une nouvelle de John W. Campbell, The Thing bénéficie des talents de John Carpenter qui retrouve son acteur fétiche Kurt Russell (alias Snake Plissken) dans le rôle de McReady. Rythmée par la bande sonore d'Ennio Morricone, cette mouture monte progressivement en tension et livre de purs moments de terreur (le test sanguin) notamment grâce aux effets spéciaux prodigués par le jeune Rob Bottin. The Thing inaugure également la trilogie de l'apocalypse que Carpenter poursuivra avec Prince des ténèbres (1987) et L'Antre de la folie (1994). Toutefois, l'atmosphère angoissante et l'esprit lovecraftien ne convaincront pas le public qui boudera le film dans les salles. Une troisième variation verra pourtant le jour sous la forme d'une préquelle dirigée par Matthijs van Heijningen Jr. en 2011. |
TRON (SORTIE LE 15 DECEMBRE) |
Concepteur de jeux d'arcade, Kevin Flynn (Jeff Bridges) est en conflit avec ENCOM, son ancien employeur qui réussit à le projeter dans un monde virtuel dominé par le MCP et Sark (David Warner), son âme damnée. Flynn est alors guidé par Tron (Bruce Boxleitner) et Yori (Cindy Morgan) qui deviendront ses alliés. Dirigé par Steven Lisberger et produit par Disney, Tron apparaît comme un film précurseur qui génère un environnement virtuel grâce aux images de synthèse. Le défi technique était colossal pour l'époque et les effets spéciaux s'avèrent véritablement impressionnants dans les séquences de la Grille incluant les épreuves des disques et des motos-lumière. En outre, les péripéties de ce sympathique programmeur dans un jeu vidéo grandeur nature constituent un excellent divertissement que le public a plébiscité pour son innovation graphique et révolutionnaire. En dépit de son potentiel, la licence ne reviendra au cinéma qu'en 2010 avec la séquelle Tron : L'Héritage de Joseph Kosinski qui sera prolongée dans la série animée Tron : La Révolte (2012). |
ET LA TELEVISION ? |
Lancée en 1979, l'émission Temps X de feu Igor et Grichka Bogdanoff est devenue un rendez-vous incontournable de la culture SF en dévoilant les séries classiques et les coulisses de films récents. A partir de 1978, les vaillants héros de la japanimation tels que Goldorak, les vaisseaux de Albator ou Capitaine Flam ont envahi l'écran cathodique pour étoffer l'imaginaire des jeunes téléspectateurs qui ont découvert des mecha et des astronefs parfois atypiques. Toutefois, quelques programmes jeunesse ont marqué la petite lucarne durant l'année 1982. |
Production de la DIC (Jean Chalopin à l'initiative de Ulysse 31), Les Mystérieuses Cités d'or relate la quête audacieuse d'Esteban, Zia et Tao à la découverte des énigmes du Nouveau Monde. La série mêle l'aventure épique à l'arrière-plan historique tout en intégrant des éléments de science-fiction comme le navire Solaris et le Grand Condor (alimentés par le soleil) ainsi que la technologie avancée de la civilisation olmèque. Le jeune trio téméraire fera son retour en 2012 pour visiter les continents asiatique et africain avant d'achever leur odyssée en 2021 au terme de 4 saisons. |
Après Il était une fois... l'Homme, Albert Barillé et la société Procidis produisent Il était une fois... l'Espace qui délaisse l'aspect éducatif pour des épisodes divertissants à la sauce space opéra. L'épopée se situe en l'an 3000 où Pierrot, Psi et le robot Métro de la police spatiale d'Omega doivent maintenir la paix menacée par les fourbes militaires de Cassiopée et le Grand Ordinateur, maître des Humanoïdes. La série ne durera qu'une saison et sera transposée au cinéma dans un format long avec La Revanche des Humanoïdes sorti en 1983. Quant la saga Il était une fois..., elle s'enrichira de cinq nouvelles thématiques jusqu'en 2008. |
Imaginée par Albert Champeaux, Télétactica se présente comme la première série interactive qui invitait le téléspectateur à coller des formes géométriques (vendues dans les presses) sur l'écran grâce à l'électricité statique. Ce petit jeu servait à figurer un objet qui pouvait aider Tactimor, Téline et les Verts du vaisseau Orion voyageant dans le temps et poursuivi par le pirate Crodogang. Le concept de l'interactivité se voulait intéressant et ludique mais il ne fut pas développé avant 1987 pour la série live Captain Power et les soldats du futur qui proposait une gamme de jouets interactifs. Une tentative qui se soldera par une seule saison et un fiasco commercial pour le fabricant Mattel. |
GALERIE HQ |
Crédits illustrations |
Michel Landi | Rudy Obrero | Noriyoshi Ohrai | Jouineau-Bourduge | John Alvin | Drew Struzan |
Bob Peak | Les Edwards | Drew Struzan | Inconnu (3) |
John Alvin (2) | Mœbius | NHK | Jean Barbaud+Manchu |
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