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Dossier de Fabien Rousseau
Dans un contexte de course à la Lune entre les Etats-Unis et l'U.R.S.S, 2001 ne voit pas le jour sous les meilleurs auspices. Au cinéma, la science-fiction est souvent un genre méprisé. Elle se limite à des affrontements entre humains et robots, mutants issus d'expériences malencontreuses, créatures surdimensionnées ou belliqueux extra-terrestres qui pullulent dans les productions américaines souvent assimilées à la série B. Ainsi naissent des classiques comme Le Jour où la terre s'arrêta (1951) de Robert Wise, La Guerre des mondes (1953) de Byron Haskin ou Planète interdite (1956) de Fred McLeod Wilcox. L'image de l'extra-terrestre n'est pas flatteuse et ces êtres venus d'ailleurs sont plutôt apparentés à une menace. Avec sa vision d'artiste et un propos audacieux, Kubrick changera la donne. Il y aura désormais un avant et un après 2001. Plus d'un an après sa première sortie en salles, l'équipage d'Apollo 11 marchera sur la Lune le 21 juillet 1969.
LES AUTEURS
ARTHUR C. CLARKE :
Considéré comme l'un des piliers de la science-fiction littéraire, Arthur C. Clarke est né le 16 décembre 1917 à Minehead en Angleterre. Il fut instructeur radar pendant la seconde guerre mondiale et l'un des premiers à évoquer en 1945, l'idée d'un satellite de communication. Clarke rédigea de nombreux articles dans des revues scientifiques avant de se consacrer aux romans dont les fameux cycles de Rama et de Base Vénus. Il n'a été adapté qu'une seule fois au contraire de romanciers comme Ray Bradbury, Philip K. Dick ou Robert Heinlein. Lauréat de plusieurs prix littéraires et ancien président de l'association interplanétaire anglaise, l'écrivain a été reconnu comme un membre éminent de l'académie astronautique. Il est décédé le 19 mars 2008 à Colombo au Sri Lanka où il résidait.
STANLEY KUBRICK :
Né le 26 juillet 1928 dans le quartier du Bronx à New York, Stanley Kubrick débuta comme photographe amateur puis réalisa des courts métrages et des documentaires. En 1953, il mit en scène Fear and Desire, son premier long métrage et devint ensuite le cinéaste perfectionniste à la filmographie aussi exemplaire que diversifiée avec des œuvres comme Les Sentiers de la gloire (1957), Spartacus (1960), Lolita (1962), Dr. Folamour (1964), Orange mécanique (1971), Barry Lindon (1975), Shining (1979), Full Metal Jacket (1987) ou encore Eyes Wide Shut (1998). Le réalisateur avait l'intention de revenir à la science-fiction avec A.I. (Intelligence artificielle finalement repris par Steven Spielberg) avant de s'éteindre le 7 mars 1999 à Hertfordshire, près de Londres.
LES COULISSES
En 1964, Stanley Kubrick adresse une lettre à Arthur C. Clarke dans laquelle il confie vouloir s'investir dans un ambitieux film de science-fiction. Ce dernier lui propose alors d'adapter La Sentinelle, une de ses nouvelles écrite en 1948 où un homme déclenche accidentellement un signal d'alarme cosmique émis par un mystérieux artefact millénaire de forme pyramidale découvert sur la Lune. Cette histoire ainsi que deux autres (Rencontre à l'aube et Les Enfants d'Icare) serviront de matériau de base pour les deux premiers chapitres. Intéressé par les thématiques, le cinéaste obtient la collaboration du romancier britannique afin de travailler sur l'écriture du scénario. L'astronome et auteur Carl Sagan (Contact) est également consulté pour l'aspect extra-terrestre. Fin 1964, un script de 160 pages est achevé et baptisé Journey Beyond the Stars. Kubrick le présente à Robert O'Brien, président de la Metro Goldwyn Mayer, qui lui alloue un budget conséquent de 6 millions de dollars. Quatre mois passent et des titres comme Universe, Planetfall ou Tunnel to the Stars sont envisagés. Le projet acquière son titre définitif : 2001: A Space Odyssey. Au niveau de la distribution, les vedettes Paul Newman et Henry Fonda sont d'abord considérées pour les rôles de David Bowman et Heywood Floyd avant d'être dévolus aux inconnus Keir Dullea et William Sylvester.
Le tournage débute en août 1965 et se déroule en Angleterre dans les studios de la MGM à Borehamwood (près d'Elstree) et aux Studios Shepperton. Il dure près de 3 ans avec un budget initial qui atteindra 10 millions dont 6 pour les effets spéciaux. La NASA, IBM et Vickers-Armstrong entre autres apportent leur concours en fournissant le matériel et la documentation. Kubrick souhaite suivre la démarche du réalisateur Irving Pichel pour Destination Lune (1950) par souci de réalisme et d'esthétisme. Il contacte d'abord Ken Adam, chef décorateur sur les James Bond, le mangaka Osamu Tezuka (créateur d'Astro Boy) et le graphiste Saul Bass qui refusent tous sa proposition. Le réalisateur parvient néanmoins à s'entourer d'une équipe chevronnée composée de concepteurs graphiques, décorateurs, maquettistes et costumiers qui élaborent l'environnement futuriste d'après les conseils techniques des ingénieurs de Cap Kennedy. La centrifugeuse, une immense machinerie mesurant 40 mètres de hauteur est construite pour les prises de vues internes du Discovery dont les plans extérieurs sont filmés avec une maquette d'une longueur de 16 mètres.
Parmi ces artisans, un certain Douglas Trumbull alors illustrateur chez Graphic Films fait ses premiers pas en inventant un procédé optique pour la séquence de la Porte des étoiles. Trumbull se forgera une solide réputation en travaillant sur les effets visuels de Star Trek, le film (1979) et Blade Runner (1982). Trois personnes de l'équipe seront engagées par George Lucas pour la trilogie Star Wars : Harry Lange, conseiller de la NASA qui officiera en tant que directeur artistique et décorateur, Colin Cantwell qui dessinera les croquis préliminaires du Faucon millénaire ainsi que Stuart Freeborn ayant conçu les masques simiesques et qui sculptera les visages de Chewbacca et Yoda. Pour la partie musicale, le cinéaste demande au compositeur Alex North avec lequel il a déjà collaboré sur Spartacus mais ses partitions ne plaisent pas et sont remplacées par des titres issus du répertoire classique. En 1993, le talentueux Jerry Goldsmith produira et dirigera un orchestre philharmonique qui reprendra la bande sonore intégrale d'Alex North. Quant aux affiches promotionnelles, elles sont confiées à l'illustrateur Robert McCall qui imaginera l'univers graphique du premier Star Trek.
Les affiches de Robert McCall (cliquer pour agrandir)
Après la projection test, Kubrick décide de couper une vingtaine de minutes dont une longue scène d'exposition où des scientifiques sont interviewés et des séquences supplémentaires avec le personnage d'Heywood Floyd, ramenant le montage à une durée de 2h21. Tourné au format Cinérama 70 mm, le film sort le 3 avril 1968 aux Etats-Unis (le 27 septembre en France) dans certaines salles équipées. Le long métrage est mal perçu par la critique qui le trouve prétentieux, ennuyeux et abscons mais il est plébiscité par un public hippie qui est littéralement en transe devant son final psychédélique. La novélisation d'Arthur C. Clarke paraîtra quelques mois plus tard. Nominé dans les catégories du meilleur réalisateur, du meilleur scénario, des meilleurs décors et des meilleurs effets spéciaux, le film est récompensé en 1969 par l'Oscar des meilleurs effets spéciaux de même que par le British Academy Awards pour les meilleurs décors, la meilleure photo et le meilleur son.
LE FILM
L'aube de l'humanité
Le générique s'ouvre sur un alignement de la Terre, de la Lune et du soleil illustré par le thème Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss qui reviendra pour marquer chaque étape décisive de l'évolution. Le récit prend place il y a quatre millions d'années dans le désert africain, des anthropoïdes tentent de survivre face aux assauts des fauves et d'une tribu hostile voulant s'approprier un point d'eau. Un matin, ceux-ci découvrent un étrange monolithe noir reflété par les inquiétants chants solennels du requiem de Gyorgy Ligeti. Au toucher du bloc granitique exerçant crainte et fascination sur lui, la conscience de "Guetteur de Lune" (Daniel Richter) s'éveille, le poussant à se servir d'un os. Il détient alors le pouvoir grâce à cette arme qui lui permet de conquérir un territoire vital et de se nourrir. Ce mystérieux symbole de la connaissance serait-il une sentinelle veillant sur l'humanité ou l'instrument d'une civilisation extra-terrestre ?
A l'origine, l'objet ressemblait à une pyramide avant d'avoir sa forme rectangulaire. Dans le roman, les primates sont éduqués progressivement par diverses formes élémentaires qui s'animent sur la surface d'un monolithe de cristal transparent puis vient l'apprentissage de la chasse.
1999 : de la Terre à la Lune
L'ellipse temporelle avec l'os projeté dans les airs s'enchaînant sur le satellite en orbite représente le bond prodigieux accompli dans le domaine de la technologie. L'homme est devenu un pionnier de l'espace. Rythmée par Le Beau Danube bleu de Johann Strauss, la scène d'anthologie demeure l'inoubliable ballet entre la navette spatiale Orion et la station de relais orbitale 5 puis avec la sphère Ariès jusqu'à la base de Clavius. Le docteur Heywood Floyd (William Sylvester), un savant américain est envoyé sur la Lune afin d'enquêter sur la présence d'un monolithe découvert dans le cratère de Tycho. Après une conférence, Floyd se rend sur les lieux où le parallèpipède émet un signal vers une planète lointaine. Le requiem de Ligeti installe de nouveau un climat anxiogène. La deuxième sentinelle montre à l'homme, le chemin de sa destinée.
La novélisation apporte un éclairage sur le contexte géopolitique mondial à travers les pensées de Floyd qui évoquent durant son trajet, les tensions entre les grandes puissances, la surpopulation et le commerce du nucléaire.
18 mois plus tard, mission Jupiter
Une expédition est lancée vers Jupiter. A bord du vaisseau spatial Discovery (Explorateur 1 dans la VF), les astronautes David Bowman (Keir Dullea) et Frank Poole (Gary Lockwood) cohabitent avec trois scientifiques placés en hibernation et HAL 9000, un super ordinateur doué de parole. L'espace apparaît comme un désert de solitude. Dans une atmosphère propice à un silence sidéral baignant dans un vide interstellaire très immersif, l'adagio d'Aram Khachaturian accompagne l'existence monotone de l'équipage dans le module, un environnement aseptisé à la froideur clinique. Curieusement, Bowman et Poole paraissent moins humains que leur congénère virtuel au ton monocorde, Poole restant indifférent au message pourtant affectueux de ses parents. A la suite d'une défaillance technique, le voyage vire au drame. Epiant le moindre geste à travers une lentille rouge, l'intelligence artificielle est confrontée au doute de ses compagnons terriens. La peur mêlée à un dilemme fait basculer cette machine orgueilleuse dans la paranoïa. Se sentant menacé, HAL tue Poole lors d'un contrôle de l'antenne puis assassine les savants en hibernation pendant que Bowman part récupérer le corps inerte son coéquipier. Piégé à l'extérieur du vaisseau par l'ordinateur refusant d'ouvrir la porte, Bowman parvient à entrer par le sas d'urgence et à déconnecter les circuits d'alimentation. HAL subira d'ailleurs une véritable lobotomie en agonisant lentement avant qu'un message révéle à Bowman le vrai but de la mission. L'homme a créé son égal capable de réflexion comme lui mais ce passage rappelle que la technologie n'est pas infaillible et qu'elle est susceptible de se retourner contre son créateur.
Dans la première mouture, l'ordinateur s'appelait Athena et devait être interprété par Stefanie Powers, future héroïne de la série Pour l'amour du risque. Les scénaristes optèrent pour une identité masculine sous le nom de Socrate puis HAL doublé par Douglas Rain et renommé CARL pour la version française assurée par François Chaumette, la voix de Dark Vador dans l'Episode IV. Le comédien Martin Balsam (vu dans Psychose) avait auditionné pour le rôle. Le roman humanise davantage Bowman en décrivant son réveil, son parcours et ses souvenirs. Le vaisseau est programmé pour se diriger vers Saturne. Bowman ne sort pas pour venir au secours de Poole alors HAL tente de l'asphyxier en ouvrant les sas pour évacuer l'oxygène dans l'espace. Bowman dialogue ensuite avec le docteur Floyd qui lui apprend la vérité sur sa destination.
Jupiter et au-delà de l'infini
Autour de Jupiter, Bowman repère un monolithe de taille géante et sort l'étudier à bord d'une capsule. Il est entraîné dans un couloir lumineux et vertigineux qui le propulse à une vitesse proche de la lumière. Dans cette dernière partie, le troisième monolithe se présente comme la Porte des étoiles, un passage vers l'infini. L'épopée "psychédélique" de Bowman à travers l'espace-temps où résonne l'étrange Atmosphères de Gyorgy Ligeti, peut être interprété de plusieurs manières : il apparaît comme une brèche vers une autre dimension, un vortex vers un autre système à des milliards d'années-lumière ou comme une incroyable remontée dans le temps où Kubrick expose sa vision personnelle du "Big Bang" avec la formation de l'univers, des galaxies, des planètes, de la Terre et enfin des continents. La destination l'amène dans une suite style XVIIIème siècle où Bowman est enfermé dans un décor virtuel afin d'être l'objet d’une expérience qui le fait subitement vieillir et mourir. L'autre hypothèse est que l'astronaute est étudié dans une sorte de zoo humain recréé à partir de ses souvenirs ou de ses rêves et où le temps n'a plus cours. Sa renaissance sous forme de fœtus astral et son retour vers la Terre marque l'étape finale dans l'évolution de l'espèce humaine : après l'héritage de la conscience puis de l'intelligence, l'homme devient une entité cosmique et accède à l'immortalité. L'homme a quitté son berceau terrestre, la quête de l'humanité prend fin et l'apprentissage de l'éternité commence. Ainsi parlèrent Kubrick et Clarke.
Kubrick et Clarke avaient d'abord pensé à une scène où Bowman rencontrait un représentant extra-terrestre qui était décrit comme un être lumineux, longiligne ou aux contours flous. Ils décidèrent finalement de ne pas lui donner d'incarnation et de conserver son aura mystérieuse. D'autres concepts abandonnés voyaient le Discovery vidé de toute présence humaine avec HAL contacté par les extra-terrestres ou un épilogue très pessimiste montrant l'enfant cosmique déclencher les armes atomiques contre la Terre. Dans sa forme littéraire, le voyage de Bowman est beaucoup plus explicite que la vision de Kubrick. L'astronaute est aspiré par le monolithe qui ouvre un portail débouchant sur un cimetière sidéral puis il explore les vestiges d'une civilisation éteinte. Après avoir traversé des phénomènes cosmiques, Bowman arrive dans une chambre d'hôtel équipée d'une télévision et d'un frigidaire. Le fœtus astral revient à temps pour sauver l'humanité qui était entrée dans un conflit nucléaire inéluctable et destructeur.
CONCLUSION
Le chef d'œuvre de Kubrick témoigne d'un degré de maturité jamais égalé dans le registre de la science-fiction accompagné par une remarquable maîtrise dans la mise en scène. D'une beauté formelle et d'une envoûtante élégance, 2001 harmonise l'image et la musique classique pour donner naissance à un virtuose opéra spatial même si le propos peut paraître opaque ou sombrer dans l'abstraction. Plus qu'un film, 2001 se révèle une véritable expérience sensorielle, par son souci d'esthétisme et de réalisme, sa lenteur contemplative, ses cadrages rigoureux et qui se passe admirablement de dialogues explicites (40 minutes au total) notamment à travers une dernière partie ouverte à toutes les interprétations.
Entre mysticisme et réflexion métaphysique, certains ont vu dans cette symphonie visuelle, une métaphore religieuse sur la divinité, les autres, une fable philosophique sur les extra-terrestres. 2001 demeure une œuvre visionnaire et majeure de l'imaginaire sur lequel le temps semble ne pas avoir d'emprise. Le spectateur doit la visionner sur grand écran pour l'apprécier à sa juste valeur et tenter d'élucider son mystère. Son influence sur le cinéma de science-fiction moderne reste indéniable et son statut de film culte amplement mérité.
L'ODYSSEE CONTINUE
En 1976, la maison d'édition Marvel Comics s'intéresse au phénomène et publie une adaptation officielle dessinée par Jack Kirby, une figure emblématique ayant créé les 4 Fantastiques, Hulk ou les X-Men. L'année suivante, Marvel lance une sorte d'univers étendu à travers une série de dix comic-books où à différentes époques, le monolithe intervient dans le destin des protagonistes. Les numéros 8 à 10 racontent les origines de l'androïde X-51 alias Machine Man qui est doté d'une âme par le monolithe et qui reviendra dans une série régulière de comics ainsi que dans plusieurs crossovers avec des super-héros plus connus.
De son côté, Arthur C. Clarke écrit 2010 : Odyssée deux en 1982. Président de la MGM, Frank Yablans saisit l'opportunité de porter le roman à l'écran en proposant d'abord la direction à Peter Weir qui décline. Hésitant devant le poids de l'héritage, le réalisateur Peter Hyams finit par être convaincu par le roman et signe le scénario sous le titre 2010 : L'Année du premier contact dont le budget s'élève à 25 millions de dollars. Certains passages de l'œuvre littéraire sont supprimés comme la tragique expédition de l'astronef chinois Tsien sur Europe et plusieurs chapitres concernant Bowman dont un intermède sur Jupiter. Au rayon visuel, les effets spéciaux sont prodigués par Boss Films Studios, la société de Richard Edlund, oscarisé pour la trilogie Star Wars tandis que les concepts graphiques du Leonov prennent forme grâce à l'imagination de Syd Mead, reconnu pour ses contributions importantes sur Tron ou Blade Runner. Quant au doublage de HAL, Douglas Rain revient pour la version originale tandis que l'acteur Claude Giraud s'occupe de la voix française, ayant auparavant prêté son timbre particulier à Indiana Jones ou Ulysse 31. Le film est sorti le 7 décembre 1984 aux Etats-Unis et le 3 avril 1985 en France.
Embarqués à bord du Alexeï Leonov, un navire stellaire russe en route pour Jupiter, le professeur Heywood Floyd (Roy Scheider), les docteurs Curnow (John Lithgow) et Chandra (Bob Balaban) collaborent avec un équipage soviétique commandé par le capitaine Tanya Kirbuk (Helen Mirren) afin de résoudre le mystère entourant l'étrange disparition des membres du Discovery et le dysfonctionnement de son ordinateur central. Au cours de la mission, David Bowman (Keir Dullea) est envoyé comme émissaire du monolithe pour annoncer un grand événement.
Réalisateur plutôt efficace, Peter Hyams s'était déjà essayé à la science-fiction avec Outland en 1981. Le cinéaste se dépare de la vision esthétisante voire expérimentale du précèdent opus et privilégie une narration traditionnelle. L'intrigue se concentre sur le personnage de Floyd et ses relations avec l'entourage même si le fait de transposer un climat de guerre froide dans le futur peut paraître désuet. Le film ménage de fréquents moments de tension notamment dans la conversation finale entre HAL et son créateur. L'interprétation se montre à l'avenant, dominée par l'excellent Roy Scheider (le héros des Dents de la mer) et l'environnement spatial reste crédible grâce aux soins apportés aux maquettes immergées dans les paysages sidéraux. Pour la partie musicale, les notes solennelles de Richard Strauss sont reconvoquées et complétées par le compositeur David Shire qui offre une partition alternant symphonique et électronique. Dans son ensemble, 2010 s'avère donc une séquelle recommandable qui ne tente à aucun moment de rivaliser avec son modèle kubrickien.
Deux autres volumes sont également parus où Dave Bowman, Heywood Floyd et d'autres personnages poursuivent la quête de l'inconnu :
2061 : Odyssée trois (1987)
Après la transformation de Jupiter en un soleil baptisé Lucifer, une expédition sur le cargo Univers avec à son bord, Heywood Floyd, part à la rencontre de la Comète de Halley pour l'étudier, quand un appel de détresse retentit du vaisseau Galaxy qui a fait un atterrissage forcé sur la planète Europe, interdite aux humains.
3001 : L'Odyssée finale (1997)
Le remorqueur Goliath retrouve le corps gelé de Frank Poole et le ramène sur la Terre qui suite au réchauffement climatique, est entourée d'une immense ceinture perchée à 36.000 km et reposant sur quatre colossales tours ancrées dans chacun des continents. Ressuscité grâce à sa conservation dans le froid de l'espace et à la technologie du quatrième millénaire, Poole va tenter de prendre contact avec Bowman en se posant sur Europe car il semble qu'un terrible danger plane sur l'humanité.
Au Japon, Yukinobu Hoshino a imaginé un hommage autant qu'une suite dans la série de mangas 2001 Nights parue chez l'éditeur Futabasha entre 1984 et 1986. Les 19 chroniques relatent l'exploration et la colonisation de l'espace par l'humanité sur une période de 100 ans. Du système solaire aux confins de la galaxie, les protagonistes découvriront des planètes étranges et les vestiges de civilisations extra-terrestres. Trois récits ont été adaptés au format animé : Space Fantasia 2001 Nights en 1987, un OAV de 60 minutes produit par TMS Entertainment puis TO en 2009 chez Avex.