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Dossier de Fabien Rousseau
Le 16 septembre 1981, Les Aventuriers de l'Arche perdue sort dans les salles obscures françaises. L'expérience débute par le sigle de la Paramount (le pic auréolé d'étoiles) s'estompant pour laisser place à un horizon montagneux, une marque de fabrique indélébile. Un souffle épique parcourt alors l'écran tandis qu'un héros de légende prend vie. Deux cinéastes du nouvel Hollywood réactualisaient le cinéma d'aventures de jadis. Trois autres épisodes verront le jour ainsi qu'une série télévisée.
UN HERITAGE HEROIQUE
Le personnage d'Indiana Jones (en fait, Henry Jones Jr, Indiana étant le nom de son chien) se définit comme le héros type de pulps, comics et serials, une synthèse entre Tintin, James Bond, Zorro et Tarzan. Ses deux personnalités sont bien distinctes : il est le fougueux archéologue passionné par les antiquités et terrorisé à la vue d'un serpent, qui laisse son attirail quelque temps pour redevenir le paisible et discret professeur d'histoire de collège et d'université. Sa panoplie est désormais célèbre : il est coiffé du fédora, une cicatrice se dessine sur son menton, porte un blouson de cuir, un pistolet à la hanche et une sacoche sur laquelle est enroulé son fouet. Ses nombreux exploits décrivent sa quête souvent mystique pour le bien et sa lutte contre les pires ennemis de l'humanité qui veulent  dominer le monde par tous les moyens. Il évolue dans un univers où les plus grandes légendes et mythes (grecs, égyptiens, indiens) ou les écrits de la Bible viennent se mêler à la réalité historique.
Haletante, passionnante et même romantique, la saga continue de faire rêver. Son succès tient dans ce mélange d'évènements historiques, de mysticisme et de légendes où se croisent le fantastique, l'aventure, le suspense sans oublier l'humour omniprésent. Les aventures d'Indiana Jones appellent constamment à retrouver son âme d'enfant et être émerveillé devant ses exploits. Toutefois, il faut garder en mémoire qu'il déteste être appelé "Junior".
La tétralogie est réalisée par Steven Spielberg. George Lucas est cité au générique comme producteur exécutif tandis que Frank Marshall, Kathleen Kennedy et Robert Watts sont crédités en tant que producteurs de la saga par le biais de Lucasfilm fondée en 1971.
UNE TRILOGIE MYTHIQUE
L'Arche d'Alliance
En 1973, George Lucas est marqué par l'image de Zorro sautant d'un cheval à un camion, une scène tirée de Zorro Rides Again (1937) et veut rendre hommage aux serials des années 30-40 qui étaient diffusés dans les salles avant un film. Dans son format, le serial est proche du feuilleton et s'apparente à un long métrage découpé dont chaque segment s'achève sur un suspense, incitant le spectateur à revenir la semaine suivante. Lorsqu'il se met à l'écriture de The Adventures of Indiana Smith, Lucas s'inspire de Zorro pour son côté manieur de fouet ainsi que d'autres héros comme Tim Tyler's Luck (Richard le téméraire), Don Winslow of the Navy, Spy Smasher, Masked Marvel, Tailspin Tommy et Commando Cody. Le patronyme de son personnage est formé d'Indiana, le nom de sa chienne malamute (également une inspiration pour Chewbacca) et de Nevada Smith, le cow-boy incarné par Steve McQueen. Lucas disserte avec Philip Kaufman qui propose l'Arche d'Alliance (artefact au symbole religieux) comme objet de convoitise entre un archéologue globe-trotter et des nazis dans la période de l'avant-guerre. Il abandonne temporairement le concept pour se concentrer sur "Star Wars" tandis que Kaufman dirigera L'Invasion des profanateurs (1977) puis L'Etoffe des héros (1983). Plus tard, Kaufman sera cité comme l'un des concepteurs de l'histoire.
Sur une plage hawaïenne en 1977, Steven Spielberg vient de terminer le montage de Rencontres du 3ème type et exprime le souhait de réaliser un James Bond. Venant d'apprendre le succès inespéré de La Guerre des étoiles, George Lucas lui fait part du projet de son film d'aventures où un certain Indiana Smith part en quête d'un fabuleux trésor. Spielberg lui préfère le nom de Jones et se montre plutôt réticent lorsque Lucas lui parle d'une trilogie dont il affirme avoir déjà écrit les suites pour convaincre son ami. Il s'avérera plus tard que Lucas avait menti. Après quelques mois, Lucas propose à Spielberg de mettre en scène le long métrage alors que celui-ci va s'atteler à la réalisation de 1941 qui sera un véritable échec au box-office.
Lucas et Spielberg sont en désaccord sur la nature du personnage. Le premier le voit comme un dandy séducteur et estime que l'opposition entre le professeur et le baroudeur le rend assez complexe tandis que le second prend pour modèle le côté sombre du cynique et alcoolique Fred C. Dobbs joué par Humphrey Bogart dans Le Trésor de la Sierra Madre (1948). Spielberg est également enthousiasmé par L'Homme de Rio (1964) de Philippe De Broca avec Jean-Paul Belmondo dont certaines scènes sont directement reprises des péripéties de Tintin dans L'Oreille cassée. Il veut intégrer des pièges comme l'immense boule menaçante de Voyage au centre de la Terre (1959) d'Henry Levin ou de Les 7 cités de Cibola (1954), une aventure de Picsou signée Carl Banks. Quant au style vestimentaire, David Jones joué par Alan Ladd dans Le Défilé de la mort (1943) et Harry Steele incarné par Charlton Heston dans Le Secret des incas (1954) serviront de modèles à la costumière Deborah Nadoolman.
Auteur du script de L'Empire contre-attaque et réalisateur de Silverado, Lawrence Kasdan est choisi pour rédiger le scénario basé sur l'histoire de George Lucas et Philip Kaufman, insérant au passage quelques références à des classiques comme Casablanca (1942) ou Citizen Kane (1941). Dans une version du script, Spielberg suggère que le major Belzig (renommé plus tard Toht) soit équipé d'un bras robotique avec mitrailleuse/lance-flammes et d'un œil artificiel éclairant mais Lucas trouve l'idée trop farfelue. Les artistes conceptuels Jim Steranko, Joe Johnston, Ron Cobb, et Michael Lloyd sont bientôt embauchés pour travailler sur les différents visuels avec le renfort d'Ed Verreaux et David J. Negron pour les storyboards.
Pour le rôle principal, des centaines d'acteurs dont Peter Coyote, Tim Matheson ou Mark Harmon passent un entretien ou une audition et le choix des deux complices s'arrête sur Tom Selleck. Mais ce dernier est lié par contrat à la série Magnum (qui s'étalera sur 8 saisons) dont le tournage doit débuter prochainement. Une rumeur supposerait qu'en fait, Glen A. Larson, le producteur de la série aurait voulu parasiter le projet de Lucas qui lui avait fait un procès pour plagiat suite à la diffusion de Galactica. Pour l'anecdote, Tom Selleck parodiera le personnage dans un épisode de Magnum intitulé A la recherche de l'art perdu. La place est toujours vacante et en visionnant L'Empire contre-attaque, Steven Spielberg décide d'insister sur le profil d'Harrison Ford qui vient de refuser le rôle de Dallas dans Alien. Réticent depuis le départ, Lucas se laisse finalement convaincre et Ford troque bientôt son blaster contre un fouet. Spielberg souhaite engager sa compagne Amy Irving mais celle-ci n'est pas disponible pour interpréter la pétillante Marion Ravenwood. Parmi les nombreuses postulantes, Debra Winger, Barbara Hershey et Jane Seymour ne sont pas retenues puis Sean Young et Karen Allen passent des essais avant que cette dernière soit retenue. Danny DeVito est d'abord pressenti pour camper le fidèle Sallah qui aura finalement les traits de John-Rhys Davies. De Vito sera engagé plus tard pour le dyptique A la poursuite du diamant vert. Pour jouer le rival français Belloq, Spielberg considère Giancarlo Giannini puis Jacques Dutronc (qui ne parlait pas anglais) avant de porter son choix sur Paul Freeman.
Pendant le tournage, Harrison Ford exécute certaines cascades et pour les plus dangereuses, la production fait appel au professionnel Vic Armstrong. La scène du duel entre Indy et le manieur de sabre égyptien dans une rue du Caire est modifiée. Ecrasé par la chaleur, Steven Spielberg veut boucler les prises de vue et décide d'abréger en faisant dégainer le personnage d'Harrison Ford (atteint de problèmes gastriques) qui a une attitude très peu chevaleresque. Trois séquences sont retirées pour des raisons budgétaires mais seront recyclées pour le film suivant : le médaillon de Ra était divisé en deux parties dont l'une était détenue par Marion tandis que l'autre était enfermée dans un musée à Shanghai. Indy y affrontait le général Hok et ses sbires puis déclenchait le système d'alarme ayant la forme d'un gong géant. Après avoir récupéré la précieuse relique, Indy s'endormait dans un avion abandonné par ses occupants en plein vol et sautait avec un canot gonflable pour dévaler les montages de l'Himalaya jusqu'au bar de Marion. Dans la scène finale sur l'île, Indy et Marion se sauvaient dans un wagonnet pour échapper aux nazis. L'équipe des effets spéciaux d'Industrial Light and Magic réalise des prouesses en combinant maquettes, matte-painting et maquillages grâce à l'expérience des artisans Richard Edlund, Lorne Peterson, Alan Madley ainsi que l'apport de jeunes talents comme Tom St Amand et Chris Walas.
Le tournage se déroule du 23 juin au 2 août 1980 pour un budget de 18 millions de dollars. Les extérieurs sont filmés en Tunisie, à La Rochelle et à Hawaï. Le reste des décors est recréé dans les Studios d’Elstree situés près de Londres. Le long métrage remporte cinq Oscars en 1982 : meilleur montage, meilleurs effets visuels, meilleure direction artistique (décors), meilleur son et meilleurs effets sonores.
Les Pierres de Sankara
Pour la seconde aventure, Lucas et Spielberg souhaitent que la tonalité soit plus sombre. Lucas situe l'histoire en amont du précédent pour éviter la redondance avec les nazis et imagine une séquence d'ouverture où Indy aux commandes d'une moto est pris en chasse sur la grande muraille de Chine. L'intrigue présente la découverte d'une vallée perdue abritant des dinosaures et une autre ébauche implique le mythe chinois du Roi des singes (Sun Wukong). De son côté, Spielberg veut ramener Marion Ravenwood et son père Abner. Suite au refus des autorités chinoises concernant le tournage, Lucas s'oriente vers le thème du château hanté en Ecosse mais Spielberg marque son désaccord à cause des ressemblances avec Poltergeist (1982) qu'il vient de produire. Le cadre change totalement pour se dérouler dans un temple démoniaque en Inde et Lucas réfléchit au concept du culte religieux impliquant esclavage d'enfants, magie noire et sacrifice rituel humain. Cette tendance plutôt négative ne plaîra pas à l'Inde qui refusera d'accueillir l'équipe du tournage contrainte de s'installer dans les paysages du Sri Lanka.
Lucas engage de nouveau Willard Huyck et Gloria Katz qui avaient scénarisé son film American Graffiti (1973). Le tandem possède une solide connaissance de la culture indienne et puise quelques références dans Gunga Din, un roman de Rudyard Kipling adapté à l'écran par George Stevens avec Cary Grant. Lucas propose une jeune princesse en tant qu'acolyte mais cette idée ne plaît ni à Spielberg ni aux scénaristes. Les personnages de Willie Scott et Short Round (Demi-lune, un clin d'œil au Tchang de Tintin) prennent bientôt forme dans un premier jet intitulé Indiana Jones and the Temple of Death. Après plusieurs remaniements, le titre Temple of Doom est validé, les rôles du capitaine Blumburtt, de Chattar Lal et du prince Maharaja ont moins d'importance, les scènes de chasse au tigre et du combat aérien sont supprimées ainsi que le concept des Thugs devenant des zombies surhumains après avoir bu le sang de Kali. D'autres sources d'inspiration non citées reflètent cette ambiance d'exotisme indien : le diptyque Le Tigre du Bengale/Le Tombeau hindou (1959) réalisé par Fritz Lang ainsi que le serial Perils of Nokya (1942) mettant en vedette l'intrépide Nokya Gordon jouée par Kay Aldridge. Pour incarner la chanteuse Willie Scott, plusieurs actrices sont auditionnées dont une certaine Sharon Stone qui trouvera un rôle équivalent dans les films Allan Quatermain produits par la Cannon. Kate Capshaw et Ke Huy Quan sont finalement retenus pour devenir les compagnons d'infortune du héros. L'actrice interprétera la chanson de Cole Porter en mandarin lors de l'ouverture musicale.
Le tournage se déroule du 18 avril au 26 août 1983 pour un budget de 28 millions de dollars. Les séquences sont principalement filmées au Sri Lanka (ex-Ceylan), à Macao et aux Studios d’Elstree. Ce nouveau chapitre obtient l’Oscar des meilleurs effets visuels en 1985.
La Quête du Graal
La conception du troisième opus se révéle plus laborieuse. Lucas revient d'abord avec son récit de maison hantée dont le scénario est écrit par Diane Thomas qui avait signé A la poursuite du diamant vert (1984) mais le refus de Spielberg est catégorique. Lucas couche donc quelques idées comme le prologue avec un rite païen sur le Graal suivi de la quête d'un artefact chrétien en Afrique. Il propose Indiana Jones and the Monkey King où Indy enquête sur un spectre en Ecosse avant de découvrir la fontaine de jouvence en Afrique.
Scénariste connu pour les productions Amblin, Chris Columbus est embauché afin de parfaire l'intrigue dont le point d'orgue devient le jardin des pêches d'immortalité. L'histoire prend place en 1937, Indy affronte le fantôme meurtrier d'un baron écossais puis se rend au Mozambique pour aider le docteur Clare Clarke à retrouver un pygmée très âgé. Indy, Clare et Scraggy Brier, un vieil ami d'Indy croisent le chemin des nazis. Indy meurt dans la bataille mais il est ressuscité par le Roi des singes. Les autres protagonistes sont le sergent nazi Gutterbuhg (équipé d'un bras mécanique), l'étudiante Betsy et le pirate Kezure. Dans la version suivante, le Roi des singes apparaît comme le principal méchant qui entraîne Indy et son adversaire Dash dans une gigantesque partie d'échecs aux conséquences mortelles. Par la suite, Indy se bat contre les morts-vivants, détruit le sceptre du Roi des singes et épouse Clare. Peu enthousiastes, Lucas et Spielberg abandonnent Monkey King en raison de sa vision négative des africains et d'éléments trop irréalistes.
Steven Spielberg suggère alors de présenter le père d'Indy et de mettre en avant leur relation. Il pense immédiatement à Sean Connery pour le rôle même si il garde en mémoire Gregory Peck en cas de refus. Le comédien accepte mais ce personnage de vieil aristocrate bourru ne lui convient pas et il fait diverses suggestions afin de le rendre plus humoristique notamment la scène du parapluie avec les mouettes. Lucas fixe le Graal comme objet de recherche et Spielberg engage Menno Meyjes qui a scénarisé plusieurs de ses films. Durant le prélude au Mexique, Indy se bat pour la possession du masque mortuaire de Montezuma avec un homme entouré de gorilles. Indy part ensuite rechercher son père à Montségur où il rencontre une religieuse appelée Chantal. Leur trajet les mène à Venise, Istanbul et Petra où ils retrouvent Sallah et Henry Jones. Durant la scène finale, le Graal a un effet fatal sur l'officier nazi mais ouvre la voie du paradis à Henry. La seconde version place une antagoniste féminine Greta von Grimm, une dirigeante nazie face à Indy qui doit aussi se battre, armé d'une dague contre un démon sur le site du Graal.
Pour la troisième mouture, Spielberg confie le script à Jeffrey Boam, scénariste de L'Aventure intérieure (1987). Celui-ci met l'accent sur la relation père-fils et situe l'histoire en 1939. La scène d'ouverture montre Indy récupérant une relique aztèque pour un conservateur de musée au Mexique avant de s'enfuir dans un train-cirque. Henry et Elsa travaillent pour la fondation de Walter Chandler tandis que Kemal, un agent de la république de Hatay cherche le Graal pour son compte personnel. Kemal tire sur Henry et meurt en buvant dans le mauvais calice. Spielberg et Lucas reviennent sur le prélude en optant pour un jeune Indy chez les scouts. Les réécritures se succèdent où Elsa puis Walter Chandler subissent le même sort que Kemal dont la vocation est maintenant de protéger le Graal. A l'intérieur du temple, Indy sauve son père qui chute en tentant de rattraper le Graal. Les dernières modifications sont faites par Tom Stoppard et concernent les changements de nom (Chandler/Donovan, Kemal/Kazin) ainsi que les trois épreuves voulues par Spielberg. Une autre idée écartée était de faire intervenir Abner Ravenwood, le père de Marion dans le prélude. Quant à la distribution, Julian Glover (vu en méchant dans Star Wars et un James Bond) est rapidement engagé tandis que Spielberg préfére la débutante Alison Doody à l'actrice allemande Gudrun Landgrebe. Pour incarner le gardien du Graal, Sir Laurence Olivier est envisagé mais il décline l'offre pour raisons de santé.
Le tournage se déroule du 16 mai au 30 septembre 1988 pour un budget de 48 millions de dollars. Les prises de vue ont lieu en Espagne, en Jordanie, à Venise, en Allemagne, aux Etats-Unis et aux Studios d’Elstree. Cet opus remporte l’Oscar des meilleurs effets sonores en 1990.
LES AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE (1981)
Réalisé par Steven Spielberg avec Harrison Ford (Indiana Jones), Karen Allen (Marion Ravenwood), John Rhys-Davies (Sallah), Paul Freeman (Belloq), Wolf Kahler (Dietrich), Denholm Elliott (Marcus Brody). Titre original : Raiders of the Lost Ark.
1936 : Après une dangereuse expédition dans la jungle péruvienne, Indiana Jones est recruté par les services secrets pour retrouver l'Arche d'alliance (contenant les dix commandements) que les nazis convoitent également. Il se rend au Népal où il retrouve son ancienne compagne Marion Ravenwood puis fait appel à son vieil ami Sallah en Egypte. René Belloq, le concurrent d'Indy collaborant avec les nazis est également sur la piste de l'artefact.
En 1981, Les Aventuriers de l'Arche perdue renoue avec la tradition du grand cinéma d'aventures tout en proposant un hommage palpitant aux serials d'antan. Le retour de la grande aventure scandé par le slogan publicitaire n'apparaît pas ici galvaudé. Les premières images donnent le ton en iconisant le héros qui révèle son visage lorsque le danger se présente à lui. Le scénario bétonné aligne les scènes spectaculaires au suspense haletant et les morceaux de bravoure au rythme effréné sans négliger la nécessaire pointe de romantisme. Les acteurs se montrent particulièrement impliqués. Harrison Ford s'approprie le personnage en y apportant tout son charisme et sa fougue sur le modèle des figures d'antan comme Stewart Granger, Errol Flynn ou Tyrone Power. Face à lui, Karen Allen parvient à s'imposer en parfait alter-ego féminin et le tandem s'oppose à des adversaires souvent coriaces voire cruels. Certaines séquences sont désormais anthologiques tel ce moment où Indy brave les pièges du temple amazonien. En outre, l'ensemble bénéficie de cascades époustouflantes et d'effets spéciaux artisanaux de qualité. Ce premier volet demeure une œuvre incontournable et indispensable pour le cinéphile ou l'amateur de divertissement de haute volée. Son succès engrangera un phénomène appelé "Indianajonesploitation" où des productions américaines et italiennes aux budgets modestes fleuriront sans arriver à la cheville de leur modèle.
INDIANA JONES ET LE TEMPLE MAUDIT (1984)
Réalisé par Steven Spielberg avec Harrison Ford (Indiana Jones), Kate Capshaw (Willie Scott), Ke Huy Quan (Demi-Lune), Amrish Puri (Mola Ram). Titre original : Indiana Jones and the Temple of Doom.
1935 : Après un échange tendu dans un cabaret de Shanghai, Indiana Jones, Demi-lune un jeune chinois et la chanteuse Willie Scott se retrouvent accidentellement en Inde. Le trio fait escale dans le palais de Pankot où ils sont confrontés à Mola Ram, le prêtre d’une secte adoratrice de la déesse Kali qui détient les pierres de Sankara et force des enfants à travailler dans une mine.
Cette fois-ci, l'aventure a un nom et s'ancre dans une légende indienne. Chronologiquement antérieur aux Aventuriers, ce second opus se veut plus sombre voire plus violent en abordant le thème de l'esclavage des enfants et même Indy passe de l'autre côté du miroir en dévoilant une facette bien peu fréquentable, n'hésitant pas à malmener ses deux compagnons de route qui sont ici plus des faire-valoir. Toutefois, cet aspect est contrebalancé par un effet comique renforcé où Harrison Ford s'amuse parfois à tourner en dérision son personnage et le film donne l'impression de parodier son modèle notamment le duel avec le manieur de sabre. Les scènes d'action optent souvent pour la surenchère comme la poursuite en mini-wagon dans la mine ou le combat sur le pont de cordes mais ces péripéties restent époustouflantes à l'écran. Par ailleurs, Steven Spielberg rend un hommage trépidant à la saga James Bond dans la séquence d'ouverture au Club Obi Wan. Ce grand spectacle tient en haleine de bout en bout, traversé une nouvelle fois par les incroyables élans de bravoure et plongeant le spectateur dans une véritable immersion grâce à l'exotisme des décors.
INDIANA JONES ET LA DERNIERE CROISADE (1989)
Réalisé par Steven Spielberg avec Harrison Ford (Indiana Jones), Sean Connery (Henry Jones), Denholm Elliott (Marcus Brody), John Rhys-Davies (Sallah), Alison Doody (Elsa Schneider), Julian Glover (Walter Donovan). Titre original : Indiana Jones and the Last Crusade.
1912 : Durant sa jeunesse de scout, Indy récupère la croix de Coronado avant d'être poursuivi par des pilleurs de trésor mais il est forcé de rendre la relique. 1938 : Indiana Jones est engagé par Walter Donovan, un collectionneur d'antiquités qui le persuade de reprendre les recherches de son père sur le Saint Graal, la coupe du Christ. Il collabore avec l'historienne Elsa Schneider mais apprend par son père Henry retenu prisonnier qu'elle et Donovan collaborent avec les nazis. Au cours de leur fuite, Indy découvre qu'il devra traverser trois épreuves dans le temple.
Ce troisième volet humanise davantage le personnage en décrivant les relations compliquées entre Henry Jones et son fils. Indy révèle une grande sensibilité et se met en quête de la coupe sacrée (tel un chevalier de la table ronde) mais aussi du chemin vers la réconciliation avec son père dont le comportement distrait évoque quelque peu celui du professeur Tournesol. Tout comme son rejeton, il est passionné par les antiquités et incarné par un fabuleux Sean Connery, l'ex-James Bond en personne. Leurs tempéraments opposés offrent d'ailleurs de savoureuses répliques et de beaux moments d'émotion. Le spectateur découvre également son père spirituel au look de baroudeur qui lui offre son feutre, une transition assez habile s'opérant entre deux époques par chapeau interposé. Le scénario reprend le schéma narratif de la première aventure à savoir la scène d'ouverture avec chasse au trésor à la clé, les péripéties avec les nazis, la poursuite dans le désert et le final mystique. Un prologue qui dévoile les premiers pas d'archéologue du héros ici joué par feu River Phoenix qui fut le partenaire d'Harrison Ford dans Mosquito Coast. La trilogie se termine en apothéose sur un magnifique plan de quatre cavaliers galopant vers un soleil couchant.
LA MUSIQUE DE JOHN WILLIAMS
La saga d'Indiana Jones ne saurait être complète sans le génie créatif de John Williams dirigeant l'orchestre symphonique de Londres. Le compositeur reprend le principe du Leitmotiv (un thème/un personnage) cher à Star Wars pour imaginer des partitions qui rappellent les grandes envolées de Miklos Rozsa (Ben-Hur) ou de Maurice Jarre (Lawrence d'Arabie). Trépidante, envoûtante et lyrique, cette sublime musique rythme les exploits du héros et transcende souvent l'image. A l'écoute de la marche des aventuriers, du thème de Marion, de la parade des enfants esclaves, toutes les notes prennent une résonance particulière et accentuent l'intensité de chaque scène. Le spectateur est emporté dans une atmosphère de dépaysement totale à l'instar d'un véritable passeport pour l'évasion. La preuve en est que John Williams avait été nominé aux Oscars pour la bande originale des trois films en plus d'avoir un immense répertoire constitué des bandes sonores de Star Wars, Superman, E.T. ou Jaws pour les plus connus.
LES AVENTURES DU JEUNE INDIANA JONES (1992-1996)
En 1989, La Dernière croisade s'ouvre sur un Indy adolescent joué par River Phoenix (1970-1993) qui est impliqué dans une poursuite aussi burlesque que palpitante dévoilant ses origines. L'année suivante, George Lucas s'intéresse au format télévisé qui lui permettrait de raconter la jeunesse du héros dans une série aux potentiels pédagogique et ludique. Passionné d'anthropologie et d'histoire, Lucas lance le projet en engageant le producteur Rick McCallum (également pour la prélogie Star Wars) tout en développant Edutopia, sa fondation pour l'éducation qui ouvrira en 1991. Lucasfilm et Paramount entame alors une nouvelle collaboration dans la production télévisuelle.
Pendant que McCallum s'occupe des repérages et de la logistique, Lucas organise des réunions au Skywalker Ranch avec un groupe de scénaristes dont Frank Darabont (qui adaptera trois romans de Stephen King à l'écran) pour le projet intitulée provisoirement A Walk Through 20th Century: History with Indiana Jones. Lucas débute sur l'idée d'un Indy âgé de 5 ans et 70 scripts sont déjà prévus dont un est signé par une certaine Carrie Fisher, la princesse rebelle d'Aldérande. Les Aventures du jeune Indiana Jones (The Young Indiana Jones Chronicles) prennent place lors d'évènements historiques (de 1908 à 1910 puis de 1916 à 1920) pendant lesquels il croise le chemin de personnalités importantes telles que T.E. Lawrence, Howard Carter, Pablo Picasso, Sigmund Freud, Théodore Roosevelt, Mata Hari, Pancho Villa, Albert Schweitzer, Charles de Gaulle, Ernest Heminghway ou George Gershwin. Ces rencontres constituent une expérience qui doit forger le caractère d'Indy et l'amener à maturité car le personnage est décrit comme naïf, impétueux voire maladroit mais curieux et téméraire. De plus, la série affiche clairement une volonté de se démarquer de la trilogie en abordant les domaines de la politique, des arts et des sciences.
Pour interpréter le héros à différentes époques, Lucas se tourne vers le débutant Sean Patrick Flanery âgé de 26 ans pour incarner Indy adolescent (entre 16 et 18 ans) tandis que Corey Carrier joue le personnage enfant (entre 8 et 10 ans). George Hall est choisi pour camper Indy à 93 ans qui porte un cache-œil (référence de Lucas à John Ford, un de ses cinéastes favoris) et raconte ses souvenirs dans le prologue et l'épilogue de chaque épisode. Les autres rôles réguliers sont confiés à Lloyd Owen, Ruth De Sosa, Margaret Tyzack et Ronny Coutteure qui deviennent respectivement les parents d'Indy, Henry et Anna Jones, sa gouvernante Miss Helen Seymour et son compagnon belge Rémy Baudouin. Entre deux prises du Fugitif, Harrison Ford accepte de tourner dans Le Mystère du blues où il apparaît en Indy cinquantenaire barbu. La distribution réunit également des acteurs venus de tous horizons comme Anne Heche, Bernard Fresson, Catherine Zeta-Jones, Christopher Lee, Daniel Craig, Elizabeth Hurley, Ian McDiarmid, Jeffrey Wright, Jeroen Krabbé, Keith David, Max von Sydow ou Vanessa Redgrave.
Le tournage se déroule pendant 152 semaines avec une moyenne de trois semaines et un coût de 1,5 million par épisode. Les prises de vue ont lieu dans 36 pays dont l'Espagne, l'Angleterre, la Chine, l'Afrique, la Tchécoslovaquie, la Russie, l'Autriche, la France, l'Egypte et pour les intérieurs, dans les Studios Carolco à Wilmington en Caroline du nord. Des réalisateurs éclectiques tels que Billie August, René Manzor, Mike Newell, Carl Schultz, Joe Johnston, Simon Wincer, Nicholas Roeg, Terry Jones et même Vic Armstrong, la doublure d'Harrison Ford sur la trilogie passent derrière la caméra. Pour l'illustration musicale, le compositeur chevronné Laurence Rosenthal écrit le thème principal et collabore principalement avec Joel McNeely. Sur le plan technique, Lucas souhaite que le show soit pionnier en expérimentant le procédé numérique notamment sur le traitement de l'image et des effets spéciaux par ailleurs assez discrets.
Les épisodes alternent entre deux périodes. L'enfance où Henry Jones Jr accompagne ses parents et sa gouvernante qui parcourent le monde où son père, professeur d'histoire médiévale donne des conférences universitaires. L'adolescence où Indy et son ami, Remy Baudouin s'engagent dans l'armée belge pendant la première guerre mondiale. Indy est ensuite recruté en tant qu’espion pour le compte des services secrets français. La série révèle ses points forts dans sa diversité, son aspect documentaire, sa reconstitution historique minutieuse et la qualité de l'interprétation.
En mars 1992, le pilote est lancé sur la chaîne ABC mais après plusieurs semaines, l'audience fait défaut en dépit de critiques positives et de nombreuses récompenses aux Emmy. Estimant le programme trop didactique pour le spectateur, ABC annule sa diffusion en juillet 1993 puis il revient sur USA Network avant d'atterrir sur The Family Channel sous un format de 90 minutes. Entre 1994 et 1996, quatre autres téléfilms sont produits dans le but de la relancer. La troisième saison est toutefois abandonnée alors que Lucas voulait intégrer les personnages d'Abner Ravenwood, le mentor d'Indy et de René Belloq qui partait sur la trace d'un crâne de cristal. En 1996, Lucas décide de remonter les 44 chapitres de 60 minutes par ordre chronologique soit 22 téléfilms de 90 minutes qui composent The Adventures of Indiana Jones. De nouvelles scènes sont tournées pour fluidifier les transitions et les passages avec le vieil Indy sont supprimés. Ces chapitres sont programmés sur BBC1. En France, la plupart des épisodes ont été doublés mais ils sont plutôt passés inaperçus sur les chaînes Canal Jimmy, TF1 et plus récemment France 4 qui les ont programmés de manière aléatoire.
24 épisodes de 45 mn et 8 téléfilms de 90 mn :
Première saison (1992) :
1. La malédiction du chacal : 1ère partie : Egypte, 1908 et 2ème partie : Mexique, 1916 (Jim O’Brien et Carl Schultz).
2. Londres, mai 1916 (Carl Schultz).
3. Afrique orientale anglaise, septembre 1909 (Carl Schultz).
4. Verdun, septembre 1916 (René Manzor).
5. Afrique orientale allemande, décembre 1916 (1ère partie) (Simon Wincer).
6. Congo, janvier 1917 (2ème partie) (Simon Wincer).
Deuxième saison (1992-1993) :
7. Autriche, mars 1917 (Vic Armstrong).
8. Somme, août 1916 (1ère partie) (Simon Wincer).
9. Allemagne, mi-août 1916 (2ème partie) (Simon Wincer).
10. Barcelone, mai 1917 (Terry Jones).
11. Chicago, 1920 : Le mystère du blues (90 min) (Carl Schultz).
12. Princeton, février 1916 (Joe Johnston).
13. Petrograd, juillet 1917 (Simon Wincer).
14. New York, juin-juillet 1920 : Le scandale de 1920 (90 mn) (Syd Macartney).
15. Vienne, novembre 1908 (Bille August).
16. Italie du Nord, juin 1918 (Bille August).
17. Le train fantôme : Afrique orientale allemande, novembre 1916 (90 mn) (Peter McDonald)
18. Irlande, avril 1916 (Gillies Mackinnon).
19. Paris, septembre 1908 (René Manzor).
20. Pékin, mars 1910 (Gavin Miller).
21. Bénarès, janvier 1910 (Deepa Metha).
22. Paris, octobre 1916 (Nicholas Roeg).
23. Istanbul, septembre 1918 (Mike Newell).
24. Paris, mai 1919 ( David Hare).
25. Florence, août 1908 (Mike Newell).
26. Prague, août 1917 (Robert Young).
27. Palestine, octobre 1917 (Simon Wincer).
28. Transylvanie, janvier 1918 (Dick Maas).
Troisième saison : les téléfilms (1994-1996) :
1994 : Hollywood folies de Michael Schultz
1995 : Le trésor de l'œil du paon de Carl Schultz
1995 : L'attaque des hommes faucons de Ben Burtt
1996 : Travels with Father. Inédit en France de Deepa Metha et Michael Schultz
INDIANA JONES ET LE ROYAUME DU CRANE DE CRISTAL (2008)
Réalisé par Steven Spielberg avec Harrison Ford (Indiana Jones), Cate Blanchett (Irina Spalko), Shia LaBeouf (Mutt Williams), Ray Winstone (George "Mac" McHale), Karen Allen (Marion Ravenwood), John Hurt (le professeur Harold Oxley). Titre original : Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull.
1957 : Après une brève confrontation dans la zone 51, Indiana Jones part sur les traces du légendaire crâne de cristal en compagnie du jeune Mutt Williams, le fils de Marion Ravenwood. Les deux héros vont suivre la piste laissée par le professeur Oxley mais seront pourchassés jusqu'au Pérou par le colonel soviétique Irina Spalko et Mac, un ancien partenaire d'Indy.
Le script impossible
De nombreuses spéculations ont alimenté une possible quatrième mouture. Ainsi, le mythe de l'Atlantide (Indiana Jones and the Lost Continent), le jardin d'Eden ou le mystère autour du crash de Roswell en 1947 ont fait l'objet de rumeurs. Des faux scripts sont également apparus comme Indiana Jones and the Sons of Darkness ou Indiana Jones and the Sword of Arthur qui avaient pour thèmes, l'Arche de Noé et l'épée Excalibur.
Dans les faits, le projet débute en 1993 lorsque George Lucas imagine une histoire située dans les années 50 où Indy est marié au docteur Elaine McGregor. Le couple est confronté aux soviétiques qui veulent s'emparer d'un artefact venu d'un autre monde. Les protagonistes des précédents films (Henry, Marion, Sallah, Willie et Short Round) font une apparition. Baptisé Indiana Jones and the Saucermen from Mars en 1995, le scénario est un hommage à la science-fiction de l'époque, incluant une séquence avec des fourmis en référence à Des Monstres attaquent la ville (1954). Lucas tient particulièrement à la présence des extra-terrestres dont le vaisseau spatial est impliqué dans une bataille aérienne avec l'armée. Le script est d'abord rédigé par Jeb Stuart avant d'être confié à Jeffrey Boam un an plus tard. Spielberg n’est pas convaincu par le concept et la sortie de Independence Day le pousse à abandonner.
Au début des années 2000, Lucas revient à la charge et persuade Spielberg d'intégrer des êtres venus d'ailleurs ou d'une autre dimension. Il souhaite aussi recycler l'idée du crâne de cristal prévue pour la troisième saison du jeune Indy. Les scénaristes M. Night Shyamalan (réalisateur de Sixième sens), Tom Stoppard et Stephen Gaghan sont engagés pour les différentes versions. Familier de la série sur le jeune Indy et réalisateur des Evadés, Frank Darabont arrive sur le projet en 2003 et propose Indiana Jones and The City of Gods toujours ancré dans les années 50. Indy a épousé Marion, ils ont une fille de 13 ans et se heurtent à d'anciens nazis convoitant un crâne de cristal. Les idées les plus farfelues ne manquent pas dans le script : un OVNI poursuit le biplan d'Indy et Marion, Indy face à un serpent géant et un final plus surprenant où le héros tire sur le visiteur de l'espace pour règler le problème.
L'histoire plaît à Spielberg mais Lucas la rejette. Certains éléments sont conservés alors que Darabont est remplacé par Jeff Nathanson qui livre son ébauche (The Atomic Ants) et crée le personnage de Mutt. Après moult rebondissements, David Koepp reprend la main pour un script intitulé Indiana Jones and the Destroyer of Worlds qui est finalement validé par le duo. Le récit est inspiré par une légende sur les anciens Mayas adorateurs de 13 crânes de cristal qui possèderaient des pouvoirs psychiques et spirituels. Des titres de travail comme City of Gods, Destroyer of Worlds, Fourth Corner of the Earth, Lost City of Gold et Quest for the Covenant sont alors déposés par Lucasfilm.
Outre les retours d'Harrison Ford et de Karen Allen, Sean Connery est approché mais refuse de revenir et Kate Capshaw devait reprendre le rôle de Willie Scott. Natalie Portman était pressentie  pour interpréter la fille d'Indy tandis que Kevin Costner aurait pu devenir son frère malveillant. Les noms de Sandra Bullock, Michelle Yeoh, Calista Flockhart ou Virginia Madsen circulent également dans les rumeurs de casting. Au final, les personnages de Mutt Williams, Irina Spalko et George McHale sont incarnés par Shia LaBeouf, Cate Blanchett et Ray Winstone.
Le tournage de Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal se déroule entre le 18 juin et le 11 octobre 2007. Les prises de vue ont lieu dans le Nouveau-Mexique, à New Haven (Connecticut), à Hawaï et à Fresno (Californie). Doté d'un budget de 185 millions, ce quatrième volet est sorti le 21 mai 2008 en France.
Un retour raté
Pendant presque deux décennies, Rick O'Connell et Benjamin Gates ont vainement tenté de ravir la place de notre héros. Au terme d'une laborieuse gestation, Steven Spielberg et George Lucas ont enfin livré ce nouvel opus situé dans l'Amérique du Maccarthysme et rendant hommage aux séries B fantastiques des années 50. Mais force est de constater que si le spectateur aura plaisir à retrouver Indy face aux russes, la déception risque également d'être au rendez-vous au vu du résultat final car pour une majeure partie, les attentes générées n'ont pas été comblées.
Optant pour un style de mise en scène à l'ancienne, ce quatrième épisode se veut un divertissement certes bien rythmé mais sans saveur et pêche cruellement par son absence d'originalité tout en ayant perdu l'aura mystique qui faisait le sel des précèdentes aventures. Après la tonitruante séquence d'ouverture, l'intrigue déroule le classique schéma narratif sans toutefois proposer une course-poursuite avec énigmes et indices qui captivent. L'autre aspect négligé se reflète dans la relation entre Indy et Mutt qui laisse totalement indifférent. Si les rappels à la trilogie (l'Arche, les portraits), la série (Pancho Villa) voire l'univers étendu ne sont pas oubliés, le duo Spielberg/Lucas flirte également avec la fibre nostalgique à travers les clins d'œil à American Graffiti et Rencontres du 3ème type. Côté action, le spectacle est assuré grâce au florilège de cascades et de péripéties qui jalonnent le parcours mais ces scènes perdent leur virtuosité en versant dans la surenchère et le farfelu en plus d'incrustations numériques souvent médiocres. Devant la caméra, Harrison Ford mène la barque avec énergie et trouve un adversaire à sa hauteur en la personne de l'impeccable Cate Blanchett incarnant avec élégance la redoutable Irina Spalko. Il faut hélas déplorer la fadeur des personnages de Shia LaBeouf, Ray Winstone, John Hurt et surtout Karen Allen qui ne parvient pas à renouer avec l'excellent niveau du premier film.
Au regard de l'attente suscitée, Le Royaume du crâne de cristal s'affiche comme le talon d'Achille de la tétralogie et peine à perpétuer le souffle épique d'antan. Les principales raisons étant son manque d'ambition scénaristique, le désintérêt total pour les protagonistes et des enjeux sans la moindre originalité. Le seul intérêt du long métrage réside dans la satisfaction de revoir un charismatique Harrison Ford en tenue de baroudeur après tant d'années car l'esprit de la saga semble s'être dilué dans un ensemble beaucoup trop fantaisiste.
L'UNIVERS ETENDU
Les aventures d'Indiana Jones se sont également prolongées par le biais d’une série de romans (Milady), de bandes dessinées (Delcourt) et de jeux vidéo (LucasArts). D'autres romans (Ballantine, Bantam, Del Rey) et comic-books (Marvel, Dark Horse) publiés en anglais sont répertoriés sur le site IndySaga. Ci-dessous, la liste des parutions françaises dans l’ordre chronologique de la saga :
ANNEE
TITRE
EDITEUR
1908-1910
Les aventures du jeune Indiana Jones (novélisations) :
1908 : Dans la vallée des rois (Megan & H.W. Stine)
1909 : Le pisteur Massaï (A.L. Singer)
Paramount
Fleurus
1912
I.Jones Jr sur le Titanic (Les Martin)
I.Jones Jr & le trésor des pirates (J.N. Fox)
I.Jones Jr & le fantôme du Klondike (Jérôme Jacobs)
I.Jones Jr & l'ampoule radioactive (Richard Beugné)
Hachette / Bibliothèque verte
1913
I.Jones Jr & les chevaliers fantômes (William McCay)
I.Jones Jr & le tombeau du pharaon (Les Martin)
I.Jones Jr & la météorite sacrée (Richard Beugné)
I.Jones Jr & la princesse fugitive (Les Martin)
I.Jones Jr & l'enfant lama (Richard Beugné)
I.Jones Jr & l'ermite du Colorado (Megan & H.W. Stine)
I.Jones Jr & le trésor de la plantation (William McCay)
I.Jones Jr & le violon du Metropolitan (Jérôme Jacobs)
I.Jones Jr & le triangle des Bermudes (Jérôme Jacobs)
I.Jones Jr contre les druides noirs (William McCay)
Hachette / Bibliothèque verte
1914
I.Jones Jr aux portes de l'enfer (Megan & H.W. Stine)
I.Jones Jr & le masque de fer (Les Martin)
I.Jones Jr contre le roi Zed (Les Martin)
I.Jones Jr & la croix de rubis (William McCay)
I.Jones Jr & la montagne de feu (William McCay)
I.Jones Jr contre le dragon chinois (William McCay)
I.Jones Jr & l'œil du tigre (William McCay)
Hachette / Bibliothèque verte
1915
I.Jones Jr & le spectre de Venise (Jérôme Jacobs)
Hachette / Bibliothèque verte
1916-1920
Les aventures du jeune Indiana Jones :
- Les novélisations :
1916 : Le messager de Verdun (Les Martin)
1916 : La marche maudite (Les Martin)
1917 : La lettre secrète (William McCay)
1917 : Révolution (William Gavin Scott)
Paramount
Fleurus
1922
1. Péril à Delphes (Rob McGregor)
Milady
1924/1928
5. La malédiction de la licorne (Rob McGregor)
Milady
1925
2. La danse des géants (Rob McGregor)
Milady
1926
3. Les sept voiles (Rob McGregor)
Milady
1927
4. L'Arche de Noé (Rob McGregor)
Milady
1928
6. Le monde intérieur (Rob McGregor)
Milady
1930
7. Les pirates du ciel (Martin Caidin)
Milady
8. La sorcière blanche (Martin Caidin)
Milady
Indiana Jones Aventures 1
Delcourt
1931
Indiana Jones Aventures 2
Delcourt
1933
9. La pierre philosophale (Max McCoy)
Milady
10. Les oeufs de dinosaure (Max McCoy)
Milady
1934
11. La terre creuse (Max McCoy)
Milady
12. Le secret du Sphinx (Max McCoy)
Milady
1935
La tombe de l'Empereur
LucasArts
Le temple maudit :
- Le roman (James Kahn)
- Adaptation BD
Paramount
Le Livre de Poche
Carrere / Marvel
1936
Le tombeau des dieux
Delcourt
Les aventuriers de l'Arche perdue :
- Le roman (Campbell Black)
- Adaptation BD
Paramount
Hachette / Bibliothèque verte
Dynamisme Presse Edition
1938
La dernière croisade :
- Le roman (Rob McGregor)
Paramount
Presses Pocket
1939
Le mystère de l'Atlantide
LucasArts
Le sceptre des rois
LucasArts
1947
La machine infernale
LucasArts
1950
Les aventures du jeune Indiana Jones
Paramount
1957
Le royaume du crâne de cristal :
- Le roman (James Rollins)
- Adaptation BD
Paramount
Milady
Delcourt
1990
Les aventures du jeune Indiana Jones
Paramount
LIENS
Biographie de Harrison Ford (1942-?)
Indiana Jones 40 ans :
les comics Marvel & Dark Horse