Alec Guinness - Les Héros de l'Ecran

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Sir Alec Guinness avait fondé sa carrière sur des principes de modestie et de discrétion. Celui qui était surnommé ingénieusement l'homme aux cent visages ou le génie du déguisement, avait réussi à effacer sa personnalité (qui ne manquait pourtant pas d'humour) pour se fondre dans le moule de ses personnages. Ce surdoué de la scène britannique aux choix éclectiques, est devenu en 66 ans de carrière une référence incontournable, le modèle d'un perfectionniste unique en son genre.

Alec Guinness naît à Londres le 2 avril 1914 et vit une enfance malheureuse en raison de parents indifférents à son sort. A 16 ans, il se découvre une passion pour le théâtre et doit travailler comme rédacteur dans une agence de publicité afin de financer ses cours d'art dramatique et de pouvoir assister à diverses représentations théâtrales. Il devient par la suite membre de la troupe du théâtre de l'Old Vic. Sous la direction de John Gielguld, Guinness débute sa carrière théâtrale en 1934 dans deux pièces écrites par William Shakespeare : Hamlet où il est Osric et La nuit des rois qui révèle chez lui un véritable talent comique. Il demeure 18 mois dans cette troupe avant de s'engager dans la Royal Navy pour prendre part à la seconde guerre mondiale. En 1946, il fait sa première apparition à l'écran dans Les grandes espérances, une adaptation par David Lean du roman de Charles Dickens, où il a les traits d'Herbert Pockett. Cette prestation lui vaut d'être saluée par la critique. Deux ans plus tard, une nouvelle fois dirigé par Lean, il est le Fagin d'Oliver Twist. En 1949, il accomplit la performance de tenir les huit rôles simultanés des membres de la famille D'Ascoyne dans Noblesse oblige de Robert Hamer. Il est alors reconnu comme l'un des plus talentueux interprètes de la comédie anglaise.

En 1957, il remporte l'Oscar du meilleur acteur pour sa composition de l'inflexible colonel Nicholson dans Le pont de la rivière Kwai, basé sur le récit de Pierre Boulle et mis en scène par David Lean. En 1959, il est anobli par la reine et nommé chevalier pour sa contribution à l'art dramatique. Il enchaîne ensuite sur des superproductions, comme Lawrence d'Arabie en 1962 (où il prend les traits du prince Feisal) et Docteur Jivago en 1966. A partir de 1977, il devient pour George Lucas, le vieux maître Jedi Ben Kenobi qui initie le jeune Luke Skywalker aux vertus de la Force dans la trilogie de La Guerre des étoiles, rôle qui le rend populaire auprès des jeunes cinéphiles mais qu'il trouve pourtant sans intérêt. A la télévision, il incarne à deux occasions en 1979 et 1981, l'espion George Smiley, héros du romancier John Le Carré. Il apparaît une dernière fois en 1994 dans Témoin muet d'Anthony Waller avant de prendre sa retraite en 1997 pour écrire son autobiographie au titre non dénué d'humour : Mon nom m'échappe, ou les mémoires d'un acteur à la retraite. Sir Guinness coopére en tout à six films de David Lean et donne la réplique à de nombreuses figures mythiques du 7ème art telles que Richard Burton, Elizabeth Taylor ou encore Grace Kelly.

Dans la vie privée, il est marié depuis 1938 avec l'actrice Merula Salman, qui lui donne un fils prénommé Matthew. Outre son Oscar de 1957, il totalise de nombreux prix pour ses prestations dont un Golden Globe, un British Award et une Coupe Volpi en 1958 à la Mostra de Venise. Il est nominé quatre fois aux Oscars (dont une pour le rôle du maître Jedi) et reçoit deux récompenses pour l'ensemble de sa carrière : un Oscar d'honneur en 1980 et un prix aux European Film Awards en 1996. En 1988, un hommage lui est également rendu à Berlin. Avec un palmarès aussi exemplaire, Sir Alec Guinness rejoint ainsi le panthéon des plus brillants comédiens de l'école shakespearienne. Le 5 août 2000, sous les signes de Shakespeare, Lean et Lucas, une étoile du cinéma britannique s'est éteinte à 86 ans.

1934 Prima Donna (V.Saville)
1946 Les grandes espérances (D.Lean)
1948 Oliver Twist (D.Lean)
1949 De la coupe aux lèvres (C.Frend)
1949 Noblesse oblige (R.Hamer)
1950 Moineau de la Tamise (J.Negulesco)
1950 Vacances sur ordonnance (H.Cass)
1951 L'homme au complet blanc (A.Mackendrick)
1951 De l'or en barres (C.Crichton)
1952 Trois dames et un as (A.Bennett)
1953 The Square Mile (narrateur)
1953 Tonnerre sur Malte (B.Desmond Hurst)
1953 Capitaine Paradis (A.Kimmins)
1954 L'an un d'un festival (M.Parker)
1954 Détective du bon Dieu (R.Hamer)
1955 Deux anglais à Paris (R.Hamer)
1955 Rowlandson's England (J.Hawksworth) (narrateur)
1955 L'emprisonné (P.Glenville)
1955 Tueurs de dames (A.Mackendrick)
1956 Le cygne (C.Vidor)
1957 Le pont de la rivière Kwaï (D.Lean)
1957 Il était un petit navire (C.Frend)
1958 De la bouche du cheval (R.Neame)
1959 Le bouc émissaire (R.Hamer)
1959 The Bachelor's Baby (D.Powell)
1960 Les fanfares de la gloire (R.Neame)
1960 Notre agent à La Havane (C.Reed)
1961 Le gentleman en kimono (M.LeRoy)
1962 Lawrence d'Arabie (D.Lean)
1962 Les mutinés du Téméraire (L.Gilbert)
1964 La chute de l'empire romain (A.Mann)
1965 Situation désespérée, mais pas sérieuse (G.Reinhardt)
1965 Le docteur Jivago (D.Lean)