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SCIENCE-FICTION
A SOUND OF THUNDER (2005) de Peter Hyams avec Edward Burns, Catherine McCormack, Ben Kingsley.
Tout comme celle de son confrère Philip K. Dick, l’œuvre littéraire de Ray Bradbury a souvent inspiré le cinéma. Parmi les principales adaptations figurent ainsi Le météore de la nuit (1953) de Jack Arnold, Fahrenheit 451 (1966) de François Truffaut, L’homme tatoué (1969) de Jack Smight, Chroniques martiennes (1979) de Michael Anderson et La foire des ténèbres (1983) de Jack Clayton. Ayant déjà exploré le terrain de la science-fiction avec Outland, 2010 ou Timecop, le réalisateur Peter Hyams s’est intéressé à une nouvelle parue en 1952 et intitulée Un coup de tonnerre.
Chicago 2054 : la société Time Safari propose à des clients fortunés de chasser une espèce préhistorique grâce à un voyage dans le temps. Lors d’une expédition, un des touristes va accidentellement provoquer un bouleversement irréversible dans l’écosystème qui changera l’histoire de l’humanité. L’expert Travis Ryer et la scientifique à l’origine de la machine vont tenter l’impossible pour inverser le processus.
Il faut avouer que Peter Hyams avait habitué le spectateur à une meilleure qualité et il n’est guère surprenant de voir que son long métrage ait été directement distribué dans le circuit vidéo. Le scénario présentait pourtant un potentiel intéressant en exploitant un postulat sur la théorie de l’effet papillon. Ce qui devait être au départ une série B sympathique s’est muée en navet de classe Z. Depuis La fin des temps, Peter Hyams est passé du statut d’habile artisan à celui de faiseur médiocre.
Ce qui frappe d’emblée, ce sont les plans numériques d’une laideur incroyable. Les effets spéciaux semblent dater d’une époque révolue que ce soit dans le cadre futuriste très peu crédible et cette allée temporelle où surgit un dinosaure de pacotille à mille lieux du terrible tyrannosaure de Jurassic Park. Si la première partie s’enlise dans une intrigue bavarde, la seconde se montre beaucoup plus haletante mais ne réserve quasiment aucune surprise quant à son issue. Toutefois, l’atmosphère nocturne est propice à dévoiler un terrifiant bestiaire de créatures mutantes assez variées. Des obstacles auxquels se greffe un phénomène de vagues qui stimule les héros dans leur course contre la montre. Néanmoins, l’autre défaut majeur du film se révèle dans la prestation des acteurs qui peinent à masquer leur manque de conviction. Edward Burns (remarquable dans Il faut sauver le soldat Ryan) s’ennuie à mourir tandis que Ben Kingsley affublé d’une perruque ridicule, cabotine à plein régime. On se demande bien où est passé le talent de l’incarnation de Gandhi. Au placard diront certains.
Avec son ambition de quatre sous, A Sound of Thunder est à ranger dans la catégorie produit fauché traitant son sujet à la légère. Peut-être que Peter Hyams devrait penser à revenir dans le domaine du thriller, un genre qui ne lui allait pas si mal.
A.I. - INTELLIGENCE ARTIFICIELLE (2001) de Steven Spielberg avec Haley Joel Osment, Jude Law, Frances O’Connor.
Au XXIème siècle, l’effet de serre a fait fondre les glaciers submergeant les grandes villes. En raison de la surpopulation, les naissances sont maintenant contrôlées. Le professeur Hobby décide de créer un robot doué de sensibilité. La famille Swinton, dont l’unique fils Martin a été placé en hibernation dans l’attente d’un remède contre sa maladie, accepte d’accueillir un jeune androïde du nom de David. Henry et Monica Swinton parviennent à intégrer David mais au retour de Martin, les choses se compliquent et après quelques incidents, les parents sont forcés d’abandonner leur "fils adoptif". Sur son chemin, David accompagné de Teddy, l’ourson mécanique, rencontrera le fantaisiste Gigolo Joe et partira en quête de réponses sur l’humanité.
Le projet "A.I."
Publiée en 1969 dans un numéro spécial du Harper’s Bazaar, cette nouvelle écrite par Brian Aldiss baptisée Supertoys last all summer long (Des jouets pour l’été) se révèlera être la base scénaristique pour la première partie du film située chez les Swinton.
A la fin des années 70, alors qu’il réalise Shining, Stanley Kubrick rencontre pour la première fois, Steven Spielberg qui tourne les séquences en Angleterre des Aventuriers de l’arche perdue. L’auteur de 2001 acquière les droits de la nouvelle en 1982 et se met à travailler sur l’adaptation en rédigeant quelques notes et croquis. Les deux cinéastes converseront par téléphone sur le projet A.I. à plusieurs occasions. Kubrick fait part de son intention d’attendre que les effets numériques aient atteint un haut degré de technologie pour concrétiser son projet. Dès 1984, le dessinateur Chris Baker est engagé pour créer les scènes sous forme de story-boards qui définiront par la suite, les orientations artistiques du long métrage. En visionnant les effets spéciaux de Jurassic Park (1993), Kubrick réalise que A.I est enfin réalisable et en propose la mise en scène à Spielberg estimant que "sa sensibilité de cinéaste est plus proche de l’esprit du film". Kubrick meurt le 7 mars 1999 après le tournage de Eyes Wide Shut laissant ses notes dans un tiroir. Sa femme, Christiane approche la Warner Bros qui s’associera avec Stanley Kubrick Productions et Dreamworks pour allouer un budget approchant les 100 millions de dollars. Elle confiera le soin à Steven Spielberg qui écrira le scénario, de mener à terme le projet initié il y a vingt ans.
Les jeunes androïdes rêvent-ils d’une maman organique ?
Steven Spielberg et de Stanley Kubrick, voilà une collaboration qui augurait du meilleur. Une œuvre qui à priori promettait d’être anthologique dans le registre de la science-fiction. Pourtant après la vision de celle-ci, on ressent comme une déception comme si Spielberg était passé à côté d’un concept primordial. Car son film censé nous instruire sur l’intelligence artificielle, se présente comme un spectaculaire conte de fées futuriste où l’on a droit à une relecture de Pinocchio (thème assez répété au cas où le spectateur n’aurait pas compris le lien !). L’histoire donc de David (l’étonnant Haley Joel Osment, la révélation de 6ème sens), un androïde aspirant à devenir plus humain en partant sur les traces de la fée bleue. Un univers esthétiquement riche, parfois émouvant mais au demeurant léger dans son propos, à la limite d’une certaine naïveté.
Le prologue amorce correctement le sujet par un discours prononcé par le professeur Hobby (excellent William Hurt) sur l’utilité des robots. Dans la première partie située chez les Swinton, on pourrait affirmer qu’elle s’inspire de l’univers de Kubrick tellement l’environnement manque de chaleur à l’instar d’un David à la face angélique et dont la froideur cybernétique et le sourire programmé effraye sa mère "adoptive". L’angoisse des parents est perceptible dans leur regard et leur comportement. On retrouve aussi la rivalité entre enfants et leur intolérance envers un être différent.
David le "méca" est ensuite abandonné (sans doute, la scène la plus poignante du film) dans la forêt tel le petit poucet accompagné d’un sympathique et fidèle jouet mécanique (un ours en peluche animé par Stan Winston qui a déjà œuvré sur le cyborg de Terminator). Dans ce monde cruel, les robots sont domestiqués par la race humaine : ils sont chassés pour servir d’objets de foire devant une foule en délire puis déchargés dans un cimetière comme de la vulgaire ferraille. Suite à l’épisode dans l’arène, David se lie avec Gigolo Joe (l’éclectique Jude Law, malheureusement très peu présent à l’écran), un robot prostitué au service des femmes.
A partir de ce moment-là, le pessimisme s’estompe et on plonge progressivement dans un monde quasi féerique : un petit tour par la chatoyante Rouge City (avec son dôme rappelant le décor d’Orange mécanique) et un vol en hélico entre les ruines d’un Manhattan englouti par les eaux (recrées en numérique par Dennis Muren, l’un des artisans d’ILM). Et enfin vient la scène clé tant attendue : la rencontre avec le créateur (Blade Runner) qui se solde par deux ou trois dialogues sans intérêt et une révélation. Encore une faiblesse du scénario : avoir minimiser le rôle de William Hurt en le rendant presque inaccessible. C’est pourtant lui le Victor Frankenstein (dans le bon sens, bien sûr) de l’histoire !
Spielberg aurait pu s’arrêter au moment où David se retrouve face à face avec la statue de la fée bleue. Au lieu de cela, il nous projette 2000 ans en avant où des extra-terrestres télépathes (Rencontres du 3ème type, E.T.) ont élu domicile sur terre. Ce qui peut agacer chez Spielberg, c’est cette volonté de vouloir finir à tout prix sur une note positive en tirant de préférence sur la corde sensible (appuyée par la musique mélancolique de John Williams) au risque de sombrer dans la mièvrerie.
A.I. peut se concevoir comme un hommage à Stanley Kubrick pas comme le prolongement de son œuvre. Les références à la filmographie de Spielberg pullulent un peu trop dans certains plans. De même que deux thèmes récurrents de ses œuvres dominent le film : l’enfance et l’oppression, on est en terrain connu. Autre problème, l’intelligence artificielle ne se limite qu’à la vision de David. Si l’enfant-robot est programmé pour aimer, en revanche, il n’est pas programmé pour évoluer (ironiquement, le T-800 de Terminator 2, une machine de guerre "s’humanisait" au contact des autres). De ce fait, la portée du message philosophique s’en trouve considérablement amoindri. En ce qui concerne la réflexion métaphysique, on se tournera davantage vers le chef d’œuvre de Ridley Scott qui lui possède ce petit supplément d’âme.
ALIEN, LE 8EME PASSAGER (1979) de Ridley Scott avec Sigourney Weaver, Tom Skerritt.
La chose sans nom.
A la fin des années 70, la science-fiction et le fantastique provoquent un véritable engouement chez le public. Ainsi des mythes comme Star Wars, Star Trek, Superman ou Mad Max prennent vie sur le grand écran. Un autre vient s’ajouter à eux, créé par un réalisateur issu du spot publicitaire et auteur des fabuleux Duellistes (1977) : ce sont Ridley Scott et son Alien. Avec un certain brio, le cinéaste choisit de faire cohabiter la science-fiction et l’épouvante car il faut bien reconnaître que son film constitue un monument d’angoisse avec son slogan désormais légendaire.
Le long métrage se déroule dans un espace clos où l’on évolue dans les couloirs labyrinthiques du Nostromo avec les membres d’équipage : l’atmosphère y est suffocante jusqu’à devenir suintante. La terreur se présente dans chaque recoin du vaisseau puisque la menace est latente. La mise en scène met les nerfs à rude épreuve car le suspense est savamment entretenu : le cinéaste met son sens de l’esthétisme au service de l’histoire et compose un subtil jeu de lumières où la peur est nourrie par l’obscurité.
Tout comme Steven Spielberg pour Les Dents de la mer, Ridley Scott prend le parti de ne dévoiler son prédateur que dans les derniers instants ou lors d’un gros plan sur une double mâchoire en acier qui annonce la mort atroce d’un ouvrier. L’Alien apparaît comme l’ennemi sans visage, celui dont la silhouette androgyne et la structure biomécanique (imaginée par le peintre suisse Hans Rudi Giger) lui permettent de se confondre comme un caméléon parmi les tuyauteries du cargo. Sorte de reptile muni d’une carapace d’insecte, il tue et traque ses proies par instinct sanguinaire. La tension progresse insidieusement car l’échappatoire semble être sans issue. Nombreuses sont les scènes qui suscitent toujours autant de vives émotions : l’exploration de l’épave inconnue, l’ouverture de l’œuf, la première apparition de la créature ou la chasse dans les conduits d’aération conservent tout leur potentiel.
L’autre argument de poids réside dans une distribution pourvue de solides interprètes : Tom Skerritt, Harry Dean Stanton, Yaphet Kotto et l’inquiétant Ian Holm, comédiens habitués aux seconds rôles trouvent ici leur pleine mesure. Mais surtout, on retiendra la révélation Sigourney Weaver qui forge son image d’héroïne emblématique, loin des archétypes féminins. Le mythe Ripley est en marche. Le seul petit bémol se révèle dans les plans extérieurs où les maquettes paraissent datées à l’instar de certains effets spéciaux de la série Cosmos 1999. Malgré ces réserves, Alien remporta un Oscar mérité pour ses effets visuels en 1980.
Hormis ses trois suites plus un crossover (Alien Vs Predator), ce premier épisode demeure une référence inégalée qui a donné naissance à de multiples ersatz. Ridley Scott mettra de nouveau à profit son art d’esthète pour Blade Runner, chef d’œuvre de réflexion sur l’intelligence artificielle.
APOLLO 18 (2011) de Gonzalo Lopez-Gallego avec Warren Christie, Ryan Robbins.
Pour son second long métrage, Gonzalo Lopez-Gallego livre sa vision sur les mystères de la face cachée de la Lune. La mission Apollo 18 est envoyée pour collecter des échantillons du sol lunaire mais bientôt, les deux astronautes sont témoins d'étranges manifestations. Dans un style expérimental évoquant le projet Blair Witch, l'histoire est racontée à travers un montage d'images d'archives fictives issues de différentes caméras. Un procédé qui a pour but de renforcer un malaise grandissant à mesure que le récit progresse. Certains spectateurs adhéreront immédiatement à cette chronique lunaire proposant quelques rebondissements. Quant aux autres, ils risquent fort de s'ennuyer devant ce panel de pellicules granuleuses.
CHRYSALIS (2007) de Julien Leclerc avec Albert Dupontel.
La science-fiction et le fantastique sont des domaines rarement explorés dans le cinéma français. L’une des tentatives les plus réussies étant l’angoissant La Machine (1994) de François Dupeyron avec Gérard Depardieu. Il apparaît donc que le premier long métrage de Julien Leclerc fasse figure de curieux objet cinématographique au milieu de comédies au rabais et niaises, de drames nombrilistes et fades ou de films d’action prétentieux et impersonnels. Bref, une production française plutôt ronflante et statique qui devient frileuse lorsqu’il faut s’éloigner des trois registres cités plus haut.
Chrysalis s’avère toutefois être étonnant et sincère tant sur le fond que sur la forme. D’emblée, le spectateur est immergé en 2025 dans un Paris sombre où l’inspecteur d’Europol, David Hoffmann traque le trafiquant Nicolov, responsable du meurtre de sa femme et se voit contraint de faire équipe avec Marie, une novice de la crime. En parallèle, la jeune Manon suit un traitement particulier sous l’œil attentif de sa mère scientifique après un violent accident de la route. Deux histoires à priori différentes qui vont pourtant converger vers une affaire trouble et complexe.
L’intrigue policière constitue le moteur et offre à plusieurs reprises d’impressionnantes scènes d’arts martiaux remarquablement chorégraphiées (par Alain Figlarz, également interprète de Nicolov). En outre, le récit assimile de manière subtile certaines références comme Les yeux sans visage, le classique de George Franju pour la relation mère-fille dans un endroit isolé, l’influence de l’œuvre Dickienne (notamment Total Recall) pour la manipulation de la mémoire sans oublier l’indispensable clin d’œil à Orange mécanique. De plus, le film surprend en invitant le spectateur à méditer sur un thème pas forcément évident : la perte d’un être cher. Malgré son potentiel, le scénario témoigne d’une linéarité parfois maladroite dans son déroulement.
D’autres arguments plaident néanmoins en faveur du film : le style de la mise en scène (caméra à l’épaule, travelling) qui s’adapte selon les endroits et les situations sans basculer dans l’expérimental, la photographie couleur cendre qui contribue à renforcer l’austérité ambiante ainsi que la vision futuriste et crédible d’une capitale déshumanisée par un catalogue d’ajouts numériques jamais superflus.
Cette tonalité sombre se retrouve aussi dans les prestations d’Albert Dupontel qui continue de varier son répertoire d’acteur en incarnant ce flic taciturne obsédé par la vengeance et de Marthe Keller en responsable de clinique aussi inquiétante que désincarnée. Seuls, la compassion de Marie Guillard et le sourire angélique de Mélanie Thierry apportent une touche d’humanité bienvenue dans cet univers feutré et par moments, claustrophobe.
En dépit de quelques réserves d’ordre scénaristique, Chrysalis s’affiche comme une initiative audacieuse grâce à la démarche esthétique de son auteur et l’intelligence du propos. Du cinéma français ambitieux sans excès de maniérisme et digne d’intérêt que l’on aimerait admirer plus souvent.
CYPHER (2002) de Vincenzo Natali avec Jeremy Northam, Lucy Liu.
Le syndrome paranoïaque.
Auteur de l’étrange Cube, le canadien Vincenzo Natali propose un thriller futuriste influencé par les œuvres de Philip K.Dick et George Orwell où il exploite les thèmes chers aux deux romanciers que sont la mémoire, la paranoïa et la manipulation.
Mais ici, pas question d’effets spéciaux ni d’univers virtuel à la Matrix, le cinéaste choisit d’imprimer sa marque en distillant une atmosphère particulièrement pesante. D’ailleurs, la mise en scène contribue grandement à renforcer ce sentiment de malaise qui règne dans un monde feutré et déshumanisé, notamment à travers ses partis pris esthétiques : effets de flous, couleurs froides voire blafardes et zones d’ombres suggestives aux relents d’expressionnisme allemand. D’autres éléments viennent s’ajouter comme les décors intemporels, l’ambiguïté permanente des protagonistes de même que la paranoïa ambiante qui installe une tension s'amplifiant durant la progression du récit. L’intrigue présente aussi l’avantage d’ouvrir de nombreux tiroirs où les tenants et les aboutissants n’apparaissent pas toujours clairement ou seulement après plusieurs visions. Tout comme le héros, le spectateur devient rapidement un pion dans l’échiquier d’un système sournois. On atteint même un sommet dans l’angoisse lors d’une impressionnante scène de séminaire incluant un traitement de choc digne d’Orange mécanique.
Habituellement confiné aux films à costumes de l’ère victorienne, Jeremy Northam se montre crédible dans le rôle de cet employé modèle qui fait fonction d’espion industriel pour le compte d’une entreprise aux activités obscures. Celui-ci sera enrôlé dans une spirale cauchemardesque où mystification rimera avec survie. Son unique salut se présentera sous la forme d’une énigmatique informatrice incarnée par la "drôle de dame", Lucy Liu. Cette descente aux enfers (le titre évoque le diable) est orchestrée avec ingéniosité et développe une intéressante métaphore sur les méthodes douteuses de certaines entreprises pour stimuler leurs commerciaux soumis à l’obligation du résultat.
Malgré son dénouement bâclé qui sombre dans le cliché, Cypher demeure avant tout un film cérébral qui prend soin d’éviter les pièges de la démonstration mais qui est pourtant susceptible de rebuter les spectateurs peu enclins aux scénarios complexes. La réalisation de Vincenzo Natali reste un bien curieux objet filmique qui fait froid dans le dos et qui ne laissera pas insensible les férus de science-fiction expérimentale.
FINAL CUT (2004) d’Omar Naim avec Robin Williams, Jim Caviezel, Mira Sorvino.
Final cut est le premier long métrage d’Omar Naim, un cinéaste qu’il va falloir suivre avec un certain intérêt car ce premier film s’avère intéressant sur plus d’un point.
Tout d’abord, on y retrouve Robin Williams qui poursuit son exploration des rôles ambigus après Insomnia et Photo Obsession. Souvent cantonné à la comédie, l’acteur avait brillamment démontré l’étendu de son talent dans le registre dramatique dans des films comme L’éveil, Jakob le menteur ou Le cercle des poètes disparus. Cette fois, il interprète Alan Hackman, un monteur de renom qui est engagé pour concevoir des films commémoratifs à partir d’une puce baptisée Zoé implantée à la naissance et enregistrant toute la vie de la personne décédée. Trop absorbé par son travail, Hackman vit dans la solitude. Lors d’un montage, il remarque un détail qui le pousse à entreprendre une enquête sur lui-même.
Parfois, il arrive que le genre anticipation se manifeste. Forte d’un propos visionnaire, cette fiction s’inscrit par son atmosphère froide voire clinique dans la veine de 1984 ou Bienvenue à Gattaca. Le scénario aborde des thèmes aussi divers que la mémoire, le pouvoir des images ou la liberté de penser. Sans oublier l’influence de l’œuvre de Philip K. Dick et on le rapprochera aussi d’un certain Strange Days où il était question d’un trafic d’émotions à partir de souvenirs.
Plongée dans un climat feutré, la mise en scène se veut intimiste car l’auteur prend le parti de se focaliser sur le traumatisme de son personnage principal plutôt que de développer une intrigue policière qui justifie l’intervention de l’énigmatique Jim Caviezel (La passion du Christ) et d’opposants à cette technologie. Dommage que l’histoire laisse tant de pistes ouvertes (l’histoire d’amour, les implications politiques) en route car le mystère s’était bien installé. Néanmoins, le réalisateur nous livre un bel essai et un exercice de style prometteur porté par le talent d’un grand comédien.
GALAXY QUEST (1999) de Dean Parisot avec Tim Allen, Sigourney Weaver, Alan Rickman.
Lors d’une convention d’une série culte de science-fiction du début des années 80 intitulée "En quête d'une galaxie", une rencontre est organisée entre les fans et les acteurs du célèbre feuilleton télévisée. Le groupe de comédiens est alors abordé par des extra-terrestres pacifiques venus chercher leur aide afin de les sauver de l’armée de Sarris, un être tyrannique.
Produite par Dreamworks (la société de Spielberg), cette histoire qui se moque de l’univers de Star Trek prend un malin plaisir à parodier les clichés de la saga (jargon technique, design de l’astronef, répliques…) ainsi que de caricaturer les personnages principaux (les mimiques des acteurs notamment celles de William Shatner et Léonard Nimoy). Toutefois cette parodie s’abstient de tomber dans la loufoquerie exploitée par Mel Brooks en 1987 dans La folle histoire de l’espace (où en l’occurrence, il s’agissait de pasticher allégrement Star Wars) et présente une idée intéressante en replaçant dans un contexte de science-fiction, des comédiens (dont Alan Rickman, génial en acteur shakespearien tombé en disgrâce, contraint de sortir des répliques ridicules comme "Par le marteau de Grabthar…") rattrapés par leur propre mythe et dépassés par la situation.
A la distribution, Tim Allen (héros du remake américain d’Un indien dans la ville) est hilarant en pseudo capitaine à la bravoure excessive et se retrouve face à une Sigourney Weaver très sobre qui incarne un personnage gardant la tête sur les épaules en toutes circonstances. On a même droit à une ou deux batailles spatiales digne de ce nom grâce aux bons soins d’ILM !
Par delà l’aspect parodique, l’histoire amène une réflexion par l’intermédiaire de ces sympathiques extra-terrestres sur l'influence de la télévision sur certaines personnes qui ne feraient plus de distinction entre fiction et réalité. Ce qui est sûr c’est que les fans de la première heure se reconnaîtront dans ce délire intergalactique !
LA GUERRE DES MONDES (2005) de Steven Spielberg avec Tom Cruise, Dakota Fanning, Justin Chatwin, Tim Robbins.
Au crépuscule de l’humanité.
Dans La Guerre des mondes publié en 1898, H.G. Wells racontait une invasion de Martiens aux formes cauchemardesques sur Londres. Le 30 octobre 1938, Orson Welles lança un canular radiophonique à partir de cette histoire provoquant une véritable panique parmi la population. En 1953, Byron Haskin porta le roman à l'écran (le film remporta l’Oscar des meilleurs effets spéciaux) avant que Roland Emmerich ne s'en inspire vaguement pour Independence Day (1996) tout de suite contré par le satirique Mars Attacks! (1996) signé Tim Burton.
Steven Spielberg revient à la science-fiction, l’un de ses genres de prédilection qui fit entrer Rencontres du 3ème type (1977), E.T. l’extra-terrestre (1982), A.I. (2001) et Minority Report (2002) dans l’histoire du cinéma mondial. La guerre des mondes marque la seconde collaboration entre Steven Spielberg et Tom Cruise après Minority Report.
Ray Ferrier travaille comme docker près de New York. Son ex-femme lui dépose ses deux enfants, Rachel et Robbie pour quelques jours et avec lesquels Ray entretient des relations conflictuelles surtout avec son fils. C’est alors que se produit un étrange orage électromagnétique. Et que le suspense commence après une brève exposition des protagonistes, la bête surgit des entrailles de la terre, réduisant en cendres tout ce qui bouge. L’exode massif commence et il ne semble y avoir aucun endroit où se cacher. La solution, c’est fuir, fuir toujours plus loin mais pour combien de temps, la fuite ne fait que reculer l’échéance de la fin du monde.
C’est ainsi que le réalisateur traduit la peur du jugement dernier, à travers le point de vue de Ray Ferrier, personnage antipathique à première vue dont l’instinct paternel de survie se décuplera avec les situations qui s’enchaînent. Laissant très peu de temps au spectateur de reprendre son souffle tout comme cette famille. Ici, pas de destructions de monuments historiques, ni d’héroïsme déplacé, l’invasion extra-terrestre n’est qu’une toile de fond servant au parcours initiatique d’un père. A juste titre, on retrouve les thèmes chers au cinéaste : l’enfance et la figure paternelle.
Steven Spielberg déploie son génie de cinéaste dans des scènes déjà classiques : on pense à celle de la voiture entourée par des gens désespérés s’agglutinant aux vitres comme des zombies, la séquence poignante du ferry ou encore celle où Ray veut empêcher son fils de rejoindre l’armée. Certains plans évoquent Jurassic Park : la sonde dans la cave ou l’œil géant émergeant des flammes alors que Ray court. Les effets numériques servent à merveille le propos et permettent à l’auteur de brosser des tableaux apocalyptiques où les tripodes agitent leurs tentacules pour dévorer l’humanité tels des cyclopes assoiffés de sang.
Le climat sous tension est renforcé par la conviction de l’interprétation. Tom Cruise laisse sa panoplie de héros narcissique pour incarner admirablement un simple humain confronté à une situation extraordinaire. La jeune Dakota Fanning fait montre d’un réel talent et plus tard dans l’histoire, l’hallucinant Tim Robbins imprégné par le rôle d’Ogilvy ajoute sa folie à une atmosphère claustrophobe. Sans oublier les clins d’œil comme les apparitions de Gene Barry et Ann Robinson (héros de la version 1953).
On pardonnera au scénario ses quelques incohérences et l’allure générale des envahisseurs qui donne une sensation de déjà-vu. Le parti pris de l’auteur est de focaliser sur le drame humain au détriment du côté spectaculaire, il livre ainsi une œuvre sombre et pessimiste sur l’homme. En de nombreux points, La Guerre des mondes se révèle être l’anti-thèse de Rencontres du 3ème type.
I, ROBOT (2004) de Alex Proyas avec Will Smith, Bridget Moynahan, Bruce Greenwood, James Cromwell.
"Je pense donc je suis." (René Descartes)
Comme de grands écrivains de science-fiction tels que Arthur C. Clarke (2001) ou Philip K. Dick (Blade Runner), l’œuvre d’Isaac Asimov (1920-1992) a fait l’objet de quelques adaptations sur grand écran : en 1966 pour Le voyage fantastique de Richard Fleischer et en 1999 pour L’homme bicentenaire de Chris Columbus avec Robin Williams. Issu du clip, le réalisateur australien Alex Proyas a démontré son goût pour l’esthétisme en signant The Crow (premier du nom) puis Dark City, magnifique hommage au cinéma expressionniste allemand. Fan de science-fiction, il s'est inspiré du Cycle des robots et notamment Les Robots, un recueil de neuf nouvelles publié en 1950.
L’intrigue se déroule à Chicago en 2035 où dans une société futuriste, les robots servent de domestiques aux hommes. Le détective Del Spooner enquête sur un meurtre maquillé en suicide qui aurait été perpétré par un robot, même si cela semble improbable au regard des trois lois de la robotique.
En visionnant la bande-annonce, on pouvait craindre le pire : un film bardé de CGI (images générées par ordinateur) et étouffé par son lot d’effets pyrotechniques à la limite du jeu vidéo grand format. Fort heureusement, le film démarre sobrement par une courte poursuite suivie d’une classique enquête policière. Dès le départ, Will Smith adopte le profil du type nostalgique à l’attitude décontractée (écart qu’on lui pardonne vu ses performances d’acteur pour Ennemi d’état et Ali) qui se met à plaisanter en toutes circonstances. Du coup, la paranoïa de son personnage envers les machines est relégué au second plan et aurait certainement gagné à être développée. Bridget Moynahan (vue dans La recrue) se montre plutôt convaincante en cartésienne scientifique et on retrouve un Bruce Greenwood en magnat d’U.S. Robotics, décidément à l’aise dans les rôles d’individu cynique et arriviste.
La grande faiblesse du long métrage provient donc d’un scénario qui puise dans de nombreuses références : Terminator, Matrix (notamment Animatrix et le court-métrage La seconde renaissance dont le postulat est identique) et même le prodigieux Metropolis. Même si la dérive technologique constitue le moteur de l’histoire, la philosophie concernant l’existence de l’intelligence artificielle est ici sous-exploitée : la question de la frontière entre l’être humain et la machine (penser, ressentir, rêver) est effleurée alors que le titre suggérait l’idée d’un point de vue cybernétique. Seuls les derniers instants arborent une dimension symbolique (la poignée de mains ou le plan avec le pont en ruines).
Il est vrai que ce que l’on retient de ce film est principalement son aspect visuel et son côté divertissement haut de gamme. Le cinéaste délaisse les tons sombres et autre ambiance gothique pour un environnement aseptisé dans les teintes de blanc et gris à l’image de l’architecture de Minority Report. Les impératifs commerciaux veillant au respect du cahier des charges, on a droit à de spectaculaires morceaux de bravoure pourtant bien éparpillés (dont une haletante poursuite dans un tunnel où Will Smith fait face à une armée de robots) dans un récit traversé par quelques moments d’émotion (Sonny l’androïde au visage étonnamment expressif) et des rebondissements plus ou moins attendus.
I, Robot reste avant tout un produit bien emballé, un peu impersonnel et sans prétention pour un blockbuster. Mais en ce qui concerne la portée métaphysique, on se pressera davantage de revoir une vraie réflexion sur l’IA exposée par Ridley Scott dans Blade Runner, un chef d’œuvre qui lui possède un petit supplément d’âme.
LA MACHINE A EXPLORER LE TEMPS (2002) de Simon Wells avec Guy Pearce, Samantha Mumba, Jeremy Irons.
New York, 1899. Suite au meurtre brutal de sa fiancée, le physicien Alexander Hartdegen s’ingénie à construire une machine à remonter dans le temps. Se rendant compte qu’on ne peut changer le passé, celui-ci part à la découverte du futur en 2030 puis il est accidentellement expédié en l’an 802701 où il est recueilli par les pacifiques Elois qui sont les esclaves des redoutables Morlocks.
A la manière de Jules Verne, Herbert George Wells (1866-1946) était considéré comme un visionnaire. Son premier roman La machine à explorer le temps (publié en 1895) s’est imposé comme une référence incontournable de l’anticipation. En 1960, George Pal s’en inspirera pour mettre en scène Rod Taylor dans un long métrage au titre éponyme qui à son tour deviendra un classique. Ayant œuvré sur Le Prince d’Egypte, le réalisateur Simon Wells (arrière petit fils du romancier) s’est donc attelé à cette adaptation modernisée avec l’aide d’un certain Gore Verbinski.
On attendait un peu plus de cette nouvelle mouture sur le plan de la réflexion car il faut bien avouer que l’ensemble demeure assez décevant. Tout d’abord, le propos ironique sur la relation cause à effet (la régression de l’espèce humaine résultant du progrès) développée dans le récit de Wells est ici effleuré. Trop convenue pour vraiment y adhérer, l’histoire manque d’originalité et de consistance en s’éloignant volontairement de l’esprit du roman. Seule l’idée de départ est intéressante : le héros voyage cette fois pour éviter une tragédie et non pas par intérêt scientifique. Dans ses péripéties, il rencontre les Elois assimilés à une tribu amazonienne et des Morlocks (créés par les studios Stan Winston), cannibales à l’aspect ridicule qui s’avèrent beaucoup moins effrayants que dans l’original. D’ailleurs, la séquence de chasse renvoie directement à celle de La planète des singes, version Burton. A travers certaines scènes, on sent pourtant une volonté de rendre hommage au cinéma d’aventures d’antan. Malgré quelques belles images dues à des effets spéciaux bien soignés (la lune en morceaux ou le voyage temporel) et l’interprétation convaincante de l’éclectique Guy Pearce, le scénario s’encombre parfois de clichés et laisse l’impression d’avoir été expédié. Ainsi, il aurait été plus opportun de développer le rôle du chef des Morlocks incarné par l’inquiétant Jeremy Irons (un quart d’heure à l’écran !) et d’approfondir le lien existant entre les deux races.
D’une vue générale, le film ne parvient donc pas à restituer l’essence du roman originel (notamment son message philosophique et son pessimisme) et se retrouve catalogué comme un simple produit de divertissement. On se pressera davantage de (re)découvrir le chef d’œuvre de George Pal, voire même se plonger dans le livre. Histoire de se faire sa propre version de cette machine à explorer le temps.
MATRIX RELOADED (2003) de Larry & Andy Wachowski avec Keanu Reeves, Carrie-Anne Moss, Laurence Fishburne.
Qu’est-ce que la Matrice ?
Lorsque Matrix débarqua en 1999, il marqua un tournant essentiel dans l’histoire des effets spéciaux et s’inscrivait comme un précurseur de la fiction sur la réalité virtuelle. Le long métrage présentait sous certains angles, une synthèse des thèmes explorés par Philip K.Dick pour la notion du virtualité, George Orwell pour la surveillance permanente ou Aldous Huxley pour la culture des embryons humains, tout en incluant quelques références mythologiques (Morpheus, divinité des rêves par exemple). Au croisement du manga et du jeu vidéo, Matrix s’imprégnait de la culture asiatique et combinait la science-fiction à l’action (merci à Sam Peckinpah pour les ralentis d’usage) avec une rare ingéniosité. On ne reviendra donc pas sur l’élaboration du Bullet Time (temps balistique), ni sur la contribution du chorégraphe Yuen Wo Ping, l’un des artisans de la renaissance du cinéma d’arts martiaux de Hong Kong. Ces scènes de combats acrobatiques étant devenues ce que l’on peut appeler le syndrome Matrix, un concept inspirant par la suite tout film d’action moderne.
En outre, Matrix possédait plusieurs analogies avec le futur sombre de Terminator : une ambiance particulièrement apocalyptique où les grandes métropoles sont enveloppées par des cieux obscurs, l’éveil de l’intelligence artificielle, un propos pessimiste sur le devenir de l’homme (son exploitation par les machines, ici en tant que source énergie) et l’initiation du libérateur. Lors du précèdent épisode, Thomas Anderson (Keanu Reeves) était libéré du joug des machines pour devenir Néo, le sauveur de l’humanité. Celui-ci était initié par Morpheus (l’impérial Laurence Fishburne) au cybermonde et découvrait l’amour auprès de Trinity (Carrie-Anne Moss). Cette fois, le trio est chargé d’une mission capitale consistant à empêcher les redoutables sentinelles d’envahir et de détruire la ville souterraine de Zion, bastion de la résistance humaine.
Les frères Wachowski rechargent les batteries pour nous en mettre plein la vue car il faut bien avouer que sur le plan visuel, Matrix 2 est une réussite. On ne peut être qu’époustouflé devant un tel déploiement de virtuosités techniques, d’effets numériques et d’exploits physiques. Le point fort de cette suite est de miser sur l’esthétisme en alignant les séquences spectaculaires : les chorégraphies sont réglées à la perfection et ne faillissent pas à la tradition du kung-fu même si elles paraissent parfois répétitives, la course-poursuite sur l’autoroute (à contresens également) est menée sans temps morts et restera un véritable morceau d’anthologie. Toutefois, le récit n’exclut pas les lourdeurs scénaristiques comme cette parade techno complètement inutile et inopportune. D’aucuns diront que cette séquelle n’est qu’un amalgame de références (le vol supersonique de Néo à la Superman) mais de nos jours, quelle œuvre d’anticipation peut se prétendre à 100% originale et dénuée de tous emprunts ?
Ce second volet nous fait découvrir la légendaire cité de Zion et présente de nouveaux personnages tels que le Mérovingien incarné par un Lambert Wilson d’humeur espiègle, accompagné d’une Monica Belluci en Perséphone élégante mais se contentant ici d’un rôle de simple guide. Bien que le discours sur l’esprit de résistance soit moins percutant, la dimension mystique subsiste (les costumes sont plus solennelles) jusqu’à la rencontre tant attendue avec l’architecte de la Matrice. L’univers devient soudainement plus difficile à cerner au travers de dialogues plutôt opaques (l’histoire ne serait-elle qu’un éternel recommencement ?) qui remettent en cause la nature des héros et l’environnement où ils évoluent. L’ensemble revêt un caractère métaphorique (des pions dans un gigantesque échiquier virtuel), au spectateur donc, de parvenir à décrypter le message. Cet épilogue nous amène à développer d’autres interrogations qui demeureront en suspens jusqu’au prochain numéro.
Ainsi Matrix Revolutions (dont la bande-annonce est dévoilée après le générique final) confirmera ou infirmera la légitimité d’une trilogie, phénomène de mode qui s’est répandu depuis les années 80. On ne boudera pas son plaisir car Reloaded apporte malgré tout son lot de divertissement.
METROPOLIS (1927) de Fritz Lang avec Alfred Abel, Gustav Frohlich, Brigitte Helm et Rudolf Klein-Rogge.
Chef d'oeuvre de la science-fiction et du cinéma muet, Metropolis se situe en l'an 2026 : alors que les ouvriers travaillent d'arrache-pied dans les souterrains, les riches se prélassent dans l'oisiveté au sommet d'immenses édifices. Freder, le fils de Johhan Fredersen, gouverneur despotique de cette cité tentaculaire est bientôt fasciné par Maria qui prêche l'espoir parmi les forçats. En la suivant, il découvre l'horreur des bas quartiers et décide de s'improviser médiateur entre l'élite et le peuple. De son côté, le père de Freder ordonne au savant fou Rotwang de construire un robot à l'image de Maria mais le scientifique a un autre dessein pour sa création : l'androïde Futura devient l'instrument de sa vengeance en usurpant l'identité de Maria et sème la révolte.
Metropolis s'apparente à une fable futuriste véhiculant un message intemporel sur les inégalités entre classes sociales (l'exploitation de la misère par les capitalistes) et empruntant à l'imagerie religieuse (la Tour de Babel, les jardins d'Eden ou la démoniaque machine Moloch) pour l'illustration. Figure emblématique de l'expressionnisme allemand, Fritz Lang s'inspire de la nouvelle de Thea von Harbou afin de traduire une vision pessimiste sur le modernisme parfois à la limite de la caricature dans un climat oscillant entre lyrisme et austérité. Le réalisateur fait preuve d'une audace artistique inédite en instaurant un éblouissant environnement graphique grâce à des effets spéciaux révolutionnaires pour l'époque et se révèle un précurseur dans l'art du cinéma à grand spectacle. Projeté d'abord en 1927, le film a connu plusieurs montages dont les durées ont varié entre 90 et 210 minutes. La plus populaire restant la version new wave signée par le compositeur Giorgio Moroder en 1984. Oeuvre phare de la SF, Metropolis a exercé une influence majeure sur des classiques comme Star Wars, Blade Runner, Robocop ou Matrix.
MISSION TO MARS (2000) de Brian de Palma avec Tim Robbins, Gary Sinise, Don Cheadle, Connie Nielsen.
En 2020, la première expédition américaine part pour explorer l’astre rouge. Sur place, l’équipe de cosmonautes se retrouve face à un étrange phénomène qui les décime. Une deuxième équipe est alors envoyé en renfort pour secourir les survivants. Aux abords de Mars, la mission de secours est confrontée à une pluie de météorites.
Le film démarre en trombe, un impressionnant serpent de sable dévorent les astronautes puis on a droit à des plans directement empruntés à 2001 : l’odyssée de l’espace (il n'y a qu'à voir le design du vaisseau spatial pour s'en convaincre). L'histoire accumule ensuite les morceaux de bravoure et entretient habilement le mystère martien durant les trois quarts du récit. C’est à ce moment-là que ça dérape et que l’émerveillement laisse place à une énorme déception en tombant dans la niaiserie la plus pathétique. Produit par la firme Disney, Mission To Mars (M2M) se veut un formidable spectacle visuel de science-fiction destiné à expliquer les origines de l’humanité à des gamins de 12 ans (ou moins ?) par un extra-terrestre (affreusement numérisé) de pacotille.
Outre ces défauts, De Palma démontre une nouvelle fois ses talents de cinéaste en misant sur quelques prouesses techniques ainsi que sur le réalisme scientifique et technologique. On retiendra également les interprétations très convaincantes et touchantes de Tim Robbins et Gary Sinise. Un dernier conseil, arrêtez le film vingt minutes avant la fin (pour le dénouement laissez divaguer votre imagination, ça vaut mieux) et peut-être que celui-ci vous laissera un agréable souvenir. La déception passée, on se demandera encore comment Brian de Palma, cinéaste émérite a pu réalisé un tel navet.
OUTLANDER, LE DERNIER VIKING (2008) de Howard McCain avec Jim Caviezel.
S’inspirant librement du conte Beowulf, Howard McCain concocte une fresque qui puise également ses influences dans Predator et Le 13ème guerrier, deux œuvres signées par le talentueux John McTiernan. L’histoire se déroule en l’an 709 dans la région norvégienne. Le vaisseau spatial de l'extra-terrestre Kainan atterrit en catastrophe libérant le féroce et sanguinaire Moorwen. Kainan se heurte à l'hostilité des vikings avant de s'allier à eux pour mettre hors d'état de nuire la créature qui sème la mort dans la tribu.
Même si le terrain paraît balisé, Outlander n’affiche pas d’autre prétention que de divertir et ravive l’esprit des séries B des années 80. En bon artisan, Howard McCain offre un récit à la mise en scène soignée, émaillé de plans somptueux (les séquences de flashback de Kainan) et illustré par une partition musicale adéquate. Quant aux scènes d’action, elles s’avèrent crédibles en dépit d’effets spéciaux parfois limités et relevés par une touche de gore. Le suspense reposant sur la présence de la bête qui épie le moindre mouvement du village afin d'approvisionner un potentiel garde-manger.
La plus grande faiblesse se révèle dans l’intrigue qui manque d’originalité voire se perd dans des situations prévisibles et des relations entre les personnages qui restent assez convenues sans toutefois entacher l’interprétation. Guerrier sans peur mais pas sans reproches, Jim Caviezel incarne cet être venu d’ailleurs avec la sobriété nécessaire. La communauté de héros scandinaves l’entourant est à l’unisson : Sophia Myles en femme forte, Jack Huston en frère d’armes et les deux transfuges de Hellboy, John Hurt en sage chef de tribu et Ron Perlman dans un rôle malheureusement trop bref.
On ne comprend donc pas pourquoi ce film n’a pas trouvé son chemin vers les salles obscures alors que d’autres productions bien plus pitoyables sont projetées sur le grand format. Pour sa part, Outlander assume parfaitement son statut d’honnête divertissement mélangeant aventure et science-fiction. Un peu comme si l'on feuilletait un bon comics.
PITCH BLACK (2000) de David Twohy avec Vin Diesel, Rhada Mitchell, Cole Hauser, Keith David.
A la suite d’une collision avec des météorites, l’équipage d’un cargo de transport atterrit en catastrophe sur une planète éclairée par trois soleils. En quête d’eau, les survivants parviennent jusqu’à un repaire déserté contenant un vaisseau de secours. Ils décident alors de repartir vers l’épave du cargo afin de ramener l’énergie nécessaire à leur salut. Mais pendant le trajet du retour, une éclipse totale fait sortir des entrailles de la planète aride, des créatures ailées aux appétits voraces.
Cette série B de science-fiction signée David Twohy (The Arrival avec Charlie Sheen) aborde l’une des peurs primaires de l’homme : la phobie du noir. Sur ce thème, le scénario emprunte quelques éléments aux célèbres oiseaux d’Alfred Hitchcock pour les réinjecter dans une intrigue futuriste. Dans une atmosphère oppressante, l’obscurité vient renforcer le suspense tandis que les mouvements nerveux de la caméra simulent habilement les attaques soudaines de cette mort ailée au look ptérodactylien. Un bon point pour le réalisateur qui a privilégié la suggestion au déballage coutumier d’animations numériques sans pour autant écarter quelques effets gores. On peut noter également une astuce dans la mise en scène : l’utilisation de filtres colorés suivant la position des trois soleils changeante au fil de l’histoire. Le film présente tout de même quelques lacunes : un scénario conventionnel et des personnages parfois caricaturaux (entre autres, le prisonnier macho et la Ripley de service).
Calibrée avant tout pour divertir, cette course poursuite saupoudrée d’humour noir réussit le pari de tenir en haleine jusqu’à la dernière minute en faisant passer un agréable moment de terreur.
LA PLANETE DES SINGES (2001) de Tim Burton avec Mark Wahlberg, Tim Roth, Helena Bonham Carter, Michael Clarke Duncan.
Le cinéaste anti-conformiste Tim Burton revisite le mythe créé en 1963 par l’écrivain français Pierre Boulle (également auteur du Pont de la rivière Kwaï) et qui avait déjà fait l’objet d’une première adaptation en 1967, suivie de quatre autres volets ainsi que d’une série télévisée. Un véritable phénomène culte qui se voulait un hymne dédié à la tolérance et aux droits de l’individu.
2029 : Un chimpanzé est envoyé dans une capsule spatiale pour un vol expérimental et disparaît mystérieusement. Leo Davidson, un téméraire astronaute embarque à bord d’une autre capsule pour aller le secourir. Pris dans une tempête cosmique, Davidson s’écrase sur une planète dont la végétation évoque celle de la Terre. Dans la jungle, un groupe d’hommes est pris en chasse par une armée de singes doués de parole. Emprisonnés dans une cage, Davidson et d’autres humains sont bientôt conduits au village où ils sont asservis par des singes civilisés. Le pilote parvient à convaincre Ari, une guenon, de l’aider à s’enfuir. Avec le cruel général Thade à leurs trousses, les fugitifs se rendent jusqu’ à Calima, la terre interdite.
On se souvient que les réalisateurs James Cameron (avec la présence au générique d’Arnold Schwarzenegger) et Chris Columbus avaient été envisagés pour une remise à jour de ce classique de l’anticipation. Si Burton s’est attaché à livrer ici un produit haut de gamme, il laisse pourtant l’impression d’avoir suivi les directives que les pontes de la Fox lui ont adressées afin de privilégier l’aspect divertissant du film. Autrement dit, si Cameron avait été crédité en tant que réalisateur à la distribution, on n’y aurait vu que du feu ! Cette nouvelle mouture risquait en effet de souffrir de la comparaison avec la précédente version. Les auteurs du script ont donc repris les grandes lignes de l’aventure pour concocter une transposition modernisée même si le discours humaniste est ici effleuré. Malgré cela, l’ensemble fonctionne honorablement durant les trois quart du récit : une mise en scène épique, des effets spéciaux au pixel près (ILM oblige), des décors impressionnants et surtout un remarquable travail rendu par les acteurs sur le comportement simiesque derrière leurs maquillages au poil (Rick Baker, qui avait déjà officié sur Le loup-garou de Londres en 1977). Et puis il survient une accélération brutale au niveau scénaristique, les révélations s’enchaînent (presque à vitesse lumière) jusqu’au dénouement (se révélant plus fidèle au roman de Boulle que le final symbolique de Franklin J. Schaffner). Le problème est qu’avec ces ellipses, on a tendance à s’emmêler avec les paradoxes temporels. Flairerait-on déjà un Retour à la planète des singes ?
Mais ne boudons pas notre plaisir, cette fresque futuriste assure un spectacle à l’esthétisme soigné même si elle n’a vocation qu’à être un blockbuster. Toutefois, cette œuvre restera sans doute comme la plus impersonnelle dans la filmographie de Burton.
LA PLANETE DES SINGES : LES ORIGINES (2011) de Rupert Wyatt avec James Franco, Andy Serkis.
L'œuvre de Pierre Boulle inspire ce septième chapitre de la saga qui revient sur les prémices de l'avènement des singes. Le scientifique Will Rodman travaille sur un traitement anti-Alzheimer qu'il expérimente sur un jeune chimpanzé baptisé César. Le primate grandit et montre bientôt les signes d'une intelligence supérieure. Le film de Rupert Wyatt relate l'émouvante relation de César avec son mentor (James Franco tout en retenue) puis son cheminement vers la conquête de la liberté. Côté effets spéciaux, le spectateur ne pourra qu'être impressionné par les expressions de César joué par Andy Serkis et par la révolte simiesque dans la ville de San Francisco. Cet épisode constitue une agréable surprise et démontre que l'on peut allier divertissement avec un propos intelligent.
PLANETE ROUGE (2000) de Anthony Hoffman avec Val Kilmer, Carrie-Anne Moss, Tom Sizemore, Terence Stamp.
An 2050, la pollution continue de ravager la Terre. La NASA a mis au point le projet Terraforma afin de convertir l’atmosphère de Mars et d’apporter une solution salutaire à la survie de l’humanité. A la suite d'une défaillance de ce projet, le vaisseau Mars One est envoyé en éclaireur. Un équipage composé de quatre astronautes opérant dans différents domaines, AMEE, un étrange robot et le commandant Bowman se lancent dans l’expédition. Aux alentours de Mars, ils se retrouvent pris dans une tempête électromagnétique. Forcés de se poser en catastrophe sur le sol martien, ils seront confrontés à son environnement hostile.
Après le très naïf Mission To Mars, voici la deuxième expédition hollywoodienne pour la terre martienne qui se solde encore par un cuisant échec. En introduction, une voix-off expédie un propos assez sommaire (l’homme est un pollueur universel, mais on le savait déjà !). L’élément de base (les algues implantées dans le but d’oxygéner Mars) aurait gagné à être plus amplement développé. Ensuite le scénario reprend le fil conducteur de M2M à la différence que cette fois-ci, le commandant de cette bande de héros virils est une femme à la forte tête. On passera sur l'intrigue trop linéaire malgré le jeu crédible des acteurs (dont l’excellent Tom Sizemore et Terence Stamp dans un rôle assez furtif). Même les magnifiques paysages australiens évoquant le relief martien ne suffisent pas à combler le vide scénaristique.
En somme, ce produit de science-fiction de seconde zone écoule son lot habituel d’effets spéciaux, de personnages stéréotypés et de morceaux de bravoure. Le filon martien s’épuiserait-il déjà ? On peut toutefois espérer que la célèbre planète rouge ne deviendra pas une terre de rengaine.
PROMETHEUS (2012) de Ridley Scott avec Noomi Rapace, Michael Fassbender, Charlize Theron.
Avec Alien puis Blade Runner, Ridley Scott avait hissé le cinéma de science-fiction sur un piédestal. Le réalisateur a décidé de revenir aux prémices de la saga qu'il a initiée sans toutefois vouloir arpenter le domaine de la préquelle actuellement très à la mode.
Passé la scène d'ouverture sur l'origine de l'espèce humaine, le récit prend un démarrage intéressant avec la découverte de coordonnées stellaires qui mènent un groupe d'explorateurs sur une lointaine planète. Mais une fois les secrets d'un mystérieux dôme révélés, la suite apparaît beaucoup moins enthousiasmante. Le scénario se perd dans les situations incohérentes et s'emmêle avec les références forcées au premier film de la série. L'intrigue s'attarde sur les bavardages mêlant religion, science et philosophie, les personnages secondaires apportent très peu de consistance et le concept du créateur extra-terrestre s'avère complètement bâclé.
Dans l'ensemble, la direction artistique et les effets visuels sont particulièrement soignés même si le design des différentes créatures manquent parfois d'inspiration et s'éloignent de l'esprit graphique de Giger. Quant aux acteurs, Noomi Rapace en scientifique à la foi inébranlable et Michael Fassbender en ambigu androïde n'ont aucune peine à s'imposer face au reste de la distribution. Cette aventure planètaire captive finalement peu et laisse un goût de déjà-vu. La déception est donc à la hauteur de l'attente.
PROMOTHEUS : COMMANDO STELLAIRE (2009) de Sandy Collora avec Clarke Bantram, Damien Poitier.
Spécialiste des effets spéciaux dans les grosses productions, Sandy Collora avait créé la surprise en 2003 avec le court-métrage Batman Dead End où le justicier de Gotham se retrouvait face à un Predator et un Alien. En 2009, il est passé au format long avec Hunter Prey doté d'un budget modeste et tourné en 18 jours au Mexique.
L'histoire débute alors que le vaisseau spatial Prometheus explose en orbite. Une capsule de sauvetage parvient à atterrir sur la planète inconnue. Les survivants dont trois soldats humanoïdes ont pour mission de retrouver un prisonnier qui s'est échappé après le crash. Mais bientôt, une tension s'installe entre le commandant et son lieutenant.
Sandy Collora convie le spectateur à une version futuriste du jeu entre le chat et la souris ayant pour cadre un désert et son soleil écrasant. Le réalisateur insuffle du rythme malgré une baisse de régime en milieu de parcours et met en valeur les décors naturels dans un montage privilégiant la sobriété. La traque n'apparaît pas seulement physique mais elle devient un affrontement psychologique entre le chasseur et sa proie où la nature des protagonistes et les enjeux sont dévoilés à mesure que le récit se déroule. Chacun de leur côté, les comédiens amateurs Clarke Bantram (Batman dans le court-métrage cité précèdemment) et Damien Poitier apportent la crédibilité nécessaire à leur personnage engagé dans cette course poursuite.
Le film témoigne manifestement une volonté de rendre hommage au cinéma de science-fiction de la période 70-80 (Star Wars n'y échappe pas) et distille ses références sans qu'il y ait une quelconque lourdeur. Le côté esthétique est également soigné que ce soit pour les costumes et les maquillages ainsi que dans le final visuellement réussi. Un autre élément est la participation vocale d'Erin Gray qui fut la séduisante Wilma Deering de la série Buck Rogers.
Hunter Prey démontre qu'avec un certain sens de l'ingéniosité et de bonnes idées, un réalisateur peut concevoir une série B digne d'intérêt et au vu du remarquable potentiel, on peut espèrer que Sandy Collora bénéficiera de moyens plus importants pour son prochain long métrage.
READY PLAYER ONE (2018) de Steven Spielberg avec Tye Sheridan, Olivia Cooke, Ben Mendelsohn.
Steven Spielberg restera parmi les plus grands réalisateurs et le précurseur du divertissement de qualité. Le spectateur a frissonné devant Les Dents de la mer ou Jurassic Park, a été émerveillé par les Rencontres du 3ème type, a jubilé devant Indiana Jones et a été ému par le soldat Ryan ou Oskar Schindler. Sa filmographie est exemplaire et tout cinéphile se doit de la posséder. Alors qu'il planchait sur une adaptation du roman Robopocalypse qui semblait prometteuse, il a choisi de transposer le livre d'Ernest Cline qui flirte avec la nostalgie.
Le cinéaste opte pour une démarche opportuniste dans le but de revenir au sommet du box-office et se refaire une nouvelle jeunesse auprès du public. Le film se veut une célébration de la culture pop mais le scénario s'avère creux, déroulant une intrigue insipide et remplie de clichés notamment dans l'écriture des protagonistes. Son principal intérêt étant de flatter la geekerie à travers un gavage de références et de caméos (un Robocop par ci, un Spawn par là) sans la moindre subtilité dans un marasme numérique qui donne l'impression de visionner une longue cinématique de jeu vidéo à 175 millions de dollars.

Mais où est donc passé le grand Spielberg, virtuose de la mise en scène, magicien de l'image et pourvoyeur d'émotions ? Car son long métrage n'est jamais loin du style d'un Michael Bay ou d'un faiseur de l'industrie hollywoodienne. Lui qui prédisait la fin des super-héros au cinéma et prône le retour au réel alors qu'il se contente ici de recycler des icônes dans une soupe indigeste et consensuelle. A l'instar du compositeur Alan Silvestri (Retour vers le futur, Predator) dont les partitions se cantonnent souvent à l'autocitation.

Si la forme n'est pas glorieuse, le fond n'est pas plus défendable. Des thèmes comme les dangers de la technologie et l'accoutumance virtuelle ne sont jamais clairement abordés ou alors tartinés d'une grosse couche de mièvrerie. Le héros apparaît tel un rebelle sans cause (clin d'œil à James Dean) embarqué dans une quête pour la gloire et l'argent d'où ne ressort aucun enjeu majeur pour cette société en déliquescence. Les talentueux Tye Sheridan et Ben Mendelsohn font ce qu'ils peuvent mais ils sont plutôt mal servis par leur personnage caricatural. Au moment fatidique, leur vision du capitalisme ne sera pas si différente. Les actionnaires ont eu chaud, un discours plutôt cynique mais proche de la réalité.
Certains apprécieront cette profusion visuelle et parleront de film culte voire révolutionnaire alors que son propos est ridiculisé par le Matrix des Wachowski plus profond dans sa réflexion sur le devenir de l'humanité. Les autres exprimeront leur dithyrambe sur la maestria de la réalisation mais laquelle ? Cette succession de plans désincarnés créés par ILM ? Récemment, Mad Max: Fury Road proposait une histoire certes minimaliste mais George Miller offrait un spectacle plus ébouriffant avec des prises de vue réelles.
La déception se révèle énorme tant l'overdose graphique côtoie la vacuité du script dans ce produit formaté qui devrait plaire aux profanes comme aux initiés. Le réalisateur ne semble pas vouloir s'arrêter dans le divertissement sans prises de risques puisqu'il commencera le tournage d'un cinquième Indiana Jones, un projet qui laisse plus que perplexe sur de nombreux points.
ROLLERBALL (2002) de John McTiernan avec Chris Klein, LL Cool J, Jean Reno.
Dans les années 80, John McTiernan s’est forgé une solide réputation d’artisan du film d’action avec Piège de cristal puis Predator. En 1999, il avait signé un remake de L’affaire Thomas Crown (1968), réalisé à l’origine par Norman Jewison. La filmographie de ce cinéaste semble visiblement l’inspirer puisqu’il s’est attelé à une mise à jour du Rollerball datant de 1975 et qui se basait sur le récit d’anticipation de William Harrison.
L’histoire se situe en 2005, Jonathan Cross est un adepte des sports extrêmes. A la suite d’une altercation avec la police, il décide de partir avec son ami Marcus Ridley vers le Kazakhstan en Asie centrale. Là-bas, l’homme d’affaires Alexi Petrovich a créé un nouveau jeu : le Rollerball, un mélange de hockey et de football américain sur patins à roulette. Jonathan s’engage dans le tournoi et devient la vedette de son équipe mais il découvre bientôt que la gloire a ses revers.
D’emblée, cette mouture subira l’inévitable comparaison avec l’original. Ainsi, le spectateur est entraîné dans un enchaînement de séquences d’action parfois chaotiques et appuyées par une bande son alternant le rap et la techno. Il faut avouer qu’au bout d’un quart d’heure, on ressent un certain manque de fluidité dans le récit, cela étant dû principalement au remontage imposé par les producteurs. Mais à ce stade-là, on parlera plutôt de charcutage même si c’est la version non censurée qui est présentée ici. D’ailleurs, on peut se remémorer l’épisode du Treizième guerrier qui lui aussi avait été amputé de plusieurs minutes.
Le résultat est donc plus que décevant. En effet, le long métrage de McTiernan n’atteint pas son but, lui qui se voulait une charge féroce contre la médiatisation de la violence. Comme dans les temps antiques, la foule contemple les gladiateurs s’affronter dans l’arène jusqu’à la mort et acclame son champion. Ici, le public réfrène ses instincts primaires dans ces jeux du cirque futuristes. Derrière les tribunes, des actionnaires misent sur l’audience des matchs, modifiant les règles de la partie afin de faire monter l’adrénaline. Là où Norman Jewison livrait une œuvre visionnaire et cynique tout en faisant passer son message avec subtilité, McTiernan lui se montre un peu plus démonstratif (les plans répétitifs des écrans où s’affichent les chiffres de l’audimat) et plus soucieux de soigner la forme que le fond. Toutefois, ce dernier démontre qu’il n’a pas perdu la main en la matière notamment dans la scène d’ouverture se déroulant à San Francisco. La distribution ne fait pas non plus pour relever le niveau : Chris Klein se révèle un piètre successeur de James Caan, manquant de charisme et de prestance de même que Jean Reno en magnat russe finit par tomber dans la caricature à force d’user de grimaces outrancières.
Bref, ce Rollerball édition 2001 se retrouve catalogué comme un produit de divertissement sans consistance où en comparaison, Running Man passerait presque pour une excellente série B. On vous conseillera de (re)découvrir la première version devenue un classique certes plus kitsch mais sans aucun doute plus réaliste et plus intéressant.
S1M0NE (2002) de Andrew Niccol avec Al Pacino, Catherine Keener, Evan Rachel Wood.
Le miroir aux alouettes.
Andrew Niccol semble s’être spécialisé dans la thématique de la mystification. En 1997, il avait signé le scénario de Truman Show dans lequel Jim Carrey était leurré par l’environnement et les personnes qui l’entourait. La même année, il avait réalisé son premier long métrage intitulé Bienvenue à Gattaca où Ethan Hawke prenait la place de Jude Law et trompait un monde régi par la perfection génétique.
Dans S1M0NE (abréviation du logiciel Simulation One), Viktor Taransky, un metteur en scène tombe en disgrâce lors du tournage de son dernier film. Il trouve pourtant le salut grâce à un programmeur informatique qui lui lègue son ultime création : une actrice virtuelle (à l’écran, Rachel Roberts, non créditée au générique) ayant la capacité de reproduire les mimiques et le jeu des plus grandes actrices, d’Audrey Hepburn à Grace Kelly, en passant par Marilyn Monroe, Sophia Loren et Lauren Bacall, pour ne citer qu’elles. Le succès aidant, la notoriété de sa créature numérisée prend de l’ampleur et notre réalisateur se retrouve bientôt dans la position de l’arroseur arrosé. Aurait-il vendu son âme au diable ?
Ainsi Andrew Niccol propose non seulement une fable caustique sur l’usine à rêves que représente Hollywood mais également une satire sur la célébrité et ses travers. Par exemple, on y retrouve quelques personnages à la limite de la caricature comme ces journalistes avides de scoops ou cette actrice capricieuse à outrance (Winona Ryder dans deux courtes apparitions convaincantes). En outre, le récit glisse une intéressante réflexion sur le pouvoir manipulateur des images. Coutumier des registres du drame et du polar, Al Pacino démontre qu’il peut s’illustrer dans la comédie avec une parfaite aisance. Il faut le voir tenir des monologues devant sa comédienne digitale ou se démener comme un beau diable et déployer des trésors d’ingéniosité (parfois farfelus) afin de sauvegarder son secret.
S1M0NE est une œuvre à découvrir qui réunit avec une certaine habileté la comédie et l’anticipation, adoptant en permanence un ton pour la dérision tout en conservant son aspect visionnaire.
STAR TREK NEMESIS (2002) de Stuart Baird avec Patrick Stewart, Brent Spiner, Jonathan Frakes, Tom Hardy, Ron Perlman.
A bord de l’Entreprise, Jean-Luc Picard et son équipage se rendent vers la planète Romulus afin de restaurer les liens diplomatiques entre la Fédération des Planètes Unies et l’Empire Romulien, son ennemi juré. Ils rencontrent alors le Praeter Shinzon qui leur propose la paix mais ce dernier cache d’autres desseins.
Dans le sillage de l’Entreprise.
Star Trek demeure sans doute avec Star Wars, l’une des plus populaires sagas de science-fiction depuis son lancement sur la chaîne NBC en 1966. La création de Gene Roddenberry nous projette dans un lointain futur (le 23ème siècle) où l’humanité a évolué de manière positive, explorant des mondes étranges et partant à la recherche de nouvelles civilisations et formes de vie. L’esprit philosophique se reposant sur les principes du pacifisme et de la tolérance. Ainsi les personnages de Kirk, Spock et McCoy (William Shatner, Leonard Nimoy et Deforest Kelley) sont devenus des figures symboliques et familières au même titre que leur légendaire vaisseau, le célèbre Entreprise. Leurs aventures se sont arrêtées en 1969. Forte de son succès, la série s'est prolongée par le biais d'un dessin animé passé inaperçu mais surtout grâce au passage sur grand écran avec Star Trek, Le film en 1979. Cinq autres longs métrages ont suivi avec l'équipage d'origine.
D’autres déclinaisons télévisuelles ont également vu le jour : Next Generation , Deep Space Nine, Voyager et Enterprise. Au cinéma, la nouvelle génération a pris le relais depuis Générations, Premier contact et Insurrection. Nemesis est donc le dixième épisode cinématographique de cette épopée spatiale. Un univers qui peut rebuter les non-initiés du fait de sa complexité à travers la diversification de ses races et de ses mondes mais aussi en raison de son jargon technique.
Derrière la caméra, un nouveau venu s’est pourtant immergé dans cette odyssée interstellaire : il s’agit de Stuart Baird qui s’est fait connaître en signant des films d’action comme Ultime décision ou U.S. Marshals, la suite du Fugitif. Lors de la première partie de Nemesis où se déroulent une cérémonie de mariage puis une poursuite dans le désert en véhicules tout-terrain, l’intrigue tarde à prendre son envol tandis que l’équipage se perd dans des conversations trop techniques et parfois rébarbatives. Le scénario propose ensuite l’ébauche d’une réflexion sur le clonage en confrontant Picard (le shakespearien Patrick Stewart, toujours impeccable) à son double génétique, sorte de reflet rajeuni mais plus maléfique.
De ce fait, la seconde partie se montre beaucoup plus palpitante et amène la traditionnelle bataille spatiale conçue grâce aux effets spéciaux très soignés de la firme Digital Domain, dirigée par James Cameron et Stan Winston. Un réel bonheur pour tout fan qui se respecte dans cette séquence où le suspense est maintenu jusqu’à l’ultime minute. Cependant il faut aussi reconnaître que la franchise s’épuise et que l’histoire recycle certains éléments du second opus (La colère de Khan). On n’omettra pas de signaler que ce nouveau chapitre est illustré par les symphonies astrales du regretté Jerry Goldsmith qui récidivait pour la cinquième (et dernière) fois dans la galaxie Star Trek.
STAR TREK (2009) de J.J. Abrams avec Chris Pine, Zachary Quinto, Eric Bana.
Prolifique dans le domaine des séries TV (Alias et Lost en tête), J.J. Abrams est passé en 2006 du petit au grand format en réalisant le troisième épisode de Mission Impossible. Il s’est attelé à une autre série-culte des années 60 créée par Gene Roddenberry et devenue une des plus grandes sagas de science-fiction (l’autre ayant été imaginée par un barbu prénommé George) à travers les décennies grâce à cinq séries et dix films. Une tâche ardue qui doit redonner un certain dynamisme à une franchise un peu moribonde en raison de l’échec des précédents opus.
Le récit débute alors que le mystérieux navire romulien Narada attaque le Kelvin, un vaisseau d’exploration. A son bord, George Kirk parvient à manœuvrer pour sauver l’équipage dont sa femme et son bébé. Plusieurs années ont passé, le rebelle Jim Kirk et le vulcain Spock ayant quitté sa planète natale, ont décidé d’entrer à l’académie de Starfleet pour devenir officier. L’aventure commence réellement quand les cadets sont appelés à rejoindre la flotte pour répondre à une situation d’urgence.
Empruntant les thèmes du voyage temporel et de la réalité parallèle, l'histoire s'oriente vers un retour aux sources avec en arrière-plan, une intrigue basée sur la vengeance. Le trekkie lèvera donc un sourcil de scepticisme dès que l'on évoque les prémices de la relation entre Kirk et Spock. Le scénario prenant en effet des libertés avec ces deux icônes en leur attribuant un caractère plus fougueux (on pense souvent au Spock de l’univers miroir) à travers des scènes parfois inutiles (la séquence Fureur de vivre, la xénophobie des jeunes vulcains ou le test du Kobayashi Maru tourné en dérision) et optant pour traiter les personnages secondaires avec légèreté. Des détails qui ne s'accordent pas vraiment avec l’esprit de l’original même si l’on a plaisir à retrouver l’équipage classique au grand complet. A ce titre, Chris Pine, Zachary Quinto et Karl Urban rendent un bel hommage à ces légendaires explorateurs du cosmos et une mention spéciale décernée au charismatique Bruce Greenwood qui incarne le capitaine Christopher Pike. Le seul bémol se dévoile dans le camp ennemi où Eric Bana donne une interprétation trop caricaturale du méchant Nero.
Le fan pourra donc apprécier les multiples clins d’œil disséminés (le plan final de l'Enterprise puis le générique) et surtout la délectable présence de Leonard Nimoy dans son rôle fétiche. Quant au spectateur amateur de SF, il y verra davantage un divertissement bien calibré, au rythme captivant, dosé d’humour et doté d’effets spéciaux assez spectaculaires. Pour la partie musicale, Michael Giacchino fait un travail honnête sans toutefois égaler un Jerry Goldsmith ou un James Horner.
Ce onzième volet affiche une volonté de rendre accessible à tous publics un univers dense et si confiné aux initiés qui auront l'impression d'être dépaysés par le ton résolument moderne du film. En comparaison, on aurait envie de dire que La Revanche des Sith laissera plus de souvenir en tant qu'épisode fondateur. Dans tous les cas, Star Trek a le mérite de nous emmener durant presque deux heures là où aucun homme n’est jamais allé auparavant.
SUPER 8 (2011) de J.J. Abrams avec Kyle Chandler, Elle Fanning.
J.J. Abrams rend hommage au cinéma de Steven Spielberg (ici producteur) des années 80 où les enfants étaient souvent les héros d'un récit à tendance fantastique. Un groupe de jeunes amis assistent au déraillement d'un train et voient débarquer des militaires tentant d'étouffer le mystère autour d'une découverte. Dans une mise en scène classique, l'intrigue suit ces cinéastes en herbe confrontés à une situation extraordinaire dans un suspense bien mené avec des personnages attachants interprétés par de jeunes acteurs convaincants. On ne boudera donc pas cette séance truffée de clins d'oeil à E.T. ou Rencontres du 3ème type et qui devrait éveiller une certaine nostalgie chez les trentenaires.
SUPERNOVA (2000) de Thomas Lee avec James Spader, Angela Bassett.
Le Nightingale, un navire médical, reçoit un lointain appel de détresse. Après un saut dans l’hyperespace, le vaisseau se retrouve à proximité d’une supernova en pleine expansion et parvient à s’approcher de la lune émettant le signal pour y récupérer l’unique survivant. Le capitaine décide alors de visiter la mine dans le but d’y trouver un carburant salvateur tandis qu’à bord du vaisseau, le rescapé se comporte d’une étrange manière avec les membres de l’équipage.
Derrière le pseudo de Thomas Lee (Alan Smithee devenait apparemment trop courant) se cache en fait quatre metteurs en scène : Walter Hill (auquel on avait proposé la réalisation de l’une des séquelles d’Alien), Francis Ford Coppola (pour le montage), Jack Sholder et un certain Geoffrey Wright. C’est suite à de nombreux désaccords sur le projet que ceux-ci décidèrent de rayer leur nom du générique. Selon les souhaits des producteurs de la M.G.M. qui voulaient un produit standardisé, voici donc le résultat qui laisse apparaître quelques doutes sur le montage final et la façon d’aborder le sujet comme en témoigne sa durée anormalement courte pour une œuvre de SF (1h20).
Inédit en salles et directement distribué dans le circuit vidéo, ce film au parfum de rafistolage débute comme une énième version d’Alien pour se perdre ensuite dans d’incongrus raccourcis scénaristiques. A cela s’ajoute les interprétations très peu enthousiastes des pourtant excellents James Spader (Stargate) et Angela Bassett (Strange Days) qui ne parviennent pas à faire oublier la fadeur des rôles secondaires. Néanmoins, on soulignera la qualité soignée des techniques numériques (le voyage transdimensionnel signé Digital Domain est visuellement très réussi) et l’exploitation d’un concept dérivé de la mythique fontaine de jouvence. Dommage car avec une histoire plus dense et des personnages plus fouillés, ce conte futuriste aurait pu prétendre à l’étiquette de bonne série B de science-fiction.
TERMINATOR 3 : LE SOULEVEMENT DES MACHINES (2003) de Jonathan Mostow avec Arnold Schwarzenegger, Nick Stahl, Claire Danes, Kristanna Loken.
La fin des temps apparaissait comme un titre prémonitoire pour la carrière d’Arnold Schwarzenegger et il est loin le temps où le nom de l’acteur était synonyme de divertissement de qualité tout comme celui de son comparse, Sylvester Stallone. Mais comme le dit si bien son personnage, il est devenu un modèle obsolète. De plus, il semblait difficile pour Jonathan Mostow, auteur de Breakdown et U-571 de succéder à James Cameron et surtout d’innover après le rouleau compresseur T2. Ce que nous offre donc le réalisateur relève davantage du remake que d’une véritable suite.
Le prologue en voix-off se focalise sur la destinée de John Connor (dommage pour la guerre du futur qui aurait gagné à être développée et qui ne dépasse pas le stade de la bande-annonce), le jeune héros a vieilli de douze ans et erre sur les routes sans but. Le scénario qui suit, s’avère lui bien mince calquant le schéma narratif et plagiant les anthologiques séquences d’action des deux précédentes aventures ainsi que les principales répliques. Quelques idées sortent parfois du lot comme les révélations faites sur l’avenir ou le trio qui affronte plusieurs générations de Terminators. On notera aussi que le ton pessimiste apparaît une nouvelle fois de rigueur notamment par le sentiment de fatalité qui plane en permanence sur l’histoire. Et c’est justement grâce à ce concept que ce T3 arrive à tirer son épingle du jeu. Non pas que cette séquelle soit utile à la série mais elle s’efforce de rompre avec les traditionnels troisièmes épisodes souvent ratés, à travers un épilogue qui surprendra plus d’un spectateur.
Aucune surprise au niveau de l’interprétation : Arnold Schwarzenegger reste égal à lui-même, se jouant de l’auto-dérision et déployant la grosse artillerie. Face à lui, Nick Stahl campe un John Connor torturé devenu paranoïaque, un peu comme l’était sa mère et désireux d’échapper à son destin. Quant aux femmes fortes, Claire Danes (Kate Brewster) et Kristanna Loken (le T-X) font figure de pale copie de Linda Hamilton et Robert Patrick et n’apportent pas vraiment de consistance au récit.
Toutefois, le cahier des charges est respecté à la lettre : l’action est menée tambour battant où se succèdent les morceaux de bravoure et confirme les talents de faiseur du cinéaste tandis que les effets spéciaux ont été parfaitement intégrés (les incontournables studios Stan Winston et ILM). Concernant la photographie, elle a abandonné les tons bleutés au profit de couleurs plus chaudes. Chose étonnante également, la bande-son composée par Marco Beltrami prend une orientation plus symphonique en alternant mélancolie et rythme tribal tout en parvenant à ne pas faire déshonneur à la thématique musicale de Brad Fiedel. Fort de sa vocation de blockbuster, ce nouvel opus trouve son intérêt en tant que divertissement haut de gamme même si les recettes sont éculées.
TERMINATOR RENAISSANCE (2009) de McG avec Christian Bale, Sam Worthington.
Issu du monde du clip, Joseph McGinty Nichol alias McG avait adapté la série Drôles de dames puis a décidé de s'atteler à la franchise initiée par James Cameron. Celui-ci inscrivant définitivement à travers deux films mémorables le célèbre cyborg et Arnold Schwarzenegger au panthéon de la science-fiction. Jonathan Mostow tenta ensuite de remettre le couvert avec un troisième opus en mal d'inspiration.
Cela fait plus d'une décennie que le jugement dernier a ravagé l'humanité et répandu la désolation. Maintenant trentenaire en cette année 2018, John Connor est un simple soldat au service de la résistance et découvre bientôt le nouveau plan de Skynet. Dans le même temps, Marcus Wright, le cobaye d'une expérience croise le chemin du jeune Kyle Reese qui tente de survivre dans les ruines de Los Angeles.
Prenant comme base les séquences futuristes de la trilogie, le récit évoque les prémices de la guerre contre les machines qui suscita tant d'attentes chez les amateurs de SF. Le scénario étoffe l'univers créé par Cameron tout en respectant la mythologie à l'inverse d'un J.J. Abrams pour Star Trek et distille les références aux épisodes précèdents que le cinéphile s'amusera à repérer du générique d'ouverture au caméo numérique en passant par les furtives insertions. La série télévisée étant clairement zappée. L'histoire laisse toutefois l'impression d'avoir eu recours aux ellipses et à des rebondissements convenus pour répondre à des impératifs commerciaux. A ce titre, on notera que le montage final aurait subi une amputation de 30 minutes. Pourvue d'un rythme sans temps mort, l'intrigue garantit son quota de spectaculaire et de morceaux de bravoure appuyés par des effets spéciaux saisissants. L'ensemble baignant dans une photographie qui a abandonné les couleurs froides au profit de tons plus cendrés.
Dans la peau de nos deux héros principaux, Christian Bale assure le minimum syndical tandis que l'australien Sam Worthington tire son épingle du jeu pour un premier rôle important et apporte un petit supplément d'âme. Le reste de la distribution (Anton Yelchin, Bryce Dallas Howard, Blood Moongood) fait preuve de justesse mais est souvent relégué à l'arrière-plan. Un autre bémol concerne la partition musicale de Danny Elfman, le compositeur officiel de Tim Burton qui outre la reprise des thèmes de Brad Fiedel, se fait plutôt discrète durant le film.
En dépit de carences scénaristiques, ce quatrième chapitre remplit honorablement son contrat en ne prétendant pas être autre chose qu'un divertissement efficace apportant une bonne dose d'adrénaline au spectateur. Ainsi, T4 inaugure une seconde trilogie qui éveille déjà un intérêt pour la suite.
THE THING (2011) de Matthis van Heijningen Jr. avec Mary Elizabeth Winstead, Joel Edgerton.
L’histoire est inspirée par La bête d’un autre monde (Who goes there ?), une nouvelle de John W. Campbell Jr. publiée en 1938. La Chose d’un autre monde, la première adaptation réalisée en 1951 par Christian Nyby et Howard Hawks apparaît comme une métaphore sur le communisme. Mais la seconde mise en scène par John Carpenter en 1982 compte parmi les classiques du cinéma fantastique grâce à des effets spéciaux impressionnants et par son atmosphère paranoïaque, claustrophobe et angoissante. En 2004, une suite était prévue sous la forme d'une mini-série dirigée par Frank Darabont.
En Antarctique, un groupe composé de scientifiques et de mercenaires sont confrontés à une créature polymorphe qui les décime petit à petit. Bien que l'action se situe dans la base norvégienne, le film de Matthis van Heijningen Jr. se rapproche plus du remake respectueux au classique de John Carpenter que de la préquelle. Le climat de paranoïa est ici bien entretenue et les quelques moments de terreur font souvent mouche même si au niveau des effets spéciaux, il manque la folie créatrice du bestiaire de Rob Bottin. On regrettera aussi que certaines idées (dont la partie OVNI) soient aussi bâclées. Le réalisateur s'en tire néanmoins à bon compte avec cette version 2011 dépourvue d'originalité mais dont le principal atout est de réussir à tenir en haleine tout en distillant les nécessaires clins d'œil.
TRON : L'HERITAGE (2010) de Joseph Kosinski avec Garrett Hedlund, Olivia Wilde, Jeff Bridges.
En 1982, Steven Lisberger réalisait Tron, un film avant-gardiste produit par les studios Disney qui a fait entrer le septième art dans l'ère des images de synthèse au point de devenir culte pour toute une génération. Vingt-huit ans plus tard, les effets spéciaux ont connu une remarquable évolution grâce au numérique et à la capture de mouvements.
Dans ce nouveau chapitre, Kevin Flynn, informaticien de génie et président de la société Encom a mystérieusement disparu il y a vingt ans. Son fils Sam est alors contacté par Alan Bradley, un fidèle associé de son père qui affirme avoir reçu un message de sa part. Sam suit la piste de la salle d'arcades et enclenche une machine qui l'expédie accidentellement dans l'univers virtuel de La Grille. Le jeune homme va devoir survivre aux multiples épreuves qui l'attendent si il veut retrouver son père.
En dépit d'une intrigue souvent linéaire et aux enjeux basiques, ce second épisode se révèle un bon divertissement en proposant une aventure spectaculaire sans temps mort durant les deux heures. Joseph Kosinski filme avec élégance les scènes d'action qui flirtent entre fibre nostalgique (les lancers de disques ou les motos lumineuses) et virtuosité technique (la poursuite aérienne finale). L'environnement apparaît donc inspiré sur le plan esthétique et visuellement splendide malgré la froideur ambiante des décors comme l'appartement de Kevin Flynn évoquant l'architecture du 2001 de Kubrick. On déplorera juste une certaine carence scénaristique, un discours parfois hermétique ou quelques éléments survolés comme l'éveil de l'intelligence artificielle ou le sort du programme Tron. Quant aux personnages, l'impeccable Jeff Bridges en Prométhée cybernétique n'a aucun mal à s'imposer face au couple Garrett Hedlund-Olivia Wilde. L'acteur prête également ses traits à une version numérique plus jeune dont un avatar baptisé Clu qui rêve de suprêmatie.
Bénéficiant de l'aura de son prédécesseur, cette suite se veut une œuvre graphiquement aboutie ayant pour principale vocation de divertir en immergeant le spectateur dans un récit de science-fiction mouvementée et loin de la traditionnelle production familiale Disney.