VIDOCQ (2006)
de Pitof avec Gérard Depardieu, Guillaume Canet, André Dussolier. |
Paris,
1830. Vidocq, ex-bagnard reconverti en chef de la sûreté,
est assassiné au terme d’une confrontation,
avec un mystérieux individu portant un masque de
verre. Etienne Boisset, un jeune journaliste part sur les
traces du meurtrier accumulant les indices et les témoignages.
Son enquête le mènera dans les bas-fonds de
la capitale. |
Né à Arras,
Eugène François Vidocq (1775-1857) a réellement
vécu au XIXème siècle. Il a inspiré à Victor
Hugo, le personnage de Jean Valjean pour Les misérables
et à Honoré de Balzac, celui du père
Vautrin pour Le père Goriot. Le romancier Arthur
Bernède (également auteur de Belphégor)
en a fait le héros d’une série de romans-feuilletons
qui ont donné naissance à plusieurs adaptations
: un long métrage de Jacques Daroy en 1938 et trois
séries (Jean Kemm en 1922, Marcel Bluwal et Claude
Loursais en 1967 puis en 1971). Les visages les plus familiers
de Vidocq étant ceux de Bernard Noël et Claude
Brasseur. |
Spécialiste
des effets spéciaux, Pitof est le complice de Marc
Caro (qui s’est occupé de la création
graphique des personnages) et de Jean-Pierre Jeunet (dont
il a assuré la réalisation de la seconde équipe
sur Alien, la résurrection en 1997). Le cinéaste
(dont c’est la première réalisation)
s’est associé à Jean-Christophe Grangé (Les
rivières pourpres) pour l’écriture
du script qui ne raconte pas la vie tumultueuse de Vidocq
mais se présente comme un nouvel épisode
sur grand écran. Le film entièrement tourné en
numérique, baigne dans une atmosphère baroque, à l’esthétisme
appuyé notamment dans le contraste pictural. Dans
la catégorie gros budget et effets spéciaux,
Vidocq s’inscrit dans la lignée de films comme
Le pacte des loups et Belphégor. |
Le
récit commence par la mort du héros puis
s’oriente vers une enquête parsemée
de retours en arrière. Dans les passages situés
dans les bas-fonds, les références font inévitablement
penser à l’univers d’Eugène Sue
dans Les mystères de Paris. De fil en aiguille,
on en arrive au méchant de service, l’odieux
Alchimiste (dont l’accoutrement évoque quelque
peu celui du célèbre fantôme de Louvre).
L’ultime révélation tombe au même
titre que le masque, sabotant brusquement tout l’intérêt
de l’intrigue par un sordide retournement de situation.
Quant aux acteurs, Gérard Depardieu devenu incontournable
pour incarner des figures emblématiques (Christophe
Colomb, Cyrano de Bergerac, Colonel Chabert, Jean Valjean
ou plus récemment, le comte de Monte Cristo) reste
en retrait afin que les seconds rôles ne soient pas écraser
par son imposante stature. Malheureusement, ceux-ci, hormis
l’excellent André Dussolier, ambigu à souhait
sous les traits du préfet, ne semblent pas absorber
par le feu de l’action. Les effets spéciaux
sont quant à eux, très soignés et
ne nourrissent pas l’histoire comme on pourrait le
supposer. Malheureusement, on a droit à quelques
scènes d’arts martiaux (cf l’affrontement
entre Vidocq et l’Alchimiste) qui nuisent à la
crédibilité du contexte historique. |
Au
final, le verdict est partagé entre la tolérance
pour un nouveau metteur en scène cherchant à innover
en se démarquant des actuelles productions françaises
dites commerciales et un scénario recelant quelques éléments
intéressants, dont l’irruption du surnaturel vient
entacher le script. |
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