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DANS
LA TOILE DE L'ARAIGNEE |
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Dossier
de Fabien Rousseau |
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Il
semble que la bande dessinée soit devenue l'une des sources
les plus prolifiques du septième art. Sortes de demi-dieux, les
super-héros ont contribué grâce à leurs exploits, à ériger une
mythologie moderne. Ceux-ci évoluant dans un environnement se situant à mi-chemin
entre fiction et réalité. Ainsi,
deux surhommes de légende ont trouvé un certain relief à l'écran :
Superman de Richard Donner en 1978 puis Batman de Tim Burton en
1989 ont remporté un succès mondial. C'est dans la perspective
de satisfaire les fans de comics les plus endurcis que les producteurs
se sont engagés en adaptant les péripéties des plus
grands super-héros bien souvent marvelliens. |
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LES ORIGINES | ||||||
En
1953, Joe Simon crée un logo Spiderman mais abandonne
l'idée. Simon s'adjoint les services du scénariste
Jack Oleck et du dessinateur C.C. Beck pour donner naissance à Silver
Spider qui est un adolescent orphelin tirant ses pouvoirs d'une
bague magique. Il restera à l'état de projet. En
1959, Joe Simon et Jack Kirby reprennent le concept de Spiderman
qui devient The Fly (La Mouche) dont le costume s'inspire de
Night Fighter, esquissé en 1954. Le personnage débute
en juin 1959 dans Double Life of Private Strong qui narre les
exploits de Lancelot Strong alias The Shield, un prédécesseur
de Captain America, publié chez le concurrent Archie Comics.
En 1961, Jack Kirby apporte à Stan Lee, un logo Spiderman
proche de celui de Simon. Ce dessin lui rappelle le pulp The
Spider imaginé par Harry Steeger en 1933. En voyant une
mouche sur un mur, Lee pense au nom d'Insect-Man puis Mosquito-Man
avant de valider définitivement Spider-Man. |
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En
1962, Stan Lee vient (avec la collaboration de Jack Kirby) de
redonner un certain dynamisme à l’univers moribond des comic-books
avec les créations successives des 4 Fantastiques et de
Hulk. Il rencontre Martin Goodman, l'éditeur du groupe Marvel
Comics pour lui proposer ce nouveau super-héros atypique à l'allure
chétive. En raison de l'image négative de l'arachnide,
Goodman doute sérieusement du capital sympathie mais décide
tout de même de lui laisser sa chance dans Amazing Fantasy,
un recueil d’histoires fantastiques dont la publication était
sur le point de s’arrêter. Avec une couverture de Jack
Kirby, le numéro 15 sort en août 1962 sans aucune
promotion. Ecrit par Stan Lee et dessiné par Steve Ditko
qui imagine le costume complet, il raconte les origines en 10 pages
et s’affiche comme l’une des plus fortes ventes de
l’année. En mars 1963, le magazine reparaît
sous le titre The Amazing Spider-Man qui marque le début
des aventures de l’homme-araignée confronté au
Caméléon. En France, l'Araignée fait sa première
apparition dans le numéro 4 de la revue Fantask en mai 1969. |
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En
donnant naissance à Spider-Man, Stan Lee voulait répondre à la
demande d'une jeunesse réclamant un super-héros adolescent
(habituellement confiné au rang d’acolyte comme Batman
et Robin) vulnérable qui soit ancré dans la réalité quotidienne
: en effet, Peter Parker s’inquiète pour sa famille,
connaît les tracas financiers et se cherche une petite amie. |
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LE PERSONNAGE | ||||||
Orphelin
depuis lâge de 6 ans, Peter Parker est recueilli et élevé par
son oncle Ben et sa tante May vivant à New York dans le quartier
du Queens. Etudiant brillant, Peter obtient un diplôme en biophysique.
Au cours dune expérience sur les effets de la radioactivité,
il est mordu par une araignée irradiée et ne tarde pas à découvrir
ses nouveaux pouvoirs lorsquil parvient de justesse à éviter
une voiture roulant à pleine vitesse. Sous une identité anonyme,
il décide de participer à un combat de catch qu'il remporte.
Remarqué pour ses dons dacrobate, il est engagé pour
passer dans une émission télévisée avec l'Araignée comme
nom de scène. Après une représentation télévisuelle,
un cambrioleur fait irruption dans les studios mais Peter grisé par
le succès, le laisse séchapper. Quelques jours plus
tard, loncle de Peter est assassiné par un malfaiteur.
Il traque ce dernier qui se révèle être le voleur croisé dans
les studios. Rongé par le remord, Peter jure de mettre ses dons
au service de la lutte contre le crime sous le déguisement de
lAraignée. Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités
devient son adage. Pour subvenir à ses besoins, Peter vend des
photos de lui-même au quotidien le Daily Bugle dont le directeur
J. Jonah Jameson orchestre une véritable campagne dhostilité afin
de discréditer les actes de lAraignée auprès du public.
Sur le plan sentimental, Peter a eu une relation avec Liz Allen
(futur épouse d'Harry Osborn), Betty Brant (secrétaire
du Daily Bugle), Gwen Stacy, Felicia Hardy (alias La Chatte Noire)
et s'est marié avec Mary Jane Watson. |
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La
morsure de laraignée radioactive a considérablement modifié le
métabolisme de Peter qui a hérité des capacités de larachnide.
Sa force physique et ses réflexes se sont multipliés : il
est plus souple et plus rapide. Ses doigts et ses pieds adhèrent à nimporte
quel type de surface de même que sa perception extrasensorielle
(sens daraignée) le prévient de tout danger imminent. Grâce à ses
connaissances scientifiques, Peter a élaboré des bracelets lance-toiles
fixés aux poignets qui projettent un fluide se solidifiant au
contact de lair et imitant la forme dune toile daraignée.
Ce système est alimenté par une réserve de cartouches accrochée
sur une ceinture cachée sous le costume. |
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Dans
les décennies suivantes, Spidey changera de costume à de
nombreuses reprises : le symbiotique, Iron Spider (conçu
par Tony Stark), l'armure, le furtif ou fondation du futur (période
4 Fantastiques). De multiples versions dérivées
verront également le jour avec Scarlet Spider (Ben Reilly
et Kaine Parker, les clones de Peter), Ultimate (Miles Morales),
2099 (Miguel O'Hara), Spider-Woman (Jessica Drew et Julia Carpenter)
ou Spider-Girl (May Parker, la fille de Peter et MJ). |
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Quant à ses
adversaires, les plus célèbres demeurent le Caméléon
(Dmitri Smerdiakov), le Vautour (Adrian Toomes), Dr. Octopus (Otto
Octavius), l'Homme-sable (William Baker ou Flint Marko), le Lézard
(Curt Connors), Electro (Maxwell Dillon), Mystério (Quentin
Beck), le Bouffon vert (Norman Osborn), Kraven le chasseur (Sergei
Kravinoff), le Scorpion (McDonald Gargan), le Rhino (Aleksei Sytsevich),
le Shocker (Herman Schultz), le Caïd (Wilson Fisk), le Super-Bouffon
(Roderick Kingsley), Venom (Eddie Brock) et Carnage (Cletus Kasady). |
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DU PAPIER A LA PELLICULE | ||||||
En
1977, les exploits de Spider-Man sont portés à lécran par
E.W. Swackhamer dans LHomme-Araignée (The Amazing Spider-Man),
pilote dune série TV exploité dans les salles européennes.
Dans ce téléfilm, Nicholas Hammond revêt le collant bleu et rouge
avec un masque muni de lentilles afin de s'opposer à un
maître chanteur capable dhypnotiser ses victimes pour les
pousser au suicide. Produit par la Columbia et bénéficiant du concours
du créateur Stan Lee crédité en tant que conseiller au scénario,
cette fiction se révéla affligeante notamment sur le plan esthétique. |
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La
notoriété du super-héros est une nouvelle fois mise à mal avec
La riposte de lHomme-Araignée (Spider-Man Strikes Back) réalisé par
Ron Satlof en 1978 (en fait deux épisodes remontés) où un terroriste
menace de raser une grande métropole avec une bombe atomique.
La piteuse série TV composée de 13 épisodes (1978-1979) qui en
découla, ne vint pas relever pas le niveau. La saison 2 se clôtura
en 1979 par le téléfilm Spider-Man défie le
Dragon (The Dragon's Challenge/The Chinese Web), un double épisode
signé Don McDougall où l'arachnéen devient
l'ange-gardien d'un ministre chinois victime d'un complot. |
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En
1978, la série connut même une déclinaison de 41 épisodes
produits par la firme japonaise Toei. Cette autre variation trahissant à sa
manière lessence du comic. Supaidaman raconte les aventures
du jeune Shinji Todo (Takuya Yamashiro) qui hérite d'un
bracelet avec de l'ADN d'araignée lui donnant des pouvoirs.
Il a pour mission de combattre le Groupe de la Croix d'acier dirigé par
le professeur Monster et peut se servir dengins spatiaux
ou de Leopardon, un robot géant pour repousser les créatures
extra-terrestres en caoutchouc. |
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Dans
le domaine de l'animation, plusieurs séries ont été produites
par Marvel : L'Araignée (1967-1970, 77 épisodes),
Spider-Man (1994-1998, 65 épisodes), Les nouvelles aventures
de Spider-Man (1999, 13 épisodes), Spider-Man : Les nouvelles
aventures (2003, 13 épisodes) et Spectacular Spider-Man
(2008-2009, 26 épisodes). |
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DE CANNON A JAMES CAMERON | ||||||
Au
début des années 80, le producteur Roger Corman sintéresse à une
nouvelle adaptation qui est vite abandonnée, faute de moyens conséquents.
Cinq ans plus tard, le producteur Menahem Golan (associé de
Yoram Globus) achète les droits d'adaptation pour le compte
de sa société Cannon Films spécialisée dans la série
B. Tobe Hooper est d'abord choisi afin de réaliser un long
métrage prévu pour Noël 1986. |
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Dans
le premier jet du scénario écrit par Leslie Stevens
(le créateur de la série Au-delà du réel),
une communauté scientifique irradie volontairement le
photographe Peter Parker qui se transforme en tarantule humaine à huit
bras et sombrant dans la folie. Mécontent du traitement
réservé à son personnage, Stan Lee demande
une réécriture totale du script. Ted Newsom et
John Brancato proposent alors une version modifiée des
origines où le collégien Peter Parker a pour mentor
et professeur, le savant Otto Octavius. Un accident se produit
dans son laboratoire et les deux hommes sont soumis à des
irradiations. L'un devient Spider-Man tandis que l'autre prend
le nom d'Octopus mais il est atteint de démence. Il construit
alors une machine générant un champ de force qui
provoque des catastrophes dans la ville de New York. Certaines
idées seront reprises pour le second Spider-Man de Sam
Raimi. |
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Joseph
Zito remplace Tobe Hooper au poste de réalisateur. Le cascadeur
Scott Leva est engagé pour incarner Peter Parker/Spider-Man
tandis que Bob Hoskins serait le docteur Octopus. Tom Cruise est également
suggéré pour le rôle principal. Le projet est
abandonné suite à un différend artistique (et financier)
entre le producteur et Stan Lee. En 1987, Superman IV connaît
un bide retentissant puis la Cannon dépose le bilan deux
plus tard. Menahem Golan fonde en solo sa nouvelle compagnie baptisée
21st Century puis recrute le réalisateur Albert Pyun pour une version
fauchée de Captain America, autre icône de la Marvel. |
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Le
storyboard du projet par James Cameron |
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En
1991, le concept ressuscite lorsque James Cameron fait part
de son intention de mettre en scène les aventures de l'arachnéen.
Aussitôt, la société Carolco (fondée par les producteurs
Mario Kassar et Andrew G. Vajna) fait l'acquisition des droits.
Des rumeurs circulent sur un éventuel casting : Edward
Furlong ou Michael Biehn en Peter Parker, Arnold Schwarzenegger
en Octopus, Lance Henriksen ou Jim Carrey en Bouffon Vert,
Drew Barrymore en Gwen Stacy, Katharine Hepburn ou Angela Lansbury
en Tante May, R. Lee Ermey ou Robert Wagner en J.J. Jameson,
Jonathan Frakes (de Star Trek) en Kraven. |
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James
Cameron développe un script qui suscite l'enthousiasme de
Stan Lee et optant pour une approche inédite du personnage, beaucoup
plus sombre et plus intime dans sa relation avec Mary Jane Watson.
Le scénario suit les origines classiques à part le
principe de la toile organique au lieu du lanceur autour du poignet.
Peter Parker est d'abord confronté à Boyd alias Sandman
recruté par le capitaliste véreux Carlton Strand
alias Electro pour le convaincre de se joindre à leur organisation
criminelle. Si la nature de Sandman était peu changée,
Electro héritait d'un pouvoir inédit lui permettant
de manipuler les données informatiques par simple toucher.
Le cinéaste prévoyait un titanesque affrontement
final sur les tours du World Trade Center entre Spider-Man et le
tandem Sandman/Electro qui ont enlevé Mary Jane Watson.
Des noms sont finalement retenus pour les rôles : Leonardo
DiCaprio en Peter Parker, Lance Henriksen en Sandman, Michael
Biehn en Electro, Nikki Cox (qui remplace Drew Barrymore) en
Mary Jane
Watson et Maggie Smith en Tante May. |
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Dans
l'intervalle,
une véritable bataille juridique s'est engagée
où près de cinq sociétés revendiquent les droits d'adaptation
et d'exploitation (télévisée et vidéo). Certaines de ses
maisons de productions ayant englobé celles en liquidation qui
détiennent
une partie des droits. En 1995, Carolco connaît à son tour
la faillite. Initialement prévue pour 1993, la sortie du film
est repoussée jusqu'à l'été 1996. Espérant voir son
projet se concrétiser un jour, James Cameron signe un contrat
avec la 20th Century Fox. |
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Courant
1999, James Cameron finit par jeter léponge, lassé par les
différents procès accumulés. Quelques mois plus tard, la Columbia
annonce avoir enfin récupéré les fameux droits au terme dune
longue négociation avec le groupe Marvel et la Metro Goldwyn Mayer. |
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SPIDER-MAN (2002) | ||||||
Pour
la réalisation, les noms de John Woo, Jan de Bont et David Fincher
ont été dabord évoqués par la Columbia. Ce fut finalement
Sam Raimi, auteur de la trilogie Evil Dead qui manifesta le plus
dardeur à mener lentreprise, lui-même étant un fan
de la BD. Son intention étant de sattarder sur la dimension
humaine du personnage. Dans le genre, le cinéaste avait déjà fait
ses preuves avec Darkman, un vengeur masqué (incarné par Liam
Neeson) qui sinscrivait dans un esprit résolument comic-book. |
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Pour
endosser le costume, la Columbia avait pressenti des acteurs
comme Leonardo di Caprio, Jude Law ou encore Freddie Prinze
Jr. Léclectique Tobey Maguire démontra quil pouvait sinvestir
dans ce rôle très physique. Lexcellent comédien Willem
Dafoe a été choisi pour personnifier son adversaire après que
Nicolas Cage et John Malkovich se soient retirés du projet. Quant
au personnage principal féminin, il est interprété par Kirsten
Dunst qui a été préférée à Julia Stiles et Alicia Witt. La distribution
sest complétée avec James Franco (Harry Osborn), J.K.
Simmons (J. Jonah Jameson), Cliff Robertson (Oncle Ben) et
Rosemary Harris
(Tante May). |
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Le
scénario est signé David Koepp qui aurait conservé certains éléments
du script originel de James Cameron. Par exemple, le traitement
de ce dernier avait opté pour que la toile sorte directement
des poignets du héros et non plus artificiellement. La musique
est dirigé par Danny Elfman, compositeur attitré de Tim Burton.
Les effets visuels sont supervisés par le vétéran John Dykstra
(oscarisé en 1978 pour les techniques révolutionnaires de Star
Wars) tandis la société Sony Pictures Imageworks sest chargée
de la partie numérique (incluant les acrobaties aériennes de
Spider-Man et du Bouffon Vert qui se déplacent dans un New-York
virtuel). |
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Le
film relate la jeunesse de Peter Parker/Spider-Man : étudiant
plutôt mal dans sa peau, Peter est ami avec Harry Osborn
et s'est secrètement amouraché de sa voisine Mary
Jane Watson. Mordu par une araignée génétiquement modifiée (et
non plus radioactive), l'étudiant se découvre des dons quil
apprend dabord à maîtriser par intérêt personnel, manquant
encore de maturité. Dans le même temps, le riche industriel Norman
Osborn, père de Harry, sexpose à des produits chimiques.
Lexpérience accroît certaines de ses facultés mais engendre
une folie meurtrière. Il revêt alors larmure du Bouffon Vert.
Suite à une tragédie personnelle, Peter se rendra compte quil
est le seul capable darrêter le dangereux criminel et travaillera
occasionnellement comme photographe pour un journal. |
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A
l’instar de Bryan Singer pour X-Men, Sam Raimi réussit le
pari d’offrir une adaptation à la fidélité exemplaire
(à quelques détails près). La première
partie se penche sur le cas de Peter Parker : étudiant timide
mais doué qui tente vainement d’attirer l’attention de Mary
Jane Watson. Spider-Man apparaît comme un film sur le difficile
passage à l’âge adulte qui s’accompagne également
d’une émouvante histoire d’amour. Dès les premiers
plans, les choix de Tobey Maguire et Kirsten Dunst semblent pleinement
justifiés : leur interprétation sonne juste, tout
en sensibilité et confère une réelle épaisseur
psychologique aux rôles. Le récit prend son temps
pour les exposer avant d'enchaîner les genres. Ainsi, il
passe de la comédie (l’apprentissage des pouvoirs) au drame
(le meurtre de l’oncle Ben) puis à l’action (la prise de
conscience des responsabilités). Un autre thème abordé est
celui de la figure paternelle à travers les personnages
d’oncle Ben et surtout Norman Osborn qui admire l’esprit scientifique
de Peter, mais néglige son fils Harry. L'ambigu industriel
est incarné avec charisme par l’excellent Willem Dafoe qui
livre une performance glaçante devant un miroir où émerge
sa personnalité schizophrène. |
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Le
blockbuster reprend ses droits dans la deuxième partie où une
fois de plus, Sam Raimi respecte le matériau d’origine et
comble l’attente des lecteurs assidus de Spidey, Strange ou Nova.
Le tisseur de toiles (moins enclin à la moquerie que son
homologue papier) se déplace dans les airs avec une étonnante
fluidité et les séquences d’affrontement font écho
aux cases de la bd comme la scène du téléphérique
qui rappelle un épisode marquant avec Gwen Stacy. De même
que le premier combat durant la parade, adresse quelques clins
d’oeil au Superman de Richard Donner et dévoile l'esthétisme
raté de l'armure du Bouffon Vert. Autre lacune plus furtive,
un plan sur la bannière étoilée totalement
inutile. Il aurait été plutôt bienvenue de
voir cette image où Peter s’éloigne dans le crépuscule
avec la silhouette de Spider-Man dans son ombre. |
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La
recette se révèle toutefois gagnante voire enthousiasmante
sur de nombreux points. La suite est déjà attendue
avec impatience car elle promet d'autres aventures trépidantes
de l’Homme-araignée. |
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A
noter : Suite aux tragiques attentats du 11 septembre 2001, une
séquence de hold-up dans une banque a été retirée.
Elle figurait dans un montage promotionnel où l’hélicoptère
des braqueurs était pris au piège dans une toile
d’araignée géante tendue entre les tours du World
Trade Center. |
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SPIDER-MAN 2 (2004) | ||||||
Il
y avait longtemps qu’un blockbuster n’avait réussi à susciter
autant d’enthousiasme et Sam Raimi réalise une séquelle
que l’on peut d’ores et déjà ranger à côté de
L’Empire contre-attaque, Terminator 2 ou X-Men 2. Car la fonction
d’une suite n’est pas de réchauffer ce qui a été déjà montré et
Sam Raimi l’a bien compris puisqu’il prend le parti d’étoffer
les personnages en les rendant plus complexes voire plus attachants. |
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Les
premières images dévoilent un sublime générique
illustré par l’artiste Alex Ross récapitulant
les moments clés du précèdent épisode.
Ce second volet est avant tout l’histoire d’un dilemme : Peter
Parker se sentant toujours coupable de la mort de son oncle,
voltige dans les airs en jouant les justiciers dans son costume
rouge et bleu. Il a de plus en plus de mal à garder
un emploi et les relations se dégradent avec ses proches
surtout avec Mary-Jane et Harry Osborn. Doit-il faire passer
Spider-Man avant eux ? La frustration devient trop forte et
Peter sera obligé de jeter le masque. |
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Il
est vrai que le scénario de base reprend l’intrigue
du comics intitulé Spider-Man No More (La fin de Spider-Man)
où le super-héros traverse une grave crise identitaire
(le plan du costume dans la poubelle est repris d'une planche
iconique du dessinateur John Romita) et que les grandes lignes
rappellent Superman II où le Kryptonien renonce à ses
pouvoirs par amour. Affranchi de toutes ses références,
Sam Raimi livre une réflexion sur la nature et les états
d’âme d’un super-héros. Peter a beau être
doté de pouvoirs arachnides, il n’en a pas moins de
difficultés à exercer une vie normale d’étudiant
ou de livreur de pizza tout en étant au service du public.
Peter se retrouve face à un choix : doit-il faire des
sacrifices et accepter sa destinée ? |
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Un
dilemme qui s'alourdit avec la présence du Docteur Otto
Octavius/Octopus auquel Alfred Molina prête ses traits
et une certaine ambiguïté. Ses tentacules métalliques
sont véritablement terrifiantes et les combats titanesques
entre les deux adversaires nous valent quelques séquences
spectaculaires judicieusement réparties dans le long métrage.
Les effets spéciaux servent à merveille l’histoire
et apparaissent bien supérieurs au précèdent
film : ainsi, il est difficile de différencier l’acteur
réel de sa doublure virtuelle. Mais le plus impressionnant
morceau de bravoure demeure la scène du métro où notre
acrobate arachnéen se retrouve dans une position quasi-christique
pour tenter un exploit hors du commun. Une séquence où la
frontière entre l’homme et son image prendra toute son
ampleur. |
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L'oeuvre
baigne en permanence dans l’esprit du comics, adressant plusieurs
clins d’œil aux initiés. Harry
Osborn (James Franco, meilleur que dans le premier) acharné à découvrir
l’identité de son ennemi mortel est hanté par le
spectre du Bouffon vert (d'où cette apparition surprise)
et traversera le miroir d’une manière symbolique. Des
pistes sont ouvertes pour de potentiels super-vilains : le professeur
Curt Connors (Dylan Baker) qui se transformera plus tard en redoutable
Lézard et l’astronaute John Jameson (Daniel Gillies), le
fils du patron du Daily Bugle et futur homme-loup. Un dernier détail
amusant : une troubadour qui entonne la chanson du générique
de la série animée de 1967. |
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Outre
l’aspect graphique et la maîtrise technique, Sam Raimi se
montre aussi virtuose dans les scènes intimes en mettant
l’accent sur le relationnel, le sentimental et la psychologie.
Plus le récit avance, plus l’intensité dramatique
s'amplifie à mesure que le petit monde de notre héros
s’effrite. Les interprètes sont toujours autant en osmose
avec leur personnage. Tobey Maguire incarne avec justesse ce jeune
homme pris entre solitude forcée et une romance impossible
avec la charmante Kirsten Dunst. A ce sujet, les derniers instants
nous dévoilent quelques beaux plans où visage découvert,
Peter protège sa dulcinée dans une toile d’araignée. |
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Le
fan du comics peut se réjouir car Sam Raimi offre la suite
attendue et se distinguant par l’intelligence d’un scénario
faisant la part belle aux dialogues, aux sentiments et à l’émotion
mais également par une réalisation ne cédant
jamais à la facilité d’un montage frénétique
(cf Daredevil). Une chose est sûre : pour le troisième épisode,
on se laissera prendre volontiers dans la toile. |
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SPIDER-MAN 3 (2007) | ||||||
Il
est difficile de ne pas jubiler lorsque débarque sur
la grande toile une nouvelle aventure du super-héros
le plus populaire de Marvel qui a fait les beaux jours du mensuel
Strange. Deux années de préparation puis une
campagne promotionnelle intensive avec de multiples bandes-annonces
qui présageaient une suite à la tonalité plus
sombre. Alors quel verdict sera adopté ? Car bien souvent
les troisièmes volets échouent sur le terrain
des franchises à quelques exceptions près. |
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Notre
acrobate tisseur semble filer le parfait bonheur avec Mary
Jane Watson et il est adulé par la population new yorkaise.
Mais quatre ombres se profilent bientôt au tableau : son
ami Harry est fermement décidé à lui faire
payer la mort de son père, Flint Marko, le meurtrier de
son oncle devient accidentellement L’homme-sable, un symbiote
extra-terrestre lui colle à la peau et le pigiste Edward
Brock Jr tente de lui voler son gagne-pain. Beaucoup
de tracas qui vont lui donner du fil à retordre. Peter
voit bientôt émerger une part d’ombre stimulée
par un costume noir à la fonction désinhibitrice
qui menace les relations avec ses proches. |
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Cette
fois, le
triangle Peter/Mary Jane/Harry constitue le pivot central de
l'intrigue mais il lui manque la touche d’émotion
et la dose de subtilité si particulières aux
autres films. Même
si le récit alterne scènes intimistes et séquences
plus mouvementées, tous les enjeux dramatiques
sont plombés lorsque le black Spidey est traité sur
le ton de la dérision à la manière d'un
Superman III de triste mémoire. L'épisode sur la
grandeur et la décadence du super-héros tombe à plat
en dépit de l’histoire qui prenait une bonne direction
avec un Peter au sommet de sa gloire et flattant
son (alter) ego. Malheureusement, par souci de retenu
afin de ne pas froisser l’image de la figure protectrice,
ce troisième chapitre ne tient pas ses promesses. L’autre
lacune majeure du script est d’avoir misé sur la
surenchère de vilains à tel point que Venom - qui
aurait mérité un long métrage à lui
seul vu sa popularité - semble avoir été casé à la
sauvette pour faire plaisir aux fans et de ce fait, se retrouve
ridiculisé. |
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Les
acteurs assurent la continuité avec les précédents
opus. Tobey Maguire passe avec aisance d’un personnage
réservé et discret à un être exubérant
et orgueilleux. Kirsten Dunst est touchante dans ses moments
de jalousie et de déception mais c’est surtout James
Franco qui démontre qu’il peut arborer une double
facette. Quant aux nouveaux participants, Thomas Hadden Church
confère à Flint Marko un aspect pathétique
malgré ses redoutables facultés tandis que Topher
Grace apporte un mélange de fantaisie et d’arrogance
au rôle d’Eddie Brock. Un foisonnement de protagonistes
qui réduit la présence de Bryce Dallas Howard en
Gwen Stacy servant à embellir quelques scènes. Cependant,
l’humour reste présent en la personne du rédacteur
en chef J. Jonah Jameson et ses coups de gueule mais également
avec la participation récurrente et savoureuse de Bruce
Campbell dans la saga. |
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Sur
le plan technique, les séquences d’action sont une
nouvelle fois servies par des effets spéciaux d’une
fluidité épatante. Il faut admirer notre voltigeur
arachnéen défier les lois de la gravité ou
les transformations de L’homme-sable qui devient une
sorte de Golem lors du dantesque affrontement final. |
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Spider-Man
3 apparaît donc comme une déception malgré un
divertissement bien emballé. Toutefois, la série
commence à montrer des signes d’essoufflement. Il
serait peut-être temps de s’arrêter sur le
concept d’une trilogie qui demeure réussie sur de
nombreux points à l’heure où les producteurs
aspirent déjà à des épisodes 4, 5
et 6. Pour rappel, Superman et Batman avaient subi de cuisants
revers à l’époque. |
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FOCUS : VENOM, UN VILAIN ATYPIQUE | ||||||
Les
origines : |
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En
1983, Marvel lance un appel aux dessinateurs et scénaristes
débutants. Un jeune fan nommé Randy Schueller écrit
une lettre pour suggérer l'idée d'un nouveau costume
de couleur noire incluant du rouge pour l'emblème et les
poignets ainsi que des toiles en dessous des bras en hommage à l'original
de Steve Ditko. Dessiné par la styliste Janet van Dyne
(alias la Guêpe), il serait fabriqué par Mr. Fantastic
sur le principe des molécules instables et augmenterait
les capacités d'adhérence avec une option camouflage
tandis qu'un bracelet conçu par Tony Stark permettrait
de lancer des toiles aux formes variées sur ordre mental.
Le rédacteur en chef Jim Shooter est séduit par
le concept qu'il rémunère 220 dollars et offre à Schueller
l'opportunité d'écrire l'histoire de cet habit
flambant neuf. Malheureusement, la coopération se termine
assez vite faute de script valable. Un an plus tard, Mike Zeck
et Rick Leonardi modifient le costume pour l'intégrer
dans le numéro 8 de la saga Guerres secrètes (1984-1986)
où le mois précèdent, la seconde Spider-Woman
(Julia Carpenter) était apparue dans une tenue assez similaire.
Après son séjour cosmique, le retour de Spidey
sur Terre est célébré dans The Amazing Spider-Man
#252 avec une couverture rendant hommage au légendaire
Amazing Fantasy #15. |
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Afin
de commémorer le 300ème numéro de la série,
l'éditeur Jim Salicrup désire lancer un nouvel adversaire
récurrent. Le scénariste David Michelinie propose
alors une ébauche commençant avec un homme hélant
un taxi pour emmener son épouse enceinte à l'hôpital
mais le chauffeur distrait par Spidey en plein action, renverse
accidentellement le mari qui meurt. Sa femme perd aussi l'enfant,
devient folle et fusionne avec le symbiote pour se venger du super-héros
qu'elle rend responsable de cette tragédie. L'éditeur
apprécie l'idée mais ne croit pas au potentiel de
la super-vilaine et David Michelinie aidé de Paul Jenkins élaborent
le passif du journaliste Eddie Brock. La version féminine
réapparaîtra en 1995 sous une autre forme baptisée
Miss Venom. En avril 1988, le numéro 299 dévoile
Venom au grand jour grâce au crayon de Todd McFarlane (le
futur créateur de Spawn) qui lui donne son apparence monstrueuse.
Cet aspect sera renforcé en 1991 par Mark Bagley qui apportera
un côté plus bestial. |
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L'histoire : | ||||||
Les
symbiotes, une race extra-terrestre insensible appelée Klyntar colonise les mondes
en se nourrissant de l'adrénaline de leurs hôtes.
L'un d'eux, le Symbiote #998 se démarque en préférant
la cohabitation avec l'hôte plutôt que le parasitisme.
Considéré comme un hérétique par les
siens, il est transféré dans une prison sur la lointaine
planète Battleworld créée par le Beyonder,
une puissante entité cosmique. Ce monde est justement le
théâtre d'une guerre où les super-héros
menés par Captain America sont confrontés aux super-vilains
avec à leur tête le docteur Fatalis. Ayant déchiré son
costume, Spider-Man cherche une machine à dupliquer dans
un laboratoire mais libère par mégarde une étrange
boule noire qui le recouvre de la tête aux pieds. De retour
sur la Terre, l'Araignée découvre que la combinaison
noire a la capacité de générer des toiles
et de se rétracter sur simple ordre mental. |
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Bouleversé par
la révélation de son adversaire le Puma sur la nature
organique de ses toiles, Spidey consulte Red Richards, le leader
des 4 fantastiques qui lui annonce que son costume est un être
vivant cherchant à fusionner mentalement et physiquement
avec son hôte. Mr. Fantastic réussit à les
séparer grâce à une rafale de fusil sonique
mais le symbiote s’échappe et par une ruse, réintègre
le corps de Peter Parker. Peter se rend alors dans une église
et grâce aux sons stridents d’une cloche parvient à se
débarrasser de son encombrant parasite. Réfugié dans
la nef de l’église, le symbiote ne tarde pas à trouver
un nouvel hôte : l'ex-journaliste Edward Brock tombé en
disgrâce par la faute de Spider-Man. Le symbiote perçoit
le désespoir du jeune homme venu prier et surtout la haine
qu’il voue au tisseur. |
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Les
deux êtres fusionnent pour devenir Venom. Les pouvoirs du
symbiote arrêtent la progression du cancer de Brock qui hérite
des capacités et des souvenirs de Spidey. Venom se met à harceler
Peter et ses proches mais il est vaincu puis enfermé à la
Voûte, une prison spéciale où il fera des séjours
réguliers. Lors d’un court passage dans une autre
prison, Brock laisse un morceau du symbiote qui contamine le sang
du tueur en série Cletus Kassady. Le dangereux psychopathe
s'évade et sème la terreur sous le nom de Carnage.
Au contraire de ce dernier, Venom a pour principe de protéger
les innocents et de tuer les criminels. Il décide de s'allier
temporairement avec Spidey pour arrêter Carnage. |
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Abandonné par
Eddie Brock, Venom trouve divers hôtes dont le gangster
Angelo Fortunato, Mac Gargan (alias le Scorpion), Anne Weying, l'ex-épouse d'Eddie sous le nom de Miss Venom et Flash Thompson dans la série Agent Venom.
Carnage transforme Ben Reilly (un clone de Peter Parker) en Spider Carnage, le Surfeur d'argent en Cosmic Carnage et Norman Osborn en Red Goblin. Un descendant de Carnage contamine le policier Patrick Mulligan qui devient
le justicier Toxin. De son côté, Eddie Brock voit son cancer revenir mais il est guéri par Martin Li alias Mister Negative. Ce pouvoir agit également sur les résidus cellulaires du symbiote et Eddie se métamorphose en Anti-Venom,
une créature plus puissante que les précédentes. Dans d'autres récits, Spider-Man et Venom s'allient pour stopper les symbiotes soldats Agony, Lasher, Phage, Riot et Scream issus d'expériences sur Venom. Le duo se reformera avec Scarlet Spider afin d'empêcher l'invasion d'une armée de symbiotes venue de l'espace. |