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LES 4 FANTASTIQUES
Dossier de Fabien Rousseau
LES ORIGINES
En 1960, la Ligue de justice d'Amérique lancée par DC Comics, connaît un immense succès auprès des lecteurs. L'année suivante, Atlas Comics qui publiait des récits de genres (de l'aventure au western), prend le nom de Marvel Comics. L'éditeur Martin Goodman flaire une nouvelle opportunité et demande à Stan Lee, alors rédacteur en chef, de créer sa propre équipe de super-héros. Celui-ci et le dessinateur Jack Kirby donnent naissance aux 4 Fantastiques dont certains membres affichent des ressemblances avec d'anciens personnages comme Plastic Man de Jack Cole (en 1941 chez DC) pour Mr Fantastic, l'androïde Jim Hammond de Carl Burgos (en 1939 chez Timely) pour la Torche humaine tandis que la Chose doit son apparence au mythique Golem de la tradition juive. Une autre source d'inspiration non avouée viendrait d'une série imaginée par Jack Kirby lui-même en 1957 alors qu'il travaillait pour DC : Les Challengers de l'inconnu qui raconte les péripéties de quatre aventuriers en combinaison violette et sans super-pouvoirs sauvant le monde de phénomènes surnaturels et ayant beaucoup de traits de caractères communs avec les quatre super-héros. Les origines des 4 Fantastiques prennent comme postulat de départ, la conquête spatiale ayant véritablement débuté en 1957 avec le lancement du Spoutnik, le premier satellite soviétique.
Lors d’un vol orbital à bord d’une fusée, quatre astronautes sont accidentellement exposés à des radiations cosmiques qui les dotent de pouvoirs extraordinaires. Le leader du groupe et scientifique Reed Richards est capable d’étirer son corps à volonté alors que Susan Storm, sa fiancée peut devenir invisible. Le frère de celle-ci, Johnny Storm se retrouve enveloppé par les flammes tandis que Ben Grimm se transforme en une créature à la peau rocailleuse et à la force colossale. Mr Fantastic, la Femme invisible, la Torche humaine et la Chose uniront leurs forces pour former une famille soudée et mettront leurs pouvoirs au service de l’humanité.
Marvel publie la première histoire en novembre 1961 où le quatuor doit contrecarrer les plans de l'Homme-taupe (The Mole Man) qui manipule Giganto, le monstre verdâtre de la couverture. Le numéro 3 de mars 1962 marque l'apparition des costumes bleus en molécules instables, de leur quartier général, le Baxter Building et du Fantasticar (ayant la forme d'une baignoire volante). Initialement, les héros devaient porter des masques pour cacher leur identité et l'emblème sur leur torse devait arborer un double F au lieu du 4. Durant cette décennie, des figures comme Namor le prince d'Atlantis (Sub-Mariner), le docteur Fatalis (Doom) et la Panthère noire viennent enrichir la mythologie qui se prolonge dans le cosmos avec les Skrulls, les Inhumains et le Surfer d'argent avec son maître Galactus. En 1968, Lee et Kirby imaginent un fils pour Reed et Susan (Red et Jane en vf) qu'ils prénomment Franklin.
En 1992, Roger Corman produit la première adaptation pour une sortie prévue en 1994. Dans ce curieux objet filmique, Mr Fantastic (Alex Hyde-White), la Femme invisible (Rebecca Staab), la Torche humaine (Jay Underwood) et Ben Grimm/la Chose (Michael Bailey-Smith et Carl Ciarfalio dans le costume) ont pour adversaires, le docteur Fatalis (Joseph Culp) et le Jeweler (Ian Trigger), un vilain inspiré de l'Homme-taupe mais ressemblant plus au Leprechaun. Oley Sassone tourne le film en 25 jours avec un budget de 1,5 million de dollars. L'objectif de ce métrage étant seulement de conserver la licence, il ne sera jamais distribué en salles ou en vidéo. L'esprit kitsch et les effets spéciaux digne d’une série Z ne relevant pas un scénario affligeant. Dans le format animé, Les 4 Fantastiques ont connu une petite carrière avec des séries en 1967 (20 épisodes), 1994-1996 (26 épisodes) et 2006 (26 épisodes) où Marvel s'est associé avec le studio français Moonscoop.
LES 4 FANTASTIQUES (2005)
Pour la réalisation, Chris Columbus, Raja Gosnell, Peyton Reed et Steven Soderbergh ont été évoqués. Le rôle de Mr Fantastic a d'abord été proposé à George Clooney et Brendan Fraser. Renée Zellweger, Ali Larter, Julia Stiles, Kate Bosworth, Rachel McAdams, Scarlett Johansson, Elizabeth Banks et Kadee Strickland ont été envisagées pour la Femme invisible. Paul Walker a décliné l'offre de jouer la Torche humaine tout comme James Gandolfini pour la Chose.
Un four fantastique ?
Le scénario reprend fidèlement la trame des origines tout en intégrant Fatalis dans l'irradiation commune sur la station spatiale alors que le souverain latvérien était défiguré par une expérience ratée dans la bd. Les héros apprennent ensuite à dompter leurs pouvoirs extraordinaires puis les révèlent au grand public contrairement à leurs confrères qui portent des masques et aspirent à la discrétion.
Si la déception annoncée n’est pas au rendez-vous, cette adaptation ne restera pas mémorable car elle cumule plus de défauts que de qualités. Le premier fautif étant le réalisateur Tim Story qui ne fait preuve d'aucune inventivité, préférant une mise en scène parfois tapageuse sur les plans visuels et musicaux. L'autre lacune majeure se manifeste dans les personnages qui ne sont pas développés en plus de n'être pas aidés par des acteurs comme l'inexpressif Ioan Gruffudd (Red Richards), la charmante Jessica Alba (Sue Storm) dont le jeu paraît transparent mais surtout Julian McMahon (Fatalis) réduisant le charismatique super-vilain en méchant d'opérette singeant Dark Maul. Les prestations de Chris Evans (Johnny Storm) et Michael Chicklis (Ben Grimm) sauvent un peu l'ensemble en apportant quelques touches de fantaisie et d’humanité. Leurs querelles verbales étant une chose inhérente au comic tout comme la présence de leur quartier général, le Baxter Building et le petit clin d’œil à Alicia Masters.
Les effets spéciaux constituent un point positif supplémentaire. Les animations numériques de la Torche et de l'Invisible sont plutôt réussis à l'inverse de l'élasticité de Mr Fantastic qui prend souvent un aspect pâte à modeler. Le maquillage de la Chose permet à l'acteur d'avoir une palette d’expressions faciales et rappelle l'allure "moins bloc de briques" des débuts de la bd.
En remplissant les critères standards du blockbuster, ce film cible avant tout un public juvénile qui trouvera peut-être son compte en matière de divertissement au second degré assumé (frôlant parfois la parodie) et appelle déjà une suite dont on espère un affrontement avec un adversaire plus coriace que l’ersatz du monarque de Latvérie. Quant aux fans, ils risquent fort d’être déçus par le résultat.
LES 4 FANTASTIQUES ET LE SURFER D'ARGENT (2007)
Deux ans ont passé depuis un premier épisode assez moyen, la bande des quatre est contactée par l’armée suite à l’apparition d’un phénomène cosmique suivi de perturbations climatiques. Un mystérieux humanoïde argenté fore des puits dans le but d’atteindre le noyau terrestre. Ainsi débute la saga terrienne du célèbre Surfer d’argent, héraut du géant Galactus qui s'approche pour dévorer notre planète. Un enjeu de taille pour le quatuor qui tient désormais le sort du monde entre ses mains, en plus d'être contraint de s'allier temporairement avec Fatalis, leur plus redoutable adversaire.
Sans surprise, Tim Story prouve qu'il n'a pas compris les attentes des fans en récidivant sur le même ton léger parfois dans un esprit cartoonesque. Il parvient à hisser son film au-dessus de son modèle au niveau punch mais ne comble pas les maladresses d’un script qui persiste dans le manque d'épaisseur des protagonistes.
L’intrigue démarre par les bavardages de circonstance dans des séquences inutiles (la boîte de nuit puis le mariage) où le couple Reed Richards/Sue Storm affiche toujours aussi peu d’ardeur face au tandem Ben Grimm/Johnny Storm qui gagne en sympathie. Une introduction laborieuse servant à préparer l’entrée en scène du mythique Surfer dont le traitement s'avère bien décevant vu son cursus intersidéral et son cruel dilemme. Le noble extra-terrestre ne dépasse pas le stade de valet spatial à l'instar de son maître Galactus qui doit se contenter d’une simple figuration nébuleuse. Le rythme s’accélère avec le retour opportuniste de Fatalis et du rictus forcé de Julian McMahon dont les intentions se devinent sans trop réfléchir. Son comportement étant totalement incohérent voire idiot au regard du contexte apocalyptique de la dernière partie.
Malgré tous ces faux pas, le faiseur Tim Story respecte le cahier des charges à la lettre, avec le quota d’humour (l’échange des pouvoirs), les morceaux de bravoure (la grande roue de Londres) et les références nécessaires (le Fantasticar et le Super Skrull). Les effets visuels sont également convaincants notamment l'animation du Surfer à la qualité bluffante grâce aux studios Weta Digital qui ont conçu un modèle virtuel à partir des mouvements de l'acteur Doug Jones.
En dépit d'un scénario bâclé, cette suite parvient à distraire en proposant plus d'action dans la veine comic-book et se termine sur une séquence prétexte à une trilogie.