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GOLDORAK U : SAISON 1
En 2022, le studio saoudien Manga Production et Dynamic Planning, la société de Go Nagai annoncent la mise en chantier d'un reboot de Goldorak au titre provisoire de Project G. L'année suivante, le studio Gaina est engagé pour développer une nouvelle série animée baptisée Grendizer U. Mitsuo Fukuda (Mobile Suit Gundam) occupe le poste de réalisateur secondé par une équipe artistique où émergent les noms du scénariste Ichiro Okouchi et du concepteur visuel Yoshiyuki Sadamoto (Neon Genesis Evangelion). La musique est composée par Kohei Tanaka (One Piece) tandis que les génériques sont interprétés par les groupes Glay et Band-Maid.
Tout fan du robot géant pouvait se réjouir de le retrouver dans le format animation après sa résurgence en manga dans Grendizer Giga signé Go Nagai en 2015 et les vidéos promotionnelles paraissaient encourageantes. Hélas, cette première saison de 13 épisodes peine à convaincre, cumulant les facilités ou maladresses d'écriture et un fan service pas toujours subtile. La série débute par l'arrivée d'un Actarus/Duke Fleed amnésique et raccroche d'office les wagons avec la saga Mazinger par le biais de la présence de Sayaka Yumi et du mecha piloté par Alcor/Koji Kabuto. Le spectateur d'antan n'est pas dépaysé puisque les personnages principaux de la version 1975 font leur retour même si il constatera que certains qui avaient un rôle plus important, sont désormais des figurants à l'image de Vénusia, Procyon ou du trio machiavélique Minos/Hydargos/Horos. Un problème de taille se pose aussi pour Actarus qui se révèle peu charismatique, souvent pleurnichard et limite dangereux pour les terriens. Un profil assez éloigné de son modèle de preux chevalier bienveillant qui suscitait l'admiration du jeune public (Daniel Gall apportait beaucoup dans la version française). Son frère d'armes, le fougueux Alcor est curieusement sous-exploité en restant simple témoin des conflits et laisse sa place de partenaire providentiel à Phénicia/Maria Fleed, la sœur d'Actarus.
La série prend le parti de ne pas reproduire le schéma classique d'un adversaire par épisode (sans oublier la traditionnelle phase de lancement) pour élaborer une trame sur plusieurs épisodes. Et c'est là que le bât blesse car l'aspect divertissement ne semble pas être une priorité. Goldorak est très peu présent à l'écran, un comble pour une série qui porte son nom et ne cible pas clairement l'action et le suspense car les combats sont expédiés en 60 secondes grâce au cornofulgure d'un Goldorak surpuissant qui n'est jamais vraiment mis en difficulté. Les intrigues ont maintes fois recours aux ellipses (l'irruption soudaine des Raks), à des pirouettes risibles et la majorité des rebondissements sont prévisibles en plus d'un récit plombé par de longs dialogues souvent mièvres. L'exemple le plus flagrant étant la relation entre Vénusia (ayant hérité d'un statut mystique) et le nouveau venu Cassado Zeola Whiter qui se fourvoie dans une totale incohérence. En outre, l'omniprésence des sœurs Teronna (recyclage de Gattaiger, le pilote de Goldorak) et Rubina/Végalia relativise l'importance des lieutenants de Véga et leur histoire de triangle amoureux finit par tourner en rond, à l'inverse de la romance tragique entre Actarus et Aphélie/Naida Baron. Dans les rangs de l'armée véghienne, le scénario aurait gagné à prendre exemple sur des antagonistes moins manichéens comme Euridie, Eudixe, Ergastule ou Alizée.
La série tente bien d'injecter une dose de nouveauté mais l'initiative ne dépasse pas le stade du concept. Ainsi, les pouvoirs surnaturels d'Actarus, les chevaliers Starker et le sanctuaire d'Okami servent juste à meubler tout comme les flashbacks en rapport avec la planète Euphor. L'ordre Starker est bien abordé dans le manga prequel Grendizer U: The Inception mais il est seulement disponible en japonais et s'avère particulièrement laid d'un point de vue graphique. Quant à la bande sonore, elle est tout simplement anecdotique alors que les partitions de Shunsuke Kikuchi contribuaient à enrichir le narratif dans l'original. L'unique point fort de cette mouture réside dans la conception des visuels. Le côté moderne respecte le design classique tandis que la mise en images s'inscrit dans les standards de l'animation contemporaine. Les plans iconisant Goldorak renvoient aux grandes heures de la télévision cathodique et des Golgoths familiers font des apparitions sporadiques dans une forme réactualisée même si un manque de variété peut être déploré chez les mechas de Véga. Le camp des envahisseur bénéficie néanmoins d'une innovation par le biais d'un repaire conique nommé Vegastar.
Cette première saison affiche donc un bilan qui ne plaide pas en sa faveur notamment sur le visionnage qui devient laborieux à force d'attendre un quelconque intérêt dans la narration ou une séquence d'action palpitante. Le potentiel de la série étant gâché par une aventure peu captivante doublé d'un mélodrame versant sur le lacrymal. Le spectateur pourra éventuellement tenter la lecture de Grendizer Giga qui n'est certes pas une réussite sur certains aspects mais propose une variation modernisée du mythe avec une approche plus intéressante et dans une mise en pages dynamique.
Fabien Rousseau
LIEN
Goldorak U : Galeries