Captain Power et les Soldats du futur

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Chronique de Fabien Rousseau

En 2132, les savants Stuart Gordon Power (Bruce Gray) et Lyman Taggart (David Hemblen) ont conçu Nucleus, un ordinateur évolué de dernière génération. Avide de pouvoir, Taggart fusionne avec Nucleus et prend le contrôle de l'armée des Biotrons afin d'intégrer l'humanité à la conscience de la machine. Le docteur Power développe les bio-armures et meurt en léguant l'héritage technologique à son fils Jonathan. Quinze ans plus tard, la Terre a été ravagée par la Guerre des Métaux où les Biotrons traquent les survivants. Pour lutter contre l'Ordre nouveau, le capitaine Jonathan Power (Tim Dunigan) mène un commando de quatre guerriers aux différentes capacités : le major Matthew "Hawk" Masterson (Peter McNeill) pour les combats aériens, le lieutenant Michael "Tank" Ellis (Sven-Ole Thorsen) pour les assauts terrestres, le sergent Robert "Scout" Baker (Maurice Dean Wint) pour les communications et le caporal Jennifer "Pilot" Chase (Jessica Steen) pour le transport. Leur quartier général abrite une intelligence artificielle appelée Mentor, un hologramme à l'image du docteur Power. Leur adversaire, Taggart a été transformé en cyborg pour devenir le seigneur Biotron qui dirige les opérations depuis sa forteresse Volcania en envoyant ses sbires mécanisés Sauron et Tyrasson sur le champ de bataille.

La série Captain Power et les Soldats du futur a été créée dans le but de vendre des jouets. Réalisateur des Maîtres de l'univers et président de Landmark Entertainment Group, Gary Goddard a imaginé le concept lorsqu'il apprit que la firme de jouets Mattel cherchait à développer une nouvelle gamme et travaillait sur la technologie interactive. D'abord intitulée The Metal Wars, l'histoire est finalement validée par Mattel qui se joint à cette production américano-canadienne de science-fiction où sont associés les noms de Gary Goddard, Tony Christopher, Douglas Netter et Ian McDougall. Les scénarios sont également développés par Marc Scott Zicree et J. Michael Straczynski. Le tournage s'est déroulé à Toronto au Canada puis la première saison de 22 épisodes (d'une durée moyenne de 22 minutes) est diffusée entre septembre 1987 et mars 1988.

Sur le plan technique, la série se voulait avant-gardiste en intégrant les premiers personnages en images de synthèse face à des acteurs réels. L'autre élément précurseur était constitué par l'intéractivité grâce un pistolet en forme de navette (le Powerjet XT-7 ou le Jet Phantom selon le camp choisi) et doté d'un capteur optique à rayons infrarouge qui permettait de tirer sur une cible clignotante sur l'écran pour gagner des points ou en cas de répliques ennemies, voir la figurine être éjectée du cockpit. Un jeu interactif sous la forme de trois dessins animés de 15 minutes était vendu en VHS pour s'entraîner. Le studio japonais Pierrot avait adopté le même principe pour l'animé Sab-Rider. En France, Captain Power est apparu sur la cinquième chaîne en mars 1988 dans l'émission Youpi ! L'école est finie.

En dépit de ces aspects innovateurs dans l'univers télévisuel, la série fut un échec financier pour Mattel en plus d'être critiquée par les parents pour sa violence. La première saison se concluant de manière tragique, une deuxième est écrite mais ne sera jamais produite. Captain Power a également inspiré une série de comic-books publiés par Continuity Comics en 1988-1989 et illustrés par Neal Adams avec des histoires signées J. Michael Straczynski, scénariste du show télévisé qui imaginera plus tard l'univers de Babylon 5. En 2012, le producteur Gary Goddard a annoncé vouloir mettre en chantier une nouvelle version de la série intitulée Phoenix Rising comprenant des épisodes d'une heure et qui débuterait par l'origine des héros.

Quant aux acteurs, Tim Dunigan a incarné Templeton Peck alias Futé dans le pilote de L'Agence tous risques. Maurice Dean Wint est apparu dans la série TekWar et la mini-série Robocop : Directives Prioritaires, Jessica Steen a joué l'une des héroïnes de la série Earth 2 et David Hemblen a été l'un des protagonistes de la série Invasion planète Terre.

Captain Power s'inspire des sentai japonais et arbore une tonalité sombre en raison de son contexte post-apocalyptique. Power et son unité se changent en pressant leur badge à l'effigie d'un phénix tout en hurlant leur cri de guerre. Ils livrent un combat désespéré pour libérer l'espèce humaine du joug d'un leader cybernétique habillé d'un plastron semblable à celui de Dark Vador et menant des humains endoctrinés portant des uniformes proches de ceux des nazis. La série porte l'empreinte visuelle de l'époque et laisse surtout l'impression que le budget a privilégié l'aspect ludique en présentant un support promotionnel pour jouets. Cela se confirme au regard de la faiblesse de la production à travers le jeu approximatif des acteurs, les décors carton-pâte, des scénarios trop simplistes et des plans parfois redondants alors que l'univers créé semblait prometteur.

Illustrations de Drew Struzan, Luis Royo et Kim Passey